01/07/2015 – 07H30 Nantes (Breizh-info.com) – L’hebdomadaire Challenges (18 juin 2015) publie un palmarès des métropoles les plus dynamiques. A la deuxième place, on trouve Nantes, et à la quatrième, Rennes.
Nantes, c’est tout simplement « le nouvel éden bobo » proclame le titre de l’article. « on s’y sent bien » confirme Jean-Paul Chapron, président d’ASI, une société de services informatiques. C’est une ville sexy, très riche culturellement, il y fait doux, la mer est à quarante-cinq minutes. Les gens affluent. A tel point qu’on a découvert les embouteillages ! ».
Au recensement de 1999, on a constaté que la ville avait gagné 25 000 habitants en dix ans, soit une augmentation démographique de 10% : la hausse n’a pas cessé depuis : elle en comptait 289 000 en 2011, au coeur d’une métropole de 600 000 personnes.
Le nombre de cadres, de professions intellectuelles supérieures et intermédiaires progresse fortement, transformant la sociologie de la ville, mais la population reste jeune, ce qui contribue à son dynamisme : la moitié de la commune a entre 14 et 44 ans, et 30% entre 15 et 29 ans.
« La ville va continuer à changer, en devenant de plus en plus métropolitaine » assure Jean-Marc Ayrault. Un changement d’échelle qui doit lui permettre de s’inscrire davantage sur la carte continentale, après être réapparue sur la carte hexagonale. « Il manque à Nantes le siège d’une administration ou d’une entreprise européenne ou internationale » reconnait l’ancien chef du gouvernement.
Voilà ce que l’on pouvait lire dans Challenges ; mais qui veut creuser davantage cette question doit se reporter à l’ouvrage écrit par cinq universitaires nantais (Philippe Masson, Marie Cartier, Remy le Saout, Jean-Noël Retière, Marc Suteau) et intitulé « sociologie de Nantes » (La Découverte).
En 2007, avec une croissance supérieure à 60%, depuis 1999, des emplois de cadres des fonctions métropolitaines selon les termes de l’Insee, Nantes rejoint la moyenne des grandes métropoles françaises : 10,8% de l’emploi total. Insistons sur le fait que les emplois tertiaires, dits « métropolitains » , sont concentrés dans les grandes villes et symbolisent leur pouvoir et leur rayonnement. A la liste fournie par l’Insee, on peut évidemment joindre les emplois liés au statut de capitale régionale (conseil régional et institutions dépendant de lui) . Là encore, beaucoup de cadres.
Il est évidemment intéressant d’observer l’évolution de la répartition de la population nantaise de quinze ans ou plus ayant un emploi par catégorie socioprofessionnelle entre 1968 et 2009 (source Insee). Les ouvriers sont passés de 32,3% à 15,4%. Les employés de 31,7% à 25,8%. Les artisans, commerçants, chefs d’entreprises, de 9,5 à 4,3%.
Mouvement inverse pour les cadres et professions intellectuelles supérieures : cette catégorie est passée de 7,5% à 25,9%. Et les professions intermédiaires de 18,1% à 28,5%. Autant dire qu’en 2009, les classes moyennes et supérieures sont majoritaires (54,4%) alors que les classes populaires sont devenus minoritaires (41,2%).
Jean-Marc Ayrault et son équipe dispoent donc d’un terrain électoral favorable. Une surreprésentation des classes moyennes et supérieures signifie chasse gardé pour la gauche puisqu »on a affaire à une clientèle sensible à ses thématiques (européisme, droits de l’homme, libéralisme, culture de la diversité …). C’est ce qui explique que M. Ayrault était indéboulonnable et que Johanna Rolland l’est tout autant aujourd’hui.
Plus l’effet « métropole » s’accentuera, avec l’arrivée de nouvelles populations CSP+, plus la gauche est assurée de conserver le contrôle de la ville de Nantes et de son agglomération. La réalité sociale et sociologique demeure incontournable : Nantes n’est pas récupérable par la droite.
Au cours de son enquête, le journaliste de Challenges a évidemment oublié de demander leur opinion aux chômeurs, aux classes populaires et aux petits revenus. Elles ne partagent peut-être pas l’affirmation du rédacteur : « A Nantes, il fait bon vivre ».
Crédit photo : Wikimedia commons (cc)
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6 réponses à “Nantes, le nouvel eden « bobo »”
A Nantes il fait bon vivre même pour les petits revenus. Ce n’est pas parce qu’une ville est de gauche…
Deux points en particulier :
1/ « Il manque à Nantes le siège d’une administration ou d’une entreprise européenne ou internationale » : y avait Eurofines, mais ils sont partis au Luxembourg cause fiscalité. Il reste en revanche plusieurs PME exportatrices et divers sièges d’administrations dont le Casier Judiciaire et le Service central d’Etat civil du MAE. Pas très « sexy » mais indispensable pour des milliers de personnes par an.
