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Cinéma. 7 films à voir ou à revoir sur la Collaboration

Breizh-info vous propose désormais régulièrement une chronique intitulée« 7 films à voir ou à revoir » et réalisée par Virgile pour le Cercle Non Conforme, qui nous a donné son accord pour reproduire le texte.

Cette semaine, 7 films à voir ou à revoir sur le thème de la Collaboration

Lorsque le 30 octobre 1940, le Maréchal Philippe Pétain, peu après son entrevue avec Adolf Hitler à Montoire-sur-le-Loir, prononce son discours par lequel il fait part de sa volonté d’entrer dans la collaboration avec le Troisième Reich, certainement n’imagine-t-il pas à quel point le terme « Collaboration » va passer à la postériorité, au point de se voir bientôt gratifié d’un « C » majuscule. Près de 8% de la population française va alors s’engager, d’une manière ou d’une autre, dans la voie tracée par le vainqueur de Verdun. Si les raisons qui déterminent cet engagement sont nombreuses, l’écrivain Saint-Paulien le généralise de la sorte : « De bonne heure, une collaboration franco-allemande nous parut être une sauvegarde contre le nihilisme stalinien. Nous avons montré comment nous avons échoué, et pourquoi nous ne pouvions réussir. Du moins, en leur immense majorité, les collaborationnistes ont-ils agi sincèrement et – persuadés que le sang vaincrait l’or – de façon désintéressée. » La Libération de la France, puis l’abdication du Reich, sonnent le glas des aspirations de ceux ayant plus ou moins ardemment souhaité la victoire de l’Allemagne. La Collaboration est, dès lors, perçue comme un bloc monolithique que couvre l’Epuration de sa féroce répression. L’unité véritable de la Collaboration se réalise paradoxalement dans les cellules froides et humides de la prison de Fresnes et autres maisons d’arrêt.

Avant, pour beaucoup, le poteau d’exécution… Si ce n’est l’écrasement du bolchévisme, quelles aspirations communes unissaient-elles, en effet, l’action de ces collaborateurs, ou prétendus tels : Jacques Doriot, le collaborateur politique, ancien dirigeant communiste passé au National-Socialisme, Henri Fenet, le collaborateur militaire, chef de bataillon de la Division Charlemagne, Lucien Rebatet, le collaborateur littéraire et écrivain fasciste, Jean Mamy, le collaborateur artistique, cinéaste anti-maçon, Paul Ferdonnet, le collaborateur journalistique, voix de la propagande berlinoise, Eugène Schueller, le collaborateur économique, fondateur du groupe L’Oréal, Georges Dumoulin, le collaborateur syndicaliste prônant l’alignement du mouvement ouvrier français sur celui de l’Allemagne, Georges Claude, le collaborateur scientifique, physicien inventeur de la liquéfaction de l’air, Maurice Papon, le collaborateur administratif et haut fonctionnaire légaliste et minutieux, le Cardinal Alfred Baudrillart, collaborateur religieux pour qui la Croix du Christ se double de la Croix gammée, l’abbé Jean-Marie Gantois, collaborateur séparatiste qui souhaitait le rattachement des départements septentrionaux à une grande Flandre, Joseph Joanovici, le collaborateur juif pour qui un profit reste un profit, Pauline Dubuisson, la collaboratrice horizontale coupable d’être tombée amoureuse d’un soldat teuton, mais encore Charles Maurras, le collaborateur… antiallemand ? L’Epuration affuble ainsi généreusement du terme « collabo » toute personne qui avait agi pendant l’Occupation et ne se réclamait ni du communisme, ni du gaullisme.

