04/02/2016 – 07H45 Rennes (Breizh-info.com) – Nous vous proposons de découvrir la nouvelle production de l’équipe d’Hent ar Frankiz, en version vidéo ou écrite (ci-dessous). Les propos n’engagent que leurs auteurs.
Depuis 2010, le continent européen vit dans la peur de ce que l’on appelle la « crise des dettes souveraines », c’est-à-dire les conséquences économiques de dettes publiques contractées par les États européens à des montants dépassant souvent le PIB de ces pays. Conséquence directe du sauvetage des banques lors de la crise financière de 2008 – 2009, la politique prônée fut immédiatement « l’austérité », c’est-à-dire l’assainissement des finances des Etats par une politique d’augmentation des impôts pour augmenter les recettes en parallèle d’une diminution des dépenses sociales et de fonctionnement pour diminuer le déficit.
L’objectif affiché, théorique, est de diminuer le montant des dettes publiques afin de sortir de cette crise des dettes souveraines. Est-ce réellement la bonne stratégie à suivre ? Faut-il rembourser les dettes publiques ?
L’austérité
La question de l’austérité est complexe à gérer pour les keynésiens. Rappelons tout d’abord le concept qui sous-tend toute leur idéologie : l’équation C + I + G = Y, c’est-à-dire la Consommation + l’Investissement des entreprises + la dépense de l’Etat détermine la croissance.
Dans cette idéologie, lorsque la consommation ou l’investissement diminue, ils doivent être remplacés par la dépense de l’Etat, qui garantira ainsi des salaires, donc des revenus et un intérêt renouvelé pour les entreprises à investir.
Mais si les entreprises n’ont plus de moyens propres pour investir, d’où vient leur capacité à le faire ? Des institutions financières, et plus particulièrement des banques. Pour rassurer les banques et les encourager à prêter aux entreprises pour leur permettre d’investir, l’État va passer des commandes aux entreprises, qu’importe l’intérêt de ces commandes pour la population, l’objectif est mathématique : augmenter G doit favoriser I pour permettre l’augmentation de Y.
Le problème d’une crise économique est que justement aucun de ces trois grands acteurs n’a les moyens de ces investissements, ce qui signifie que les banques non plus n’ont pas d’argent à prêter. C’est là qu’intervient à nouveau l’État par la création monétaire. En France, la BCE et la Banque de France sont les organismes qui créent de la monnaie, redistribuée aux banques qui ainsi auront des liquidités à prêter à l’ensemble des différents acteurs économiques dans l’objectif de relancer Y, la croissance.
Cette politique est appliquée depuis plus de 70 ans par l’ensemble du monde occidental depuis les accords de Bretton Woods en 1944 qui ont scellé la victoire idéologique de John Maynard Keynes. Ce dernier disait que le long terme n’est pas important à prendre en compte car « à long terme nous serons tous morts ». Le long terme est arrivé.
La très forte inflation que nous connaissons depuis 1944, et en particulier depuis 1974 avec la fin de l’étalon or décrété par Richard Nixon, a fait s’effondrer la confiance dans la monnaie que nous utilisons actuellement. En parallèle, cette politique d’accumuler les dettes de C, I et G pour faire augmenter la croissance fait que l’ensemble des acteurs économiques sont criblés de dettes et souvent ne sont plus en mesure de rembourser. Les banques, acteurs centraux du modèle keynésien, se retrouvent ainsi criblés d’actifs pourris issus des prêts accordés aux individus, aux entreprises et aux États.
Au cours de la crise financière de 2008 – 2009, les banques se sont retrouvées avec la crise des subprimes, c’est-à-dire l’incapacité pour les consommateurs, les citoyens, de rembourser les banques. Le danger de voir les banques s’effondrer suite à ces actifs non remboursés menaçait directement la capacité des banques à continuer à financer les entreprises et les États. Pour garantir la survie des banques et la survie du modèle keynésien, l’ensemble des pays occidentaux ont mis en place une politique d’austérité. L’objectif de l’austérité est simple : augmenter les impôts et diminuer les dépenses publiques pour garantir la solvabilité des États et empêcher la faillite des banques pour pouvoir continuer à financer le modèle étatiste keynésien. Ce cercle vicieux est arrivé à son terme et s’apprête à s’effondrer.
Pourquoi l’importance de rembourser les dettes publiques ?
