12/11/2015 – 18H30 Nantes (Breizh-info.com) – La police lui reproche d’avoir participé aux deux fusillades de la Toussaint qui ont fait deux blessés légers : ce «jeune» de la Bottière, âgé de 18 ans à peine, a été arrêté par la police et mis en examen pour deux tentatives de meurtre.
Défavorablement connu des forces de l’ordre pour violences, outrage et rébellion, ainsi que dégradations de biens publics, cet individu habite le quartier multiethnique (« sensible ») de la Bottière, à l’est de Nantes. Depuis le début du mois d’octobre un nouvel épisode des violences inter-quartiers oppose plus précisément son quartier avec celui de Malakoff, situé à l’est du centre-ville. Le 1er novembre, selon les enquêteurs, celui-ci aurait été impliqué dans la fusillade qui a éclaté en marge du mariage d’une famille de Malakoff dans la salle du Radar au Pin-Sec, juste au nord de la Bottière, puis quelques heures plus tard, il aurait débarqué à Malakoff en scooter, alpagué un jeune, discuté brièvement avec lui puis lui aurait tiré dessus près de la voie ferrée, au fond du parking devant le 10 rue d’Angleterre.
Le suspect a été poursuivi lundi après-midi à la Bottière par plusieurs jeunes dont au moins un était armé d’un couteau – ils pourraient venir de Malakoff. Il s’est réfugié au lycée professionnel Léonard de Vinci, au cœur du quartier, puis est allé porter plainte à l’hôtel de police de Waldeck-Rousseau. A l’issue, il a été retenu par les policiers, interpellé puis finalement mis en examen et placé en détention provisoire. Pour l’instant, c’est la seconde personne interpellée suite aux affrontements récents entre la Bottière et Malakoff. Le 22 octobre en effet, deux personnes étaient venues tenter de ramener la paix entre les deux quartiers et ont été agressées par vingt à trente individus, puis peu après une voiture a déboulé et leur a tiré dessus ; la police avait arrêté alors le complice du tireur, un résident d’Orvault de 24 ans, défavorablement connu de la justice, et qui a vécu assez longtemps à Malakoff.
De source proche du dossier, « dans ce genre d’affaire, tout le monde est coauteur et victime. Ce sont des querelles qui partent de rien – un mauvais regard, un geste déplacé envers la sœur de l’un d’eux etc. et qui ne s’arrêtent plus. Les vengeances succèdent aux vengeances, les protagonistes s’attaquent à ceux qui accompagnaient leur adversaire à l’épisode précédent, et finalement il suffit d’être du quartier ennemi pour avoir des problèmes ». Les services enquêteurs vont donc avoir beaucoup de travail pour tenter de démêler l’écheveau des responsabilités et les raisons qui ont conduit à l’engrenage.
La facilité avec laquelle les jeunes délinquants arrivent à se procurer des armes interpelle. Sauf cet habitué du quartier : pour lui « les armes tournent. Elles entrent avec facilité, puis sont planquées, enterrées quelque part ou gardées dans un appartement. Elles appartiennent à tout le monde. Même chose pour les scooters, les voitures etc. ». Une sorte de propriété collective – une coopérative post-moderne dans un monde de béton – qui participe à rendre encore plus incontrôlable la délinquance des cités.
Il apparaît déjà évident que les règlements de comptes à balles réelles sont le fait de « jeunes complètement déstructurés », avance une source bien informée. « Ils ne font aucune différence entre un coup de calibre [arme à feu] et un coup de poing, ils n’ont pas d’éducation, et n’agissent qu’en fonction d’un soi-disant code d’honneur où ils mélangent tout, où un mauvais regard ou un geste déplacé suffit à justifier une vendetta ». Des querelles à deux balles – dans tous les sens du terme.
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