2/ « Nantes n’est pas récupérable par la droite. » C’est surtout qu’on a la droite la plus bête de France, comme l’ont montré les dernières municipales où la droite a réussi a/ à se ridiculiser avec le ballet des candidatures, Guerriau, MA Montchamp, L Garnier etc. en se plongeant dans des petits arrangements politiques dignes d’un chef-lieu du Cantal et de la Lozère, mais pas de la 6e ville de France et la 1e de Bretagne et du grand Ouest ; b/la droite n’est pas implantée ici, ils sont tous étrangers, 49, 78 en particulier, 85 aussi. Ceux qui étaient d’ici ont été dézingués par les ténors locaux à tel point qu’ils ont changé de parti (de Rugy) ou de territoire (Gonzague de Chantérac en particulier). Il reste Sophie Van Goethem (l’aventure Pierre Gobet / le Ridant est sans lendemain) mais elle n’a pas la stature pour dépasser les scores franchement minables de la droite locale. Et elle aura du mal à donner des leçons de morale compte tenu du litige qu’elle traîne avec le département notamment.
Un ami Hollandais ne parlant pas français a dû passer quelques semaines à Nantes pour raison professionnelle. Il a trouvé quasiment personne capable de converser correctement avec lui en Anglais.
Nantes me donne l’impression d’une grande protégée de la mondialisation (idem Rennes) qui n’a aucun fondamental économique. Qu’on lui baisse les subventions et elle va découvir les fondamentaux. Vus les fondamentaux économiques français avec 100% de dette sur le PIB on va structurellement vers un choc.
On parle de la fierté du nantais que ne veut être ni breton mais nantais. Tout cela date, ce sont maintenant des vieilles personnes.
Eurofines : là est le symbole nantais. On subventionne avec des belles brochures des start up jusqu’à 75% du chiffres d’affaires. Lorsqu’elle a réussi elle part dans une zone plus adaptée. La réponse Ayrault : la morale.
Le Casier Judiciaire et le Service central d’Etat civil du MAE assimilés à des entreprises ! Effectivement, peu de chance de voir ce service exporté.
Nantes particulièrement protégée de la mondialisation, j’ai du mal à le voir. Nantes-Saint-Nazaire est un chantier leader de construction navale. Soutenue certes par des aides de l’Etat mais passé plusieurs fois dans le grand jeu de l’actionnariat mondial. Il appartient à des Coréens (pour l’instant). C’est le premier port à bois français et par pour l’exportation.
La mondialisation, elle connait.
Non, Nantes a simplement de la chance. Elle entre parfaitement dans le moule des agglomérations occidentales à potentiel.
Une ville à la densité limitée. Anciennement ouvrière mais dont la fin du modèle industriel s’est fait en douceur (ce sont les lois de l’hydrographie plus que de l’économie mondialisée qui ont délocalisé ses chantiers à 50kms, elle a eu le temps de le voir venir). Agglomération pas encore tout à fais littorale mais qui le devient (la réalité est beaucoup plus Nantes-Saint-Nazaire que la seule Nantes). Une population diplômée. Une croissance économique basée sur la spéculation immobilière grâce à ses friches (je n’ai pas encore vu en France une ville avec tant de grues) alors que la France est depuis longtemps un marché morose.
Nantes doit sa dynamique à elle-même. En revanche, j’ai bien peur qu’elle gâche très fortement cette dynamique en se complaisant dans son optimisme béat, voyant qu’elle s’en tire mieux que les autres.
Le poison de la mentalité française lui a été inoculé.
Parce que vos critiques s’appliquent à l’Etat français dans son ensemble.
Pour comparer avec Bordeaux et Toulouse (voir la Rochelle), villes au moins aussi dynamiques (parce que pas saturées), Nantes et Rennes ont au moins un arrière-pays qui l’est tout autant, travaillant beaucoup pour elles et la soutenant. Les campagnes se sont récemment industrialisées et surtout par l’agro-alimentaire qui échappait il y a peu au grand jeu, contrairement à l’arrière pays du sud-ouest.Le quart nord-ouest (Régions Bretagne, Pays-de-la-Loire; ex-Basse-Normandie) est le seul de France où la moyenne des revenus reste correct et surtout avec les disparités les moins prononcées. Ce n’est certainement pas du aux subventions de l’Etat mais aux populations. Et à l’UE.