Rembourser les dettes publiques est donc fondamental pour sauver le modèle keynésien fondé sur la dépense publique. Cesser de rembourser ces dettes publiques aurait pour conséquence première la remise en cause fondamentale du modèle économique sur lequel l’Europe et l’Amérique du Nord vivent à crédit depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est une véritable gageure politique car la génération du Babyboom est toujours au pouvoir, et ils ont grandi dans l’opulence sans avoir à prendre en compte les conséquences à long terme des politiques sur lesquelles ils se sont enrichis.
Deuxièmement, cesser de rembourser les dettes publiques, c’est faire perdre aux banques la majorité de leurs actifs. Ces capitaux sont fictifs : ils ont été créés dans l’immense majorité par la création monétaire et l’inflation. Le problème est que ce modèle économique et politique a encouragé l’immense majorité des individus à s’endetter, à placer de l’agent dans ces banques avec la croyance de la sûreté garantie par les banques Centrales. La faillite des plus grandes banques mettrait à mal ce système politique et remettrait en cause le concept d’Etat providence.
Le principal intérêt de rembourser les dettes publiques est donc de perpétuer le modèle économique keynésien de dépense publique et de coalition du monde financier avec le monde politique. Au contraire, les États doivent se déclarer en situation de banqueroute pour cesser de rembourser ces dettes publiques. Ainsi, nous changerons de modèle économique. Nous reviendrons à un système où l’État dépense ce qu’il reçoit et pas un centime de plus, et où les banques seront 100% indépendantes des États et ne pourront donc plus faire de lobbyisme. Ce système, sans dettes publiques et avec des banques ayant moins de pouvoirs sera plus sain et permettra à terme une plus grande prospérité économique.
Le concept de dette collective
Qui dit dette publique dit dette collective, et le pire est probablement dans cette notion. Lorsque l’État vous impose une dette publique, il vous impose la collectivité. L’individualité est supprimée. Dans une démocratie, qui dit dette collective dit que celui qui obtient 50% + 1 voix des participants à une élection reçoit une majorité de représentants qui obtient alors le droit de marcher sur le concept d’individualité et de liberté personnelle. Dans un raisonnement typiquement marxiste, pire que celui de Keynes, la dictature de la majorité est mise en place. Alexis de Tocqueville nous avait mis en garde.
Le concept de dette collective doit être rejeté. Ceux qui souhaitent confier leurs économies à l’État ou faire eux-mêmes un emprunt en leur nom pour l’État ont le droit de le faire. Mais forcer chaque individu à porter une partie de la dette de l’État à travers la dictature de la majorité est aussi grave que de passer par la dictature d’une minorité. Pour ce simple concept, les peuples européens ont le devoir d’interdire à toute institution étatique de réaliser un emprunt, quel qu’il soit.
Dette publique française et indépendance bretonne
Que faire de la dette publique lors d’une déclaration d’indépendance ? La pression sera forte de la part de la France pour que la Bretagne récupère au minimum une proportion de la dette en relation avec le poids démographique breton.
Les arguments français, mais aussi les arguments de certains Bretons, seront de dire qu’un nouvel État indépendant ne peut pas garantir sa survie s’il commence son existence par un refus de rembourser une partie de la dette qu’il doit. Ce serait un message terrible pour les investisseurs potentiels du nouvel État Breton souverain.
En réalité, le danger que représente le fait de refuser de payer une partie de la dette française en cas d’indépendance n’est un danger que si ce nouvel État breton décidait d’appliquer la même politique que la politique collectiviste actuellement appliquée par Paris. Dans ce cas, à quoi bon réclamer l’indépendance si c’est pour continuer une politique étatiste ?
Au contraire, refuser de récupérer une partie de la dette française sera un message fort qui encouragera l’investissement des entreprises : le nouvel État breton indépendant clamera haut et fort que les pratiques françaises d’endettement massif et inflationniste n’auront pas lieu d’être en Bretagne. Ceci attirera les capitaux et les investisseurs. Le refus par la Bretagne de payer la dette française sera la première pierre d’une prospérité à venir et un pas très important sur la route de la liberté.
Photo : DR
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Une réponse à “Hent ar Frankiz. « Faut-il rembourser les dettes publiques ? » ”
Comment peut-on sérieusement envisager la création d’un état breton indépendant quand 1% seulement des Bretons semblent privilégier cette solution. De plus, l’état indépendant envisagé par cet auteur serait un état libéral inspiré du modèle anglo-saxon; le rêve en quelque sorte ! Il devrait s’associer avec l’olibrius qui milite pour faire de la Bretagne le cinquante et unième état des Etats-Unis (non, non, ce n’est pas une blague ! )