07/09/2015 – 08h00 Rennes (Breizh-info.com) – Sur le marché mondial des énergies, nous ne cessons d’assister, impuissants, à des envolées soudaines suivies de brusques chutes de la valeur du pétrole, gaz, uranium ou des métaux rares. Chacun de ces mouvements démontre l’importance d’une politique de l’énergie pour les différents pays importateurs, dont malheureusement la Bretagne. Petit tour des Bretons qui prônent une autonomie en énergie pour leur pays.
Historiquement, le collectif Gaspare (Garantir l’Avenir Solidaire Par l’Autonomie Régionale Énergétique ) s’est constitué pour contrer l’implantation d’une centrale à gaz produisant de l’électricité sur le Pays de Brest. Son nom montre cependant que le collectif raisonne sur l’ensemble de la Bretagne : afin d’étayer ses arguments, et de démontrer que le projet de centrale fonctionnant au gaz n’était pas justifié, Gaspare s’est lancé dans une étude remarquée (1) et a proposé un scénario alternatif à échéance 2025. L’intérêt principal de ce document tient dans sa conclusion : « compte tenu de son potentiel de développement dans l’éolien, le photovoltaïque et l’hydrolien, la Bretagne se retrouvera à terme en situation d’exporter de l’électricité. La possibilité d’absorber ce surplus d’énergie pour fabriquer du gaz injecté dans le réseau de gaz devient alors opportune. Elle favorise le développement de la filière de cogénération à partir du gaz de réseau ».
L’optimisme « renouvelable » de Gaspare tient cependant sur un ralentissement de la production française en électricité nucléaire et n’intègre pas l’aspect énergie des domaines Transport et Agriculture. Il faut dire que c’est surtout l’aspect « électrique » de l’énergie qui intéresse Gaspare.
Toujours à gauche de l’échiquier, EELV a déroulé un autre projet « alternatif » basé à cette occasion sur une forte diminution de la consommation : -60%. La conseillère régionale morbihannaise Anne Marie Boudou en a chapeauté le schéma directeur (2). Le postulat est très (trop ?) ambitieux et élimine le même projet gaz combattu par Gaspare. L’ancien allié d’EELV en Bretagne, l’UDB, a toujours inscrit une autonomie en énergie dans son agenda politique, sans cependant en préciser ni les moyens ni le coût (3).
Au sein de la majorité socialiste du conseil régional, Dominique Ramard est le référent Energie du staff Le Drian. Ce proche du ministre de la Défense s’est illustré à plusieurs reprises, en constituant Bretagne Ecologie pour torpiller EELV lors des régionales 2010 puis en quittant son collectif : à chaque fois, l’affaire de la centrale gaz était au centre des débats. Il est vrai qu’il en est un promoteur important et qu’il la présente comme « un élément majeur » d’une timide autonomie énergétique.
A droite de l’échiquier politique breton, il semble que le « tout-nucléaire » français ait conquis l’ensemble des mouvements politiques. UMP-UDI, Modem, FN jouent le jeu de la filière nucléaire française. Le Parti breton quant à lui évoque en deux lignes un programme basé sur l’hydrolien et l’éolien (4). Pourtant le « fleuron de l’industrie française » a de réelles difficultées tant techniques que financières, Greenpeace n’ayant pas tardé à les communiquer (5).
Rare voix à droite rompant cette unanimité, le conseiller municipal quimpérois Dominique Lambert s’est positionné pour une autonomie en énergie, mais va plus loin (6). Il montre qu’il est possible de se réapproprier la filière énergie bretonne par les énergies renouvelables, mais fait remarquer immédiatement qu’il faut « une faisabilité politique, technique mais aussi financière ». C’est là qu’il liste les freins à l’autonomie : tradition jacobine pro nucléaire des élites bretonnes, fuite des cerveaux, prix bas du foncier, densité urbaine trop faible et surtout un « mur des investissements » énergie + électricité qu’il estime proche de 70 milliards d’euros. Il évoque également des « accélérateurs de transition et d’autonomie » : ces technologies encore immatures dont on ne peut conjecturer l’essor. Ces « accélérateurs » sont tous liés à l’océan (biofuels et centrales houlomotrices) et c’est pourquoi il prône « une bascule intellectuelle de l’Est vers l’Ouest » dans la politique de l’énergie comme de l’information, deux domaines qu’il juge liés. Parlant de « destin atlantique » pour l’énergie en Bretagne, il conclue : « sans autonomie énergétique, pas d’autonomie politique, pas de liberté de choix politique ».
C’est un mantra que connaissaient bien les initiateurs de la politique énergétique française d’après-guerre basée sur le nucléaire mais aussi sur le pétrole des « amis » de la Françafrique et du Moyen Orient.
- http://www.nonalacentrale.fr/wp-content/uploads/2013/02/Scénario-GASPARE_Synthèse-2011-2025.pdf
- http://issuu.com/europe-ecologie-les-verts/docs/eelv-bretagne-srcae-alter-complet
et http://bretagne.eelv.fr/pour-une-transition-energetique-bretonne-tournee-vers-lavenir/