Quitte à englober de la même manière de fortes antinomies à en perdre son gothique… Difficile, impossible, dès lors de tisser un fil conducteur unique entre ses aspirations souvent opposées. La Collaboration, ce Ballet des crabes, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Maud Sacquard de Belleroche, qui justifie des antagonismes savoureux. Ainsi, de cet échange, entendu par Lucien Combelle dans sa prison de Fresnes, et rapporté par Paul Sérant, concernant ce jeune maurrassien qui reprochait à Brasillach d’être « allé trop loin », tandis que lui-même était devenu… Waffen SS ! A l’exception des malhonnêtes, tous s’accorderont sur le fait que l’Occupation constitue très certainement l’une des périodes les plus troubles de l’Histoire de France et ses quarante millions de nationaux qui criaient « Vive Pétain » peu avant d’applaudir Charles De Gaulle sans se trahir. La Quatrième République naissante manifestait le désir d’effacer cinq années d’indignité héritées de Vichy. Effacer ? Pas si simple lorsqu’on sait que l’immense majorité du corpus législatif de l’Etat français demeure toujours en vigueur aujourd’hui : la Licence IV encadrant la vente d’alcools et de spiritueux, le délit de non-assistance à personne en danger, le retentissement des sirènes des casernes de pompiers chaque premier mercredi du mois, le choix du rugby à XV plutôt qu’à XIII, jugé trop britannique, l’idée du périphérique parisien dont les premiers plans sont établis sous Vichy, la création de la carte nationale d’identité ou des tickets restaurant, la possibilité d’accoucher sous X, l’instauration d’un salaire minimum et bien d’autres…

On pensait que la Révolution nationale céderait bientôt sa place à la Réconciliation nationale qui embrasserait les morts de la Résistance, les morts civils et ceux déportés, auxquels il convient d’ajouter les 300.000 dossiers instruits pour faits de Collaboration. François Mitterrand, dans son discours berlinois du 8 mai 1995, ne rendait-il pas hommage à tous les combattants de la Seconde Guerre mondiale, quel que fut l’uniforme ? Lui qui n’ignorait pas que trois cents volontaires français de la Division Charlemagne avaient lutté dans des conditions effroyables, dans un Berlin en ruines, autour du bunker de la Wilhelmstrasse que hantait le Führer suicidé. Le temps ferait son œuvre, pensait-on donc ! On vit que non lorsque Jean-Marie Le Pen déclama un poème de Robert Brasillach déclenchant l’ire des ignares. Bien au contraire… La reductio ad hitlerumconstituerait encore longtemps l’argument péremptoire ultime pour disqualifier toutes les velléités nationalistes. Réhabiliter Pétain le bouclier ? On n’en est plus loin que jamais… Aussi d’un débat historique serein et dépassionné qui ne servirait pas de justification idéologique contemporaine ! La présente chronique n’a pas pour objectif d’évoquer le cinéma sous Vichy et ses deux centaines de films, si tant est qu’il a existé un cinéma collaborationniste, à l’exception du filmForces occultes, tout au plus, il s’agit d’un cinéma maréchaliste.

Ce qui n’a pas empêché l’Epuration de frapper le cinéma non plus : Arletty, Sacha Guitry, Corinne Luchaire, Jean Mamy, dernier fusillé de l’Epuration en 1947, ou encore le chanteur-acteur Tino Rossi, à qui il était reproché d’avoir poussé la chansonnette à un banquet de la Légion des Volontaires Français et soutenu le rattachement de sa patrie natale corse à l’Italie fasciste. Fernandel aura plus de chance. Il n’aura pas à répondre de sa photo avec Joseph Goebbels en 1939. Ainsi, la présente chronique s’attachera-t-elle au cinéma SUR la Collaboration. Si le cinéma aime camper des rôles de « salauds », curieusement, la Collaboration est fort peu présente dans la filmographie sur l’Occupation en France et quasi-inexistante dans le cinéma étranger. Et dans ce type cinématographique autocentré sur la coopération avec le Reich, les collaborateurs sont quasi-exclusivement tous de hautes personnalités de Vichy ou des auxiliaires du maintien de l’ordre, et tous, moins salauds qu’on ne pourrait le penser.

Des films évidemment à charge mais portant des regards finalement parfois pudiques, distanciés, mesurés ou nuancés. A y perdre son gothique qu’on vous dit !

