En l’espace de trois semaines seulement, plus de 100 000 Afghans ont quitté le Pakistan pour retourner dans leur pays d’origine. Un chiffre impressionnant, qui démontre qu’avec un minimum de volonté politique, la remigration de populations étrangères installées durablement – parfois depuis des décennies – n’est pas une chimère. C’est une réalité mise en œuvre par Islamabad, sans demi-mesure ni tabou idéologique.
Depuis le 1er avril 2025, le gouvernement pakistanais a lancé une vaste campagne d’expulsions ciblant les ressortissants afghans vivant sur son sol. Selon les autorités, ces trois millions de personnes seraient en grande partie en situation irrégulière et, pour certaines, liées à des activités criminelles, au terrorisme ou au narcotrafic. Pour beaucoup, il s’agissait aussi de réfugiés installés depuis la guerre soviétique ou la guerre civile, parfois nés sur le sol pakistanais. Mais Islamabad a tranché : le droit national prime sur l’ancrage familial ou communautaire.
Une expulsion de masse… soutenue par la population
Contrairement à l’image d’Épinal d’une population toujours « solidaire » des réfugiés, cette opération bénéficie d’un large soutien de l’opinion publique pakistanaise. De nombreux citoyens se plaignent depuis longtemps de la pression sur le logement, l’emploi ou encore les services sociaux exercée par la présence massive d’étrangers. Certains dénoncent aussi l’insécurité croissante dans les zones frontalières, pointant du doigt les infiltrations de groupes armés depuis l’Afghanistan.
La méthode est claire : annulation des cartes de résidence, multiplication des contrôles de police, création de centres de rétention, et renvoi systématique vers les postes-frontières de Torkham ou Chaman. En parallèle, des centres temporaires ont été mis en place pour enregistrer les migrants et organiser leur départ.
Une remigration malgré les difficultés
Les conditions d’accueil en Afghanistan sont loin d’être idéales. Le pays est ravagé par la pauvreté, la déscolarisation massive, notamment des filles, et les restrictions imposées par les autorités talibanes. Pourtant, les convois se succèdent chaque jour, remplis de familles entassées sur des camions, balluchons à la main. Beaucoup partent par crainte d’être arrêtés ou harcelés, certains ayant même quitté le pays avant d’y être contraints.
Cette remigration forcée se fait dans un contexte sécuritaire tendu mais sans violences massives. Elle montre que même dans un pays pauvre et instable comme le Pakistan, il est possible de reprendre le contrôle sur ses flux migratoires – pour peu que les dirigeants en aient la volonté. La décision pakistanaise est d’ailleurs assumée politiquement, malgré les protestations internationales et les réserves des ONG.
Une leçon pour l’Europe ?
En Europe, on continue trop souvent à répéter que la remigration est irréaliste, irréalisable, voire « inhumaine ». Pourtant, le cas pakistanais prouve l’inverse. Il démontre qu’un État souverain peut, s’il le souhaite, organiser le retour de populations étrangères, même intégrées depuis plusieurs générations, même dans un contexte humanitaire difficile.
Bien sûr, chaque situation nationale est différente. Mais le principe demeure : la remigration n’est pas une utopie. C’est un choix politique. Et comme le montre l’exemple pakistanais, ce choix est applicable, même à très grande échelle. À l’heure où l’Europe est confrontée à des défis migratoires inédits, il serait peut-être temps de s’inspirer de ce qui fonctionne ailleurs, au lieu de persister dans l’inaction sous prétexte d’impossibilité.
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