Mais le bon temps est fini et l’Etat, qui a été obligé par l’UE à subventionner ce coin, après des siècles à le laisser sciemment dans le sous-développement, ne voyant pas l’océan, se croyant toujours au temps de François Ier ou Louis XIV (et parce que l’Anglois la lui mettait à chaque fois, certains peuvent bien se consoler avec Jeanne d’Arc, l’Angleterre n’est vraiment devenu l’Angleterre qu’après la Guerre de Cent Ans et tout gagner depuis, jusqu’à Tatcher qui a pourtant réussi sur le court terme), l’Etat donc va se retourner vers cette richesse pour l’accaparer. En commençant par culpabiliser.
Comme vous le faites, d’ailleurs.
L’Etat ne se gênera pas pour lui mettre la tête sous l’eau au nom de la sacro-sainte égalité jacobine: les mêmes inégalités partout.
Pas pour le plaisir de les enfoncer mais par mode de fonctionnement. La France, c’est surtout d’abord ignorer les problèmes. Puis n’identifier que ceux qui peuvent être travailler sans changer de modèle. Puis colmater les brèches. Quand le bateau prend l’eau beaucoup plus d’un côté que d’un autre, on écope à l’intérieur même du bateau pour l’équilibrer. Il coule alors moins vite que d’autres mais il coule quand même. Mais pendant ce temps, ceux qui auraient pu construire un radeau n’ont pas pu le faire.
Comme en plus l’UE, seule institution qui aura été bénéfique à la Bretagne après des siècles d’un Etat parisien mortifère, s’écroule, ça va effectivement être difficile.
La seule alternative est l’autonomie à une Bretagne réunifiée. Ce n’est pas une assurance de s’en sortir dans la mondialisation mais c’est la noblesse de prendre ses responsabilités et de tenter quelque chose plutôt que de rester à regarder votre maison qui brûle sans rien faire parce que le propriétaire vous retient, alors qu’il sait qu’il n’est pas assuré.
« Le Casier Judiciaire et le Service central d’Etat civil du MAE assimilés
à des entreprises ! Effectivement, peu de chance de voir ce service
exporté. »
C’est l’effet d’un pet sur une toile cirée pour l’économie.
Si vous pensez vraiment que ça a une importance, c’est que vous ne réalisez pas le niveau de ruines et d’incapacité auquel est arrivé l’Etat.
J’aurais même tendance à dire que ce doit plus être un boulet qu’autre chose.
Je ne suis pourtant en rien libéral et anti-administration. Je pense que l’administration est fondamentale et primordiale. Mais qu’elle doit être bien organisée et légitime. Démocratique donc. Les actionnaires étant les citoyens.
L’administration française ne l’étant pas, c’est un boulet.
« Eden Bobo » …
Oui, bien sûr, il y a effectivement trop de bobos à Nantes, comme ailleurs.
Mais il ne faut pas voir que cela.
Nantes, la Loire-Atlantique, la Bretagne, la région des Pays de Loire, la Normandie toute proche, ce sont aussi des régions dynamiques, laborieuses, créatrices, inventives.
Nous ne sommes pas les meilleurs dans tout, mais nous le sommes souvent, et nous sommes très loin d’être aussi mauvais que l’on voudrait nous le faire croire !
http://www.meretmarine.com/fr/content/man-diversifie-les-types-de-combustibles-pour-ses-moteurs
http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/airbus-pluie-commandes-nantes-sans-embauche-21-02-2015-194837
http://www.stxfrance.com/FR/stxfrance-actualite-50-HARMONY%20OF%20THE%20SEAS%20A%20REJOINT%20LE%20BASSIN%20C.awp
Je suis souvent allé à Nantes
Or, j’ai vu cette ville se transformer…
La ville a été envahie par les bobos parisiens que l’on peut aisément reconnaitre à leur tenue vestimentaire typique (mode écharpe rouge chapeau en plein printemps)
Le parc on l’on pouvait naguère respirer a été bétonné, il est devenu pratiquement impossible de se garer en centre ville: Si vous avez le malheur d’être pauvre à Nantes, c’est l’enfer. Les loyers sont devenus hors de prix et pour prendre le OUIBUS, il faut se rendre dans un lycée en périphérie de la ville.
L’état d’esprit aussi a changé. Beaucoup de Nantais sont devenus hautains, méprisants et aimant l’apparence. Ils vivent pour beaucoup dans des ghettos résidentiels ou les commerces sont hors de prix
La légende veut qu’il soit facile de trouver un travail à Nantes:C’est faux à moins d’avoir 5ans d’expérience et que vous soyez prêts à vous écraser devant un petit chef parisien s’autoproclamant Nantais
Cette ville me répugne désormais. Nantes, ce n’est pas la vraie Bretagne, ce n’est pas l’esprit breton. C’est un ghetto de bobos parisiens
La vraie bretagne, c’est Lorient, Brest, St Malo Rennes
Nantes n’est plus et ne sera jamais plus la Bretagne
Nantes a sa place en Loire Atlantique