 

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LACOMBE LUCIEN

Film français de Louis Malle (1974)

En juin 1944, dans le département du Lot, peu après de le débarquement en Normandie. Lucien Lacombe est un jeune paysan de 17 ans faisant des ménages dans l’hospice d’une ville voisine. Tandis que son père est prisonnier de guerre en Allemagne, Lacombe retourne dans son village natal voir sa mère devenue la maîtresse du maire du village. Le jeune homme annonce à son ancien instituteur sa volonté de rejoindre le maquis. Refus catégorique de celui-ci devant le jeune âge de l’aspirant. Une banale crevaison lors de son retour vers la ville contraint Lacombe à loger dans un bâtiment hébergeant des Miliciens. Celui qui souhaitait intégrer la Résistance incorpore bientôt la Milice et dénonce l’instituteur…

Le film créa la polémique ! Première réalisation sur l’Occupation à s’affranchir de l’historiographie officielle et à être autocentrée sur la Collaboration. Cette vue originale sur les réprouvés est héritée de la rencontre du cinéaste avec l’ancien journaliste de Je suis partout, Pierre-Antoine Cousteau, peu après sa sortie de prison. Le réalisateur dresse parfaitement l’évolution psychologique du jeune héros déplorant que l’Histoire s’écrive sans lui et souhaitant être acteur quelle que soit la cause. Lacombe est, ainsi, ce pauvre gars, à la recherche de quelque reconnaissance, qu’on ne peut haïr complètement, investi qu’il est d’un pouvoir dont il ne mesure pas les effets. L’engagement dans la Collaboration ou la Résistance ne pourrait donc pas n’être motivée que par une adhésion idéologique ! Voilà ce que le politiquement correct a reproché à Malle bientôt accusé de complaisance voire d’apologie de la Collaboration. L’adaptation du Feu follet de Pierre Drieu La Rochelle une dizaine d’années plus tôt ne l’a pas grandement aidé… Le jeu de Pierre Blaise en Lacombe est remarquable. Il meurt malheureusement de manière accidentelle peu après le tournage. A voir obligatoirement !

 

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LES MAUDITS

Film français de René Clément (1946)

Le 19 avril 1945, quelques jours avant la capitulation du Reich, à Oslo, quelques nationaux-socialistes et un industriel fasciste italien, partisan de la République de Salo, accompagnés de collaborateurs de plusieurs Nations, dont un savant scandinave et le journaliste collaborationniste français Couturier, s’apprêtent à fuir en Amérique du Sud à bord d’un sous-marin. Tandis que certains d’entre eux entrevoient de poursuivre la lutte et établir des réseaux d’accueil de nazis en fuite, d’autres affichent des ambitions plus modestes et souhaitent seulement échapper à la condamnation à mort. L’U-471 est la cible d’une attaque anglaise lors de laquelle une passagère est blessée. Pour soigner la personne dans un état comatique, le navire déroute et accoste à Royan où un commando est organisé pour enlever et embarquer le docteur Guilbert. Tous prennent bientôt conscience que la guerre est définitivement perdue pour le Reich à l’annonce de l’armistice. Les tensions s’exacerbent dans le U-Boot…

Cinéaste spécialiste du film sur la Seconde Guerre mondiale, Clément livre ici son troisième long-métrage après La Bataille du rail qui le fit connaître du grand public. Œuvre très manichéenne dans la droite ligne du cinéma de l’immédiat-après-guerre avec des personnages, tous, très stéréotypés. En 1946, l’Epuration se poursuit toujours et Clément cherche à justifier le châtiment des soldats du Reich et ses serviteurs. Structuré en un long flashback, le film dévoile la fin dès le début. Le réalisateur cherche moins à maintenir le suspens qu’à montrer la mort des ennemis de la France. L’aspect le plus intéressant demeure très certainement la réaction de chacun devant sa conscience après l’anéantissement du Reich et la compréhension que les seules issues qui se profilent sont le procès et la mort. A ce titre, ces portraits sont renforcés par une superbe reconstitution du U-Boot et une atmosphère oppressante de huis-clos assez satisfaisante. Premier film à représenter des collaborateurs au cinéma.

