08/12/2015 – 07H00 Rennes (Breizh-info.com) – Le scrutin régional de ce dimanche apporte quelques enseignements importants sur l’implantation du Front national en Bretagne. En B4, la liste emmenée par Gilles Pennelle récolte 18,12% des suffrages soit 218 475 voix. En Loire-Atlantique, intégrée à la région Pays de la Loire, la liste conduite par Pascal Gannat recueille 17,76 % des suffrages, soit 83 168 voix.
Ce sont donc environ 300 000 Bretons qui ont donné leur suffrage au parti de Marine Le Pen. Pour la France, plus de 6 millions de voix en font le premier parti politique au niveau national.
Pour comparaison, en 2010, la liste menée à l’époque par Jean-Paul Felix en B4 avait atteint 67 896 voix, soit 6,18% des suffrages. C’est donc une progression de 3,2 fois en nombre de voix. En Loire-Atlantique, la liste de Brigitte Neveux était à 6,19% des votants soit 26 908 voix. Là encore, le Front national triple son nombre d’électeurs.
Cette progression est particulièrement significative. Il s’agit d’une des plus fortes progressions en France, malgré un taux d’abstention en hausse à 48% contre 46 en 2010. Pour comparer avec d’autres élections à la proportionnelle ; en 2014 à l’occasion des Européennes, le Front National avait réalisé 17,09% soit 180 000 suffrages en B4 et 16,43% et 68 366 voix en Loire-Atlantique. Il y a donc là encore une progression respectivement de 35 000 voix et de 15 000 voix sur le très court terme.
Localement, on observe que le FN arrive en tête dans une centaine de communes bretonnes. C’est le cas dans le Finistère, à Lanneufret (27,78%) et à Argol ainsi qu’à Trézilidé. Dans le Morbihan, à Roudouallec, Sainte-Hélène, Saint-Gerand, Remungol, Guénin, La Chapelle Neuve, Plaudren, Pleugriffec, Radenac (41%), Buléon, Moréac, Lantillac, Bignan, Saint-Malo des trois fontaines, La Grée Saint-Laurent, Saint-Gravé, Le Tour du Parc, Porcaro, Montheneuf, Saint-Malo de Beignon, Porcaro.
En Côtes d’Armor, Magoar, Saint Adrien, Saint Pever, Mantallot, Pludual, Gommenec’h, Languénan, Landébia.
En Ille et Vilaine, Comblessac, les Brulais, Saint-Seglin, Miniac-Morvan, Châteauneuf, Tressé, Le Tronchet, Lanhélin, Lourmais, Lilemer, Hirel, Le Vivier sur mer, Saint Marcan, St Georges de Grehaigne (42%), la Boussac, Pleine Fougères, Vieux-Viel, Aucay la Plaine (42%), Sacey, Antrain, Tremblay, Chauvigné, Saint-Hilaire des Landes, Saint-Etienne en Cogles, la Chapelle Saint-Aubert, Landéan, La bazouges du désert, Laignelet, Dompierre du Chemin, Princé, La Chapelle Erbrée, Bréal sous Vitré, Langouët, Gaël, Saint Onan la Chapelle, Le Crouais, Saint-Malon sur mel, Comblessac, Les Brulais, Saint-Ganton, Guipry, Pléchâtel, la Noe Blanche (41%), Tresboeuf, Lalleu, le Petit Fougeray, Sainte-Anne sur Vilaine, Le Theil de Bretagne, Coësmes, Boistrudan, Visseich, Domalain, Gennes sur Seiche, Eancé, Chelun.
En Loire-Atlantique, il s’agit d’Avessac, Bouée, Le Temple de Bretagne, Vue, Bourgneuf en Retz, La Boissière du Doré, Sion les Mines, Pierric, Treffieux, Pouillé les Coteaux, Louisfert, Juigné les Moutiers, Bonnoeuvre.
Il s’agit donc, avec des scores entre 25 et 40%, d’une implantation particulièrement visible en Ille-et-Vilaine et dans les terres morbihannaises. Ce sont des villes et villages touchés par la crise économique et bien souvent victimes du développement de la métropole rennaise. La zone d’influence de Gilles Pennelle – autour de Fougères où il est élu municipal – vote également plus fortement pour le FN. Ce regroupement de poches bretonnes où le parti de Marine Le Pen arrive en tête pourrait avoir son importance lors de prochaines élections. Il faudra toutefois voir si ce vote se confirme lors du deuxième tour.
Cette implantation se fait toutefois essentiellement dans des petites communes. Les métropoles rennaise et nantaise restent – pour l’instant – largement imperméables aux idées du FN. Cela s’explique sociologiquement : plus d’immigrés, plus de cadres supérieurs, plus de fonctionnaires, plus de « bobos ». Ceci n’empêche pas un 16% à Brest, 13,3% à Quimper, 15,4% à Saint-Brieuc, 11,16% à Rennes (contre 4% en 2010, là aussi voix qui triplent), 15,46% à Vannes, 17% à Saint-Malo, et 18% à Lorient.
Autre leçon de ce scrutin : la difficulté du parti frontiste à percer dans le Finistère et l’Ouest breton. Parmi les explications possibles, on peut retenir l’absence d’une personnalité politique médiatique et active sur le secteur. La présence et l’influence, notamment en Centre-Bretagne, de Christian Troadec remplissent parfaitement le rôle de substitut au Front national que la gauche a souhaité lui attribuer. Enfin, il serait intéressant de se pencher sur les classes d’âges présentes dans ce secteur. La jeunesse – notamment les 18-30 ans est plus attirée par le vote frontiste que les retraités et les personnes âgées.
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