12/06/2015 – 09H00 France (Breizh-info.com) – Il parait que les militants du PS ont perdu la foi : « en cette belle soirée de Mai, à Nantes, un militant, enfermé dans une salle du Parti socialiste, saisit le micro. Il a les traits tirés de celui qui n’est pas bien sûr de savoir ce qu’il fait là. « Nous sommes en congrès, mais les Français s’en fichent complêtement. Je ressens chaque jour de plus en plus le décalage, l’aspect inaudible de notre discours, avec mes voisins, ma famille …», se désole-t-il. En face de lui, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, encaisse.
Cette crise du politique, elle se perçoit dans ces réunions de section qui ne se tiennent plus qu’une fois l’an dans certaines fédérations socialistes. (…) Elle est perceptible, encore, chez ces militants aux abonnés absents à l’heure d’aller tracter sur les matchés. « A ce rythme là, je ne vois pas qui va faire campagne en 2017 », prévenait il y a quelques mois Marc Coatanéa, le patron de la fédération socialiste du Finistère (Le Monde, 24-25 mai 2015).
Il n’est pas certain que cet effondrement de l’activité militante préoccupe beaucoup M. Cambadélis puisque, depuis longtemps, le moteur du PS se limite aux élus, à leurs collaborateurs et aux cadres A de la fonction publique.
En attendant, le premier secrétaire rame pour limiter la casse aux élections régionales de décembre. Sa recette se dessine petit à petit :
« Je propose d’allers vers le dépassement du PS pour bâtir une alliance populaire qui s’articule sur des collectifs départementaux de citoyens, pas sur des alliances d’appareils, pour créer un grand mouvement populaire qui défende les valeurs de la République et de la gauche contemporaine » (l’Obs, 4 juin 2015).
Conclure des accords aux régionales signifie constituer une liste unique, même si on ne le proclame pas avec force pour l’instant : « je milite pour. Il faut avoir une vision offensive vis à vis du Fn et défensive vis à vis d’une droite qui peut espérer faire un grand chelem. Mon objectif n’est pas que le PS se retrouve avec une implantation régionale minimale, que le PC disparaisse et que les écologistes n’en soient pas loin.
Je fais tout pour que l’union se fasse au premier tour, ou au minimum au second. Nos désaccords peuvent être surmontés avec les Verts. Avec le PCF, il faut les assumer. Il n y a pas une gauche qui puisse faire la leçon à une autre. Mais il faut séparer nos divergences sur la politique nationale et la gestion locale des régions. Je suis même pour faire un programme régional qui soit discuté entre les formations. » (Le Monde, 30 mai 2015).
Effectivement, à partir du moment où on sépare les divergences nationales et locales, tout devient possible. En Bretagne, la situation apparait simple. Les Verts ne demandent qu’à récupérer quelques strapontins sur la liste de gauche « officielle» et les communistes sont bien incapables de monter une liste autonome ; ça n’est pas Gérard Lahellec (PCF), vice-président chargé des transports, qui prétendra le contraire …Par conséquence, le décideur s’appelle Jean-Yves Le Drian. Et lui seul. La constitution de la liste dépendra de son bon vouloir et non point d’une quelconque négociation.
Bernard Morvan
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.