 

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L’ŒIL DE VICHY

Documentaire français de Claude Chabrol (1993)

A l’aide des archives issues des actualités officielles France Actualités et mêlant des documents de la presse papier, radiophonique et filmée, les informations de la zone occupée et de l’Etat français défilent. Les armées du Reich triomphent dans toute l’Europe avant de connaître un reflux sublimé par le sacrifice du soldat européen. A ce titre, la France est fière de participer à la lutte contre le bolchévisme. A Paris, le chemin de la Collaboration est la seule voie permettant la persistance de la France dans l’Europe nouvelle. Le Service du Travail Obligatoire permet à de nombreux Français de retrouver un emploi. Evoqués également les lois antijuives et le port de l’étoile jaune. A Vichy, la Révolution nationale sacre le culte du vainqueur de Verdun et revigore la jeunesse française par le sport contre les zazous. Le sport justement et Marcel Cerdan qui est au début de sa gloire. De Gaulle, le traitre, est le chef des bandits qui commettent des attentats antiallemands. Bien d’autres sujets évidemment. Et des archives filmées mettant en scène de nombreux protagonistes : le Maréchal Pétain bien entendu, mais aussi Pierre Laval, Marcel Déat, Jacques Doriot, l’amiral François Darlan, Pierre-Etienne Flandin, Joseph Darnand, Georges Scapini, Philippe Henriot, Alphonse de Châteaubriant, Abel Bonnard, Pierre Clémenti, Fernand de Brinon, le Cardinal Emmanuel Suhard, Jean de Mayol de Lupé, Jean Bichelonne, Edgar Puaud, René Bousquet assassiné trois mois après la sortie en salles du documentaire et bien d’autres…

Chabrol est très certainement un excellent cinéaste mais il sera permis d’être plus circonspect sur sa qualité d’historien. Certes, le documentaire peut être plaisant ; offrant un habile montage d’actualités donnant le point de vue vichyssois tandis que la structure chronologique est satisfaisante et qu’une discrète voix off laisse une place privilégiée au document brut. Plaisant mais aussi malhonnête pour l’œil non-averti. Car le réalisateur se garde bien d’indiquer au spectateur qu’il va mélanger les actualités officielles de Vichy à celles des actualités allemandes de la zone occupée. Et c’est là que le bas blesse ! Engager la responsabilité vichyssoise sur la politique d’un territoire français non-administré par l’Etat français, la ficelle est un peu grosse. A plus forte raison lorsque l’on diffuse des images du film antisémite Le Juif éternel de Fritz Hippler, sorti en Allemagne avant même la mise en place de la Révolution nationale. Henri Amouroux lui-même, pourtant peu suspect de sympathies fascisantes, qualifiait le documentaire d’Œil de Berlin. Passons sur les quelques erreurs même si confondre l’ambassadeur gaulliste Gabriel Puaux et le général Puaud, commandant de la Division Charlemagne, il fallait le faire ! Ces manipulations nuisent énormément à la crédibilité du travail, pourtant réalisé sous la houlette de Robert O. Paxton et Jean Azéma. Dommage car la compilation archivistique est intéressante.

 

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PETAIN

Film français de Jean Marbœuf (1993)

Juin 1940, la France est défaite devant l’avancée victorieuse des soldats de la Wehrmacht. La Troisième République a terminé d’agoniser. Le 10 juin, l’Assemblée parlementaire, réunie à Vichy, vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. La station thermale devient le nouveau centre politique décisionnaire de la zone libre. Pétain installe le gouvernement dans l’Hôtel du Parc et s’entoure de ses plus proches collaborateurs, le docteur Bernard Ménétrel, ami et confident, et Henri du Moulin de Labarthète, son directeur de cabinet mais surtout, Pierre Laval, Ministre des Affaires étrangères et vieux baroudeur de la politique qui prodigue moult conseils au Maréchal. Installer le gouvernement à Versailles par exemple, ce que le soldat refuse. L’hostilité de Pétain à l’endroit de Laval se renforce après son entrevue avec le Führer. Laval est bientôt congédié mais reviendra aux affaires, deux années plus tard, comme Président du Conseil, sous la pression allemande. Les deux hommes ne se quitteront plus jusque l’exil forcé de Sigmaringen. Pendant tout le conflit, la vie quotidienne à Vichy se poursuit dans l’ombre du Maréchal. Le personnel de l’hôtel est tiraillé entre gaullisme, pétainisme et communisme…

