Pratiques, omniprésents, mais potentiellement nocifs : les écouteurs sont accusés de favoriser les infections de l’oreille. En cause, leur port prolongé et l’insuffisance de recommandations claires de la part des fabricants.
Un terrain propice aux infections
Selon une enquête publiée par 60 Millions de consommateurs le 23 avril 2025, l’usage prolongé des écouteurs (ou casques audio) peut être à l’origine d’otites à répétition. Le mécanisme est connu : le conduit auditif se nettoie naturellement grâce au cérumen, qui emporte avec lui cellules mortes et impuretés. En insérant un écouteur, ce processus est bloqué. Le canal auditif devient alors un espace clos, chaud et humide, idéal pour le développement de bactéries et de champignons.
Certains utilisateurs rapportent des épisodes infectieux dès l’adoption d’un nouveau modèle d’écouteurs intra-auriculaires. Même avec un nettoyage régulier, 60 Millions de consommateurs rappelle que le port prolongé de ces appareils, surtout à volume élevé, accroît les risques. L’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas dépasser 60 % du volume maximal pour préserver l’audition et limiter les complications.
Les bactéries se multiplient… en une heure
Ces constats sont étayés par plusieurs études scientifiques relayées dans un article d’Allodocteurs.fr datant du mois de novembre 2023. Une recherche conduite en 1992 par l’Institut médical naval de Bethesda (États-Unis) a montré qu’après une seule heure d’utilisation, la population bactérienne sur des écouteurs pourtant stérilisés était multipliée par onze. En 2008, l’université de Manipal (Inde) identifiait les staphylocoques comme principaux bénéficiaires de l’usage intensif des écouteurs.
Ces micro-organismes sont en général tolérés par le corps, mais leur prolifération, en particulier chez des utilisateurs sensibles, peut déclencher des infections. Le retrait et l’insertion fréquents d’écouteurs pourraient aussi favoriser des troubles, bien qu’aucune preuve formelle ne l’établisse à ce jour.
Une hygiène négligée, des fabricants peu contraints
Si certains constructeurs proposent des consignes de nettoyage, la prévention des risques infectieux est rarement mentionnée. Aucune obligation ne contraint aujourd’hui les fabricants à informer les consommateurs sur les effets potentiellement délétères d’un usage intensif. Or, ces appareils sont souvent utilisés plusieurs heures par jour, parfois dès le plus jeune âge.
Le constat est simple : des millions de consommateurs utilisent quotidiennement un produit qui obstrue l’une des zones les plus sensibles du corps humain, sans que les conséquences sanitaires soient pleinement prises en compte. Dans un contexte de sensibilisation croissante à la santé publique, l’inaction des industriels interroge.
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