Pour anticiper les problèmes, la municipalité de Plouvien avait pourtant pris ses précautions en cédant sa petite façade littorale – 20 hectares – à la commune voisine de Tréglonou, au risque de défrayer la chronique. Ce qui n’a pas raté. Quand bien même derrière l’astuce d’un village breton se dévoilait le malaise profond pour des villages de voir le maquis juridique français entraver des projets économiques importants pouvant leur apporter un avenir meilleur sans forcément saccager le paysage ou la qualité de l’environnement.
Cela n’a pas empêché le tribunal administratif de Rennes d’annuler le PLU de la commune, et donc l’extension de l’usine. Pourtant, soixante millions d’euros et 80 emplois sont en jeu, sans compter les parts de marché qui devaient être gagnés par des produits bretons à l’étranger, puisque la production est destinée à l’export vers la Chine. Un peu plus d’un mois après, l’on sait que l’inauguration de l’usine prendra neuf mois de retard
Gilles Falch’un, PDG du groupe Sill, a laissé éclater sa colère en filant la métaphore sportive : « Cette succession de procédures entraîne un ras-le-bol général et de l’inquiétude pour nos salariés comme pour nos engagements bancaires. Nous prenons le risque de ne pas traiter l’ensemble du lait prévu. C’est vraiment difficile de piloter une entreprise dans ces conditions. C’est du 110 mètres haies. Je préférerais que cela soit du curling, avec des pouvoirs publics qui nous faciliteraient l’accès à la cible plutôt que nous freiner« .
Aux dernières nouvelles, le groupe s’est tourné vers la commune voisine de Milizac, où il existe une zone industrielle de 15 hectares dont 6 sont déjà occupés ou réservés. Mais le projet d’usine a tout de suite suscité l’ire de trois associations dont Eaux et Rivières de Bretagne qui ont réussi à monter nombre de riverains contre un projet pourtant respectueux de l’environnement et bénéfique pour l’économie locale. Une fois de plus, la justice et les associations françaises ont réussi à démontrer aux Bretons que créer et maintenir une entreprise dans ce pays, c’est du sport de haut niveau. Et pendant ce temps, dans l’indifférence générale, jeunes Bretons et Français doivent s’expatrier…
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