Vichy vu depuis Vichy et enfin un film sur Vichy pourrait-on dire ! Le Pétain de marbœuf constitue plus un huis-clos qu’une fresque historique sur l’Etat français et la Révolution nationale. Et c’est à cet égard que le film est intéressant en offrant une vue depuis le haut et la politique maréchaliste mais également le bas et les évolutions idéologiques du peuple. Le film manque néanmoins d’un peu de profondeur et on eût pu apprécier plus de prise de risque de la part du réalisateur. Egalement, il est permis de penser que le Maréchal était moins vaniteux et égoïste que ne le laisse penser Marbœuf. Jacques Dufilho, premier à incarner le Maréchal au cinéma, est confondant de réalisme. Et on ne doute pas qu’il prit son rôle à cœur ; lui qui se revendiquait catholique traditionnaliste et monarchiste légitimiste et ne craignait pas de préciser à l’ancienne revue de Dominique Venner, Enquête sur l’Histoire, que  » Les responsables [de la guerre], ce n’était pas Pétain, évidemment, […] mais les civils qui avaient déclaré la guerre et qui demandèrent à Pétain d’avoir la responsabilité du gouvernement de ce moment là.  » La réalisation se concentre surtout sur la période de juin 1940 à décembre 1942. A voir !

 

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93, RUE LAURISTON

Film français de Denys Granier-Deferre (2004)

Le 30 août 1944, Henri Chamberlin, dit Lafont, ancien repris de justice, et ses camarades dont Abel Danos et Pierre Bonny, ancien policier révoqué, sont arrêtés dans une ferme cernée par la police. L’inspecteur Blot mène l’enquête sur le tandem Bonny-Lafont, vrais truands reconvertis dans la politique policière et dirigeants de la Phalange africaine et de la Gestapo de Paris, autrement appelée la Carlingue. Ces garçons, peu regardants sur les méthodes pratiquées satisfaisaient admirablement les autorités allemandes qui savaient déléguer leur travail de basse besogne. Le siège de la Carlingue, sis au 93 de la rue Lauriston, devient bientôt l’adresse la plus redoutée de Paris. Face à l’enquêteur, les hommes du 93 se mettent à table et n’omettent aucun détail sur la manière dont ils s’y prenaient pour faire parler juifs et résistants. Egalement, l’enquête ne manque pas de faire apparaître que certains grands noms du Tout-Paris appréciaient la compagnie de la Carlingue à qui elle rendait de précieux services en matière de marché noir, corruption et proxénétisme…

Il s’agit en fait d’un téléfilm, ce qui explique le manque de moyens malgré une distribution alléchante avec Michel Blanc et Samuel Le Bihan entre autres. Des visages néanmoins certainement trop connus pour interpréter ces personnages ! Aussi, tous les acteurs ne sont-ils pas à leur aise à l’exception peut-être de Daniel Russo dans le rôle de Lafont. Un manque de moyens donc doublé d’un manque d’imagination parfois avec une caméra statique qui donne au film un aspect trop interrogatoire. La réalisation de Granier-Deferre manque ainsi de rythme malgré l’alternance de scènes de flashback qui confère un côté puzzle souvent déroutant ou énervant. Assez intéressant quand même au regard du peu de documents abordant le sujet.

 

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SECTION SPECIALE

Film français de Costa-Gavras (1974)

Paris, le 21 août 1941, Alfons Moser, officier de la Kriegsmarine, est abattu par Fredo, militant communiste, dans la station de métro Barbès. L’occupant menace d’exécuter cent otages en représailles. Le préfet Jean-Pierre Ingrand et Fernand de Brinon, représentant du gouvernement français, proposent aux Allemands d’instaurer une cour spéciale qui condamnera à mort six militants communistes pour l’exemple. Le gouvernement se réunit en réunion extraordinaire. Le Ministre de l’Intérieur, Pierre Pucheu, se voit bientôt confier les pleins pouvoirs et s’empresse de faire voter une loi d’exception et rétroactive instituant une cour spéciale aux pouvoirs illimités. Des communistes déjà jugés et emprisonnés pour d’autres délits repassent alors en procès devant la juridiction spéciale. Rares sont les magistrats à s’élever contre la procédure. Seulement une semaine après l’assassinat de l’officier allemand, trois communistes sont condamnés à mort par la guillotine, par le juge Michel Bénon, au cours d’un procès à huis-clos…

