01/10/2015 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – A l’approche des régionales, le soutien public à certains médias censés couvrir en toute impartialité le scrutin à venir interroge. C’est notamment le cas pour Télé Nantes (N7TV), qui a repris en 2009 après sa faillite sa rivale privée Nantes 7 et dont l’essentiel des soutiens est constitué par des collectivités locales tenues par la gauche. Pourtant, le soutien financier de la chaîne locale nantaise par l’argent public fait nettement moins de remous que la décision de la région des Pays de Loire de financer France 3.
Au conseil municipal de Saint-Nazaire, à l’occasion du vote de la subvention annuelle – immuable depuis 2010 – de 50.000 € pour Télé Nantes, dont le budget, qui dépasse les 2 millions d’euros (2.4 millions d’€ en 2012) est abondé à plus de 80% par des subventions publiques, qui proviennent aussi de la Ville de Nantes, du conseil général de Loire-Atlantique et de Nantes Métropole. Le FN s’est opposé à l’octroi de cette subvention, arguant des liens étroits entre la chaîne et ses financeurs institutionnels proches du PS ainsi que de son centrage sur la ville de Nantes. Ladite aide a été adoptée néanmoins à la majorité, avec les voix de la gauche.
La mairie de Nantes elle-même donnait 250.000 euros en 2013 à la chaîne, mais le rapport d’activité 2014 nous apprend à la page 245, parmi les annexes, que cette subvention est passée à 733.000 €. Le fait que 2014 soit aussi une année électorale n’est, évidemment, qu’une fortuite coïncidence. La ville garantit aussi depuis 2011 deux emprunts de 67.500 € chacun contractés par TéléNantes auprès du Crédit Mutuel et de la société Générale pour des dépenses d’acquisition de matériel et d’aménagement; en 2014, moins de 15.000 € restaient dus par la chaîne pour chacun des deux emprunts.
Quant au conseil général, qui a donné de 2005 à 2012 près de 2,7 millions d’€ d’argent public – avec un soutien annuel de 380.000 € de 2008 à 2010 en particulier, auquel s’ajoutait l’achat de prestations – il a réduit son aide après 2012. Des chiffres disponibles en ligne nous apprennent que TéléNantes a réduit son budget et sa masse salariale de 2009 à 2012 ; le premier est passé de 3,3 à 2,4 millions d’euros tandis que la seconde diminuait de 37 à 25 salariés. On trouve aussi trace d’une subvention de TéléNantes par la région des Pays de Loire en 2011 – pour un montant de 100.000 euros.
Le journal Lulu consacrait en 2010 une enquête aux deux chaînes nantaises en train de fusionner. Il soulignait que 9 millions d’euros d’argent public avaient déjà été engloutis dans l’aventure depuis 2005 et que TéléNantes avait des liens très étroits avec l’école privée Sciences Com. Les deux devraient d’ailleurs emménager en 2016 dans des locaux voisins sur l’île Beaulieu.
D’autres liens économiques nouveaux sont en train de se tisser : selon Le Journal des Entreprises en date du 25 septembre, la CCI de Nantes-saint-Nazaire a pris une participation minoritaire au capital de TéléNantes. Dans la mesure où la CCI ne cache pas ses sympathies pour le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes – elle va jusqu’à financer des études pour tenter de démontrer la saturation de l’actuel aéroport ou héberger dans ses locaux l’association pro-aéroport – est-ce que Télé Nantes sera libre de couvrir le sujet et de donner la parole aux opposants au projet ? Ou peut-on craindre que le proverbe géorgien selon lequel celui qui invite la fille à dîner la fait danser s’appliquera. Alors que les tensions reprennent autour de la ZAD que le pouvoir pourrait à nouveau tenter d’évacuer après les régionales entre janvier et mars 2016, la question peut se poser.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2014, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.