26/03/2016 – 07h15 Saint-Nazaire (Breizh-info.com) –Les urgences de l’hôpital de Saint-Nazaire ont été complètement débordées les deux premiers week-ends du mois de mars. Une situation due à des suppressions de postes ininterrompues depuis trois ans, et qui conduisent, selon le syndicat FO-Santé, à des manques très graves de moyens et au burn-out des personnels. Le syndicat dénonce la situation dans son communiqué et appelle à la grève le 31 mars, jour de la mobilisation nationale contre le projet de la Loi Travail.
L’hôpital a bien obtenu des renforts et a ouvert une unité supplémentaire aux urgences, mais c’est une solution provisoire jusqu’à Pâques (le 28 mars) alors que le mal est profond. Le problème, c’est que plombé par le PPP (partenariat-public-privé) du nouvel hôpital, et ses déficits (10 millions pour l’hôpital de Saint-Nazaire, 575.000€ pour l’hôpital de Savenay avec lequel il a fusionné début 2016), l’hôpital de Saint-Nazaire n’a aucune marge de manœuvre, sauf à supprimer des postes et donc aggraver la crise. En 2016, 68 suppressions de postes supplémentaires sont encore prévues.
Les brancardiers, épuisés et en sous-effectif, viennent de déposer ce 23 mars un préavis de grève. Ce 25 mars, ce sont les urgences qui ont à leur tour déposé un préavis de grève afin d’alerter sur leur situation désespérée. « L’administration a cinq jours pour nous recevoir, et s’ils ne le font pas, nous ferons grève en respectant l’obligation de continuité de soins, c’est à dire avec des équipes minimum », explique Gaël Leturque, du syndicat FO-Santé de la cité Sanitaire. « Nous demandons des solutions permanentes, c’est à dire le recrutement aux urgences d’une infirmière diplômée d’état la nuit, d’un aide-soignant de 9 h à 21 heures, d’un administrateur et d’un brancardier de plus ».
D’autres services n’ont pas une situation meilleure, dénonce FO-Santé, pour qui « maintenant, il y a péril ! ». Notamment, « depuis 3 mois maintenant, les équipes de nuit sont mobilisées pour dénoncer l’inacceptable : un travail à 2 agents sur 4 dans certains services ». Si l’hôpital recourt massivement à l’intérim, cela ne suffit pas : « cette semaine, au bloc opératoire, il manquait 17 infirmiers avec 7 intérimaires par jour », dénonce le syndicat. « Le recours a l’intérim a un coût monstrueux », précise Gaël Leturque (FO-Santé). « En plus ce sont des gens qu’il faut former ; la direction n’anticipe plus rien. Au bloc, il y a plusieurs agents en congés maternité qui ne sont pas remplacés depuis des mois, sinon par l’intérim ».
FO-Santé dénonce la poursuite de la casse dans les services de l’hôpital : « un service de maternité est fermé, l’unité tampon n’est ouverte que partiellement sans aucun moyen en personnels, l’hôpital de semaine en néphro[logie] a été fermé lui aussi, le Ponant [maison de retraite pour les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer, NDLR] s’est vu supprimer 16 postes. Aujourd’hui c’est 15 lits de chirurgie encore perdus avec 12 suppressions de postes, c’est un service de psychiatrie qui fermera en fin d’année avec 16 suppressions de postes encore ».
« Nous en sommes au point où tant de postes ont été supprimés qu’on n’a plus les moyens de recevoir les gens dans les services depuis les urgences, il n’y a pas assez de postes, il y a des sous-effectifs partout et les burn-out se multiplient », dénonce Gaël Leturque (FO-Santé). « Par exemple, les aide-soignants du brancardages sont sollicités pour boucher les trous dans les services, et les personnels du bio-nettoyage, enfin du ménage, se voient proposer de faire du brancardage, bien qu’ils n’aient pas le diplôme d’aide-soignant », remarque le syndicaliste.
D’autres signes inquiétants pour l’avenir de l’hôpital sont mis en lumière par le syndicat. Les suppressions de postes en continu empêchent la réalisation de l’objectif d’augmentation de l’activité de l’hôpital de 8%, prévu par la direction, qui seul peut empêcher l’accroissement du déficit. Les perspectives d’absorbtion par l’hôpital de Nantes, dans le cadre d’un groupement territorial hospitalier unique pour la Loire-Atlantique, ne promettent pas des lendemains qui chantent non plus : « nous savons déjà que Nantes aura le monopole des hôpitaux puisqu’il va nous absorber dans le cadre du GHT et ces inquiétudes se concrétisent de jour en jour avec la construction du nouveau CHU dont le coût s’élève à plus d’un milliard [d’euros]. Pour survivre, Nantes va nous bouffer et c’est déjà commencé ». Enfin, FO dénonce aussi les nouvelles grilles indiciaires qui risquent de faire perdre des échelons – et donc des perspectives d’augmentation de salaires – aux personnels de l’hôpital. Le syndicat appelle donc à la grève le 31 mars prochain.
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