De son véritable nom Pierre Georges, Fredo passa à la postérité sous le surnom de Colonel Fabien. Le film de Costa-Gavras fit scandale dans le Landerneau de la magistrature en livrant un réquisitoire contre Vichy certes mais également le pouvoir judiciaire. La réalisation est pourtant limitée à l’histoire événementielle et le cinéaste impose une dénonciation mesurée en même temps qu’il se garde bien de toute analyse politique ; ce qui apparaîtra inhabituel chez Costa-Gavras. Ainsi, l’instauration de ces sections spéciales reflétaient-elles l’ambition de politiciens collaborationnistes ou permettaient-elles de limiter les représailles allemandes à des Français « moins innocents » que d’autres ? Une certaine critique ne manqua pas de flinguer le film jugé trop nuancé sur Vichy. Il est vrai que cela est plus facile aujourd’hui quand on n’a pas la mort probable de cent otages sur la conscience… On ne voit curieusement jamais le visage du Maréchal dans le film malgré son omniprésence.

 

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VENT D’EST

Film français de Robert Enrico (1993)

1945, quelques jours avant la capitulation du Reich. Les accords signés à Yalta contiennent des clauses secrètes peu honorables par lesquelles les Alliés s’engagent à remettre à Staline les citoyens Russes et soviétiques anticommunistes. Soit deux millions de personnes promises à une mort quasi-certaine. Parmi les cibles les plus attendues des services de Staline, les survivants de la Rouskaïa osvoboditelnaïa armia, plus connue sous le nom d’Armée Vlassov, qui combat l’Armée rouge aux côtés des troupes allemandes. Dans la nuit du 2 au 3 mai, un bataillon de 500 rescapés baltes et ukrainiens, sous les ordres du général Comte Boris Smyslovski, force la frontière du Liechtenstein afin d’y trouver refuge et demander asile. Si le Président du parlement de la Principauté, le Père Siegler, manifeste son souhait de les livrer aux Alliés, le micro-Etat neutre résiste aux pressions grâce à son Premier ministre, soutenu par le Prince Franz-Joseph II qui devine que les livrer à quiconque équivaut à les abandonner aux bolchéviks. La situation s’éternise. Le Finlandais Smyslovski souhaite conduire ses troupes en Argentine en même temps que Moscou use de tous les stratagèmes d’amnistie et de promesse d’une vie nouvelle pour convaincre ses citoyens traîtres de revenir. 200 se laissent séduire quelques années plus tard et prennent le chemin du retour. Le train fait une halte en Hongrie…

Curieux film qui évoque le sujet méconnu des Vlassovtsy… Général anticommuniste, Andreï Vlassov estimait possible la levée d’un million de Russes pour combattre le communisme sur le front de l’Est. Soit autant d’hommes que la Waffen SS tout entière ! Cet engouement suscite la méfiance de Hitler qui limite les effectifs à 50.000 hommes et cantonne ces Russes blancs aux fronts de l’intérieur et la chasse aux partisans et maquisards, dont en France. Curieux film donc. D’autant plus curieux qu’une fois n’est pas coutume, ce sont les collaborateurs qui ont le beau rôle et pour lesquels on ne peut que manifester de l’empathie. Objet de toutes les convoitises du pouvoir stalinien, ces hommes furent abandonnés à la mort par tous les Alliés qui craignaient de détériorer leurs relations avec les Soviétiques. Aussi, Français, Anglais et Américains étaient-ils prêts à sacrifier la Convention de Genève au profit des clauses secrètes de Yalta ! Seul le Liechtenstein résista. On devine que ce film historique et courageux est demeuré confidentiel et ne rencontra pas le succès qu’il eut mérité. La mise en scène est plaisante malgré le peu de moyens et Malcolm McDowell extraordinaire à son habitude. A voir impérativement !

Virgile / C.N.C.

Crédit photo : DR

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Une réponse à “Cinéma. 7 films à voir ou à revoir sur la Collaboration”

  1. Dubitatif 71 dit :

    Pas besoin de films pour se remémorer la collaboration, on a le vote des bretons aux régionales…

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