Lorient. Loi sur la biodiversité : le chalutage fait des remous

23/03/2016 – 04h00 Lorient (Breizh-info.com) – Dans un communiqué commun datant du 17 mars dernier, Norbert Métairie, président de Lorient Agglomération et maire de Lorient, Frédéric Cuvillier, ancien ministre, député maire de Boulogne et Jean Loup Lesaffre, président de la Communauté d’agglomération du Boulonnais ont tenu à exprimer leur position concertée en ce qui concerne la partie du projet de loi pour la reconquête de la biodiversité relative à la pêche en eaux profondes, soutenant ainsi les revendications du comité régional des pêches.

En effet, pour les élus du port breton ainsi que pour leurs homologues du Pas-de-Calais, il semblait nécessaire d’attirer l’attention sur les risques d’une interdiction du chalutage en eaux profondes. C’est à l’initiative de Bertrand Pancher (UDI) que des députés PS et LR avaient voté, lors de la deuxième lecture du texte en commission, un amendement visant l’interdiction du chalutage en eaux profondes et renvoyant à un décret le soin de la mettre en œuvre.

Selon M. Pancher, « la pêche en eaux profondes affecte des « espèces menacées », comme le grenadier de roche ou la lingue bleue », et serait également « peu génératrice d’emplois directs, entre 44 et 112 marins à temps plein ». L’élu affirme par ailleurs que le principal actionnaire de la Scapêche, à savoir le groupe Intermarché, se serait engagé à remonter ses filets à 900 mètres de profondeur en 2014, ouvrant ainsi la voie à d’autres enseignes de grandes surface qui viennent répondre là à une « forte mobilisation citoyenne ».

Dans la partie adverse, Norbert  Métairie et les autres signataires du communiqué argumentent notamment que, « contrairement aux affirmations, les avis scientifiques internationaux montrent que les principales espèces ne sont plus menacées grâce à une gestion durable de la ressource ». Une augmentation de certaines espèces aurait aussi été constatée, ce qui n’est pas forcément surprenant puisque la pêche en eau profonde est très rigoureusement encadrée et surveillée.

D’autre part, les élus reprochent à ce projet de loi de ne pas tenir suffisamment compte de l’impact économique de cette interdiction sur le secteur de la pêche bretonne, et française par extension. Ils soulignent ainsi qu’ « au-delà d’une spécialisation sur la pêche en eaux profondes, cette mesure impacterait l’ensemble de la flotte chalutière au travers des prises accessoires qui peuvent être faites ponctuellement. C’est aussi méconnaitre l’amélioration de la connaissance de la ressource grâce à la collaboration des pêcheurs avec les scientifiques ». Les défenseurs de ce type de chalutage mettent également en avant les efforts réalisés par la filière pêche en ce qui concerne la sélectivité des engins dans le but de pérenniser la ressource halieutique.

Notons tout de même les divergences entre les chiffres avancés par les différentes parties : tandis que les anti-interdictions avancent que quelques 500 bateaux artisanaux de moins de 24 mètres seraient concernés par la loi, les pros, quant à eux, estiment « qu’un seul bateau français ayant recours au chalutage profond, et ce, à temps partiel » y serait soumis.

L’interdiction de chalutage sera finalement rejetée par l’Assemblée nationale au cours de la séance de ce 17 mars, rassurant ainsi les acteurs lorientais de la pêche en eaux profondes. Les députés ont en effet adopté des amendements, venant tant de l’opposition que des rangs socialistes, annulant l’interdiction votée une semaine auparavant en commission. Le texte supprimé prévoyait une amende de 22.500 euros maximum pour le fait de pratiquer le chalutage en eaux profondes.

Mais au-delà de cette décision, c’est surtout la vive opposition entre deux conceptions du modèle de pêche et des priorités qu’il faut retenir. Rappelons par ailleurs que, selon le ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, la pêche française représente un chiffre d’affaires d’1 milliard d’euros et plus de 93 000 emplois directs et induits. La France importe environ 70% de sa consommation de poissons et se situe au quatrième rang de l’Union européenne avec approximativement 10% des captures.

Crédit photo : DR
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Une réponse à “Lorient. Loi sur la biodiversité : le chalutage fait des remous”

  1. Thierry dit :

    cette fois on touche le fond, à défaut de le chaluter….

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