07/04/2015 – 08H15 Nantes (Breizh-info.com) – On reproche souvent à la comparution immédiate d’être une justice expéditive et rigoureuse. L’audience du 1er avril en correctionnelle à Nantes s’était sans doute donnée pour objectif de faire mentir le préjugé.
Pour juger la première affaire – une série de vols et de deals de stupéfiants entre Clisson et Nantes – le juge, statuant seul, n’a eu besoin que d’une demi-heure. G. a été accusé d’avoir commis deux vols, en février et mars 2015 à Clisson – dont un au préjudice de l’hebdomadaire local – ainsi que détenu, acquis et cédé des stupéfiants entre septembre et fin mars à Clisson et Nantes. Pour le représentant du parquet les faits étaient clairs et il réclamait 12 mois avec sursis. Le juge a divisé par deux la peine et c’est avec 6 mois de sursis mise à l’épreuve que G. repart de l’audience.
Le client suivant (et dernier), Saïd R. passait pour violences conjugales. Le 30 mars 2015, une dispute avec sa femme dégénère et il lui met – selon elle – deux claques, après quoi elle aurait saigné du nez. L’accusé reconnaît que la discussion a dégénéré mais ne reconnaît que lui avoir jeté « un paquet de tabac souple » et « une boîte de tubes » en papier à la figure. La police étant intervenue rapidement, il a été arrêté et comparaît entre deux gendarmes.
Le profil du prévenu mérite que l’on s’y attarde : son casier porte la trace de pas moins de 24 condamnations, pour l’essentiel des vols, des évasions, extorsions, abus de confiance, cession de stupéfiants, usages de chèques contrefaits et autres escroqueries. Saïd a déjà giflé la victime, en 2011, entre deux peines de prison, ce qui ne l’a pas empêché de l’épouser alors qu’il était en train de purger une peine de cinq ans. Il est sorti depuis à peine un mois, cherche tous azimuts – et en vain – un emploi dans l’entretien et son moral n’est pas au beau fixe, plaide son avocat.
Au cours de l’audience, la victime s’emmêle. Une claque ou deux claques? La question reste ouverte. Le procureur est visiblement perplexe en proposant sa peine : « J’avais pensé à une amende et une interdiction de rentrer en contact avec la victime, ou une contrainte pénale avec une obligation de travail et de soins ». Résultat : le prévenu est relaxé au bénéfice du doute. Commentaire d’un habitué du tribunal : «Une victime pas sûre de ses dires, un proc’ qui ne propose pas vraiment de peine, ça donne une relaxe logique. Par ailleurs si le prévenu avait été condamné, il aurait pu faire appel avec comme argument principal d’avoir été reconnu coupable par son casier ».
Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra/Flickr (cc)
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