Aux États-Unis, la mobilisation s’intensifie contre l’utilisation massive de colorants artificiels dans l’alimentation, accusés d’avoir des effets délétères sur le développement neurologique des enfants. Témoignages, campagnes de sensibilisation, projets de loi : un sujet longtemps ignoré refait aujourd’hui surface avec force.
Un lien entre troubles du comportement et alimentation
Whitney et Brandon Cawood, comme beaucoup de parents, pensaient leur fils simplement turbulent. Jusqu’au jour où l’éviction du gluten, des produits laitiers, mais surtout des colorants artificiels de son alimentation a provoqué une transformation spectaculaire : un enfant calme et réfléchi a émergé, mettant en lumière une intolérance jusque-là insoupçonnée.
À peine quelques minutes après avoir réintroduit des produits colorés artificiellement, les anciens comportements agressifs réapparaissaient. Pour les Cawood, l’évidence était là : les colorants chimiques agissaient comme un perturbateur du comportement de leur fils.
Depuis les années 1970, des études scientifiques suggèrent un lien entre les colorants artificiels et l’apparition de troubles tels que l’hyperactivité, l’impulsivité ou les difficultés d’attention, même chez des enfants ne présentant pas de diagnostic officiel de TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité).
Une méta-analyse récente indique que plus de la moitié des études examinées trouvent une corrélation significative entre ingestion de colorants et troubles comportementaux. Pourtant, aux États-Unis, ces additifs restent massivement utilisés dans l’industrie agroalimentaire, alors même que des alternatives naturelles existent.
Une mobilisation grandissante
Face à l’inertie des autorités, certains parents comme Whitney Cawood ont pris les devants : en créant des groupes d’entraide sur les réseaux sociaux, rassemblant des centaines de milliers de familles confrontées aux mêmes difficultés. À cette mobilisation citoyenne s’ajoute une pression politique croissante. Robert F. Kennedy Jr. s’est engagé à lutter contre ce qu’il qualifie de « empoisonnement massif des enfants américains », ciblant notamment le colorant Yellow 5 (tartrazine).
Les colorants synthétiques ne se cachent pas seulement dans les sucreries. Ils contaminent aussi de nombreux produits de consommation courante : boissons, médicaments pour enfants, vitamines, voire certains produits alimentaires insoupçonnés comme les cornichons ou les pains colorés.
En Californie, un rapport approfondi de l’Agence de protection de l’environnement a confirmé les effets néfastes des colorants sur le comportement des enfants. Il a contribué à des décisions législatives : en 2025, la Californie a interdit le Red 3, et d’autres interdictions entreront en vigueur dans les écoles dès 2028.
Des solutions simples, mais une vigilance nécessaire
Pour les familles souhaitant limiter l’exposition aux colorants artificiels, le recours aux aliments bruts, peu transformés, et aux produits garantis sans additifs chimiques est recommandé. Selon des médecins comme le Dr Alan Greene, cette vigilance peut transformer en profondeur le comportement des enfants concernés, apaisant aussi bien les dynamiques familiales que scolaires.
Un documentaire intitulé « To Dye For » est en cours de diffusion pour sensibiliser le grand public à ces enjeux, en insistant sur une approche positive : il est possible de changer les choses sans sombrer dans l’angoisse ni bouleverser entièrement son mode de vie.
Alors que l’Europe impose depuis 2010 un étiquetage spécifique sur les produits contenant des colorants artificiels, poussant l’industrie à adopter des alternatives naturelles, les États-Unis—et par extension d’autres marchés comme la France—restent encore largement exposés à ces additifs inutiles et potentiellement nocifs.
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