Sous un ciel capricieux (mas au final plutôt clément) de printemps, près de 150 personnes ont convergé vers Koat-Keo pour une journée de mémoire consacrée à l’abbé Yann-Vari Perrot. Familles, enfants en costume traditionnel, militants bretons et fidèles catholiques étaient réunis dans un esprit de recueillement et de fidélité, à la croisée de la foi et de l’identité bretonne.
Quelques instant avant, devant la Croix rouge entièrement restaurée par des bénévoles passionnées, et érigée là où le prêtre fut abattu le 12 décembre 1943 par un militant communiste, les prières et les cantiques bretons ont résonné dans le silence solennel de la lande. Ce monument, hautement symbolique, rappelle le sacrifice d’un homme que ni la hiérarchie ecclésiastique, ni les forces politiques de son époque, n’ont su museler. Prêtre, écrivain, militant culturel, Yann-Vari Perrot incarne encore aujourd’hui une Bretagne enracinée, vivante, et fondamentalement chrétienne.
La messe qui a suivi en la chapelle a été célébrée en latin et en breton par Aotrou Divi Douarprad, prêtre basque et breton auteur d’un sermon qui restera dans les mémoires de tous les militants de la Foi et de la Bretagne. Une liturgie fervente et digne, où la bannière de Feiz ha Breizh – foi et Bretagne – a trouvé un écho puissant dans les cœurs des participants, dont beaucoup de jeunes. Au-delà du simple hommage historique, c’est une foi vivante, incarnée, qui était célébrée.
Une figure toujours combattue… donc toujours vivante
La présence de familles entières, de jeunes en habits traditionnels, de chrétiens convaincus, témoigne de la persistance d’un héritage que certains voudraient effacer. L’abbé Perrot, initiateur du Bleun-Brug et directeur de la revue Feiz ha Breiz, fut l’un des principaux artisans du réveil breton au XXe siècle. Défenseur infatigable de la langue, des traditions et de la foi, il paya de sa vie un engagement qui dérangeait autant Paris que Moscou.
Ce lundi de Pâques, à Scrignac, ce n’est pas une récupération politique qui était à l’œuvre, mais bien une démarche spirituelle : faire mémoire d’un martyr, prier pour son âme, mais aussi se ressourcer dans son exemple. L’abbé Perrot n’a jamais voulu être un « prêtre politique », et pourtant, comme l’a souligné Youenn Caouissin, héritier de sa mémoire, tous ses combats pour la Bretagne étaient aussi des combats de civilisation.
Une Bretagne sans foi n’a pas d’avenir
La chapelle de Koat-Keo, profanée en 2018, est redevenue pour un jour le cœur battant de la Bretagne chrétienne. L’encensement de la tombe, les cantiques bretons, ont scellé une fidélité indéfectible : celle à une mémoire combattue, mais invincible.
À l’heure où l’identité bretonne est menacée de dissolution dans une mondialisation sans racines, cet avertissement résonne avec une acuité particulière. Plus qu’une commémoration, c’est un appel lancé aux Bretons : celui de ne pas trahir l’âme de leur pays. Et cette âme, c’est Feiz ha Breizh.
YV
Crédit photo : breizh-info.com (DR)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine