16/11/2015 – 06H30 Nantes (Breizh-info.com) – Le samedi 31 octobre vers 22 h 50, un véhicule a fait une embardée dans le cadre de rodéos sauvages, ou « runs ». Une jeune fille de 17 ans originaire de Vendée a été tuée, une jeune femme de 25 ans était gravement blessée (plusieurs fractures) et cinq autres personnes – quatre jeunes âgés d’une vingtaine d’année et une autre vendéenne – ont été légèrement blessée. Le conducteur du véhicule qui a fait l’embardée – une Renault Clio – a été écroué dans l’attente de son procès pour homicide involontaire par manquement délibéré d’obligation de sécurité et de prudence.
« Archi-connu » des services de police, le conducteur – âgé de 42 ans – est issu de la communauté des gens du voyage. Il n’avait plus de permis et était très pris de boisson puisque son taux d’alcoolémie était de 1,88 g par litre de sang. Il a été mis en cause à plusieurs reprises pour diverses infractions routières notamment des faits de conduite sans permis ou sans assurance. Cependant, les rodéos sont régulièrement organisés dans la rue où a eu lieu le drame – la rue le Coutelier, dans la zone artisanale assez vieille qui se trouve au sud-ouest d’Atlantis. Une réalité que pouvoirs publics et médias ont fait mine de découvrir, alors que les rodéos durent depuis des années.
Délégué syndical USG Police-FO de Loire-Atlantique, Stéphane Léonard explique que « ces rodéos durent depuis les années 2001-2002 ». Avant, « cela se passait sur le Champ de Mars en 1998-1999 ». En 2006, au même endroit, les rodéos avaient déjà emporté la vie d’un piéton et d’un motard.
Le syndicaliste policier indique que « ça fait quinze ans qu’il y a une zone de non-droit dans ce coin tous les samedis soirs, et parfois les vendredis soirs aussi ». Sur place, « il y a de tout, scooters, voitures, motos, jusqu’à 60-70 voitures, parfois 200 à 300 personnes. Il y a des jeunes des cités qui descendent, des manouches aussi, ça a un air de fête foraine ». Le fait que la jeune fille morte soit venue de Vendée laisse penser que la notoriété des rodéos nantais a dépassé le département, devenant un lieu d’attraction pour des fous de voitures issus des départements limitrophes.
Stéphane Léonard pointe le fait qu’il « n’y a pas de volonté politique pour en venir à bout : ce n’est pas en mettant plus de patrouilles ou même en les doublant qu’on y arrivera. Mettre quatre policiers au milieu de 200-300 personnes et de dizaines de véhicules, ça ne rime à rien. Ils ne pourront que passer sans rien verbaliser ni signaler, à moins de se faire prendre à partie tout de suite. Cela revient à les envoyer au casse-pipe ». Pour lui, « il n’y a pas de solution autre que de faire venir les CRS, beaucoup d’unités, boucler le quartier et mettre des PV à la chaîne. On recommence deux ou trois fois et le phénomène sera endigué ».
C’est précisément ce qui avait été fait à Paris à la fin des années 1990, lorsque Stéphane Léonard y était encore en service : « il y avait eu un mort suite à des rodéos porte de Vincennes. Du coup, l’esplanade toute entière avait été l’objet d’une interdiction de stationnement, bouclée, et les policiers contrôlaient tous les véhicules en soirée, à la fin de la semaine. Le phénomène avait été rapidement endigué ». Ou plutôt repoussé plus loin en banlieue. Mais l’exemple parisien n’est pas perdu. Tout récemment, aux Herbiers, en Vendée, 80 conducteurs de scooters se sont rassemblés samedi 7 novembre dans la zone industrielle de la Pépinière en espérant faire des rodéos loin des regards indiscrets. C’est la gendarmerie qui les a accueillis et leur a mis plus d’une quarantaine de PV : défauts d’assurance ou de casque, absence de compteur de vitesse ou de rétroviseurs, pneus lisses etc. Pendant ce temps là, à Nantes, on laisse faire les rodéos. Jusqu’au prochain mort.
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