21/08/2015 – 08H00 Bretagne (Breizh-info.com) – Tandis qu’une grande partie de la France goûte aux joies du repos estival – tempéré par un temps à peine digne de l’automne sur un bon tiers nord du pays – le gouvernement essaie de se débarrasser d’une nouvelle affaire embarrassante. Un autre méga-contrat d’export rompu ? Niet. De nouvelles amours du président ? Que nenni. Tout simplement une proposition de loi pour sauver le soldat Alary.
Celui-ci – Damien de son petit nom – aimerait bien un petit lot de consolation alors que Carole Delga (PS) et Sylvia Pinel (PRG)ont toutes les chances de partager sa succession à la tête de la future région Midi-Pyrenées-Languedoc. D’abord parce que la gauche devrait garder ce fief, et ensuite parce que le pouvoir a obtenu – cerise sur le gâteau – que la gauche y soit unie dès le premier tour.
Et c’est ainsi qu’il a fortement suggéré à Valls – comme le révèle Le Canard Enchaîné du 5 août – de lui mitonner un poste de numéro 1 bis. Président délégué de région, ça s’appelle. Et cela va avec une cohorte de secrétaires, de voitures, de factotums et d’inévitables nouveaux papiers à en-tête. Mais principe d’égalité devant la loi oblige, la loi créera ce poste dans les 13 nouvelles régions. Bonjour les économies ! Devant le tollé, le pouvoir a reculé, et finalement Alary ne sera que « vice-président délégué à la fusion » des deux ex-régions. Ce qui pourrait pousser toutes les régions impactées par la réforme – soit sept – à reprendre la bonne idée.
Déjà, cabinets d’étude et designers se frottent les mains. Qui dit fusion, dit nouveaux logos, visuels et cartes de visites. Mais aussi réorganisation des services, fermeture ou déplacement de certains locaux, et inévitables études sur la possibilité de rapprocher les logiciels, les standards, les pratiques, toutes divergentes selon les ex-régions, les organisations, et sur la gestion de ces fusions progressives. Sans compter la gestion inévitable des locaux vides qui ne manqueront pas de réapparaître et qui, dans un contexte économique pour le moins morose, risquent de rester assez longtemps sur les bras des nouvelles régions. Selon l’édition de mai du mensuel Capital, la Normandie va dépenser 1,4 millions d’euros pour le rapprochement des systèmes d’informations (800.000€) et la définition de la politique commune en matière de RH. Et il faudra aussi très probablement reconstruire plusieurs hémicycles régionaux ou aménager urgemment des lieux provisoires. A Bordeaux, la salle, prévue pour 85 conseillers en accueillera 183 en décembre ; à Strasbourg, les 47 conseillers actuels tiennent, mais où caser 122 conseillers supplémentaires en décembre ? Et ainsi de suite.
Rassurons nous, le ministre titulaire de l’énorme sac de nœuds dans lequel se transforme peu à peu cette réforme régionale bâclée – Marylise Lebranchu – est au courant et gère la situation d’une main de maître. Elle a déclaré le 29 juillet à Besançon : « si on faisait un projet pour faire des économies, ça n’aurait aucun sens ». Comme d’habitude, le contribuable paiera.
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