Le 18 avril 2025, Renaud Camus, écrivain français et figure clivante du débat intellectuel européen, s’est vu refuser l’entrée au Royaume-Uni par les services du Home Office. Une mesure qui a fait bondir plus d’un défenseur de la liberté d’expression outre-Manche. Officiellement, sa présence n’aurait pas été « propice à l’intérêt public ». Comprendre : ce qu’il pense dérange, donc il doit se taire. Le paradoxe est d’autant plus frappant que le même gouvernement britannique tolère, sur son sol, la présence de délinquants multirécidivistes et de prêcheurs haineux. Camus, lui, devait simplement prendre la parole lors d’un événement organisé par le Homeland Party. L’affaire, au-delà du symbole, met en lumière une crispation grandissante autour de la liberté d’expression au Royaume-Uni — et suggère, en creux, l’émergence d’un autoritarisme doux, progressiste, mais de plus en plus féroce.
Renaud Camus : du journal intime au destin de lancer d’alerte incompris
Né en 1946 à Chamalières, Renaud Camus aurait pu rester ce diariste d’exception, ce styliste raffiné dont les phrases épousent les reliefs du paysage mental. Il fut d’abord militant homosexuel dans les années 1970, socialiste par élan puis par lassitude, avant de devenir, à la faveur d’un monde qui s’effondre, le témoin intranquille de son propre siècle. En 2010, il pose le mot qui fait trembler les claviers : « grand remplacement ». Un terme forgé dans son Abécédaire de l’in-nocence, pour dire ce qu’il voit – ou croit voir : un effacement démographique lent, méthodique, des peuples européens au profit d’une immigration de peuplement venue d’ailleurs. Scandale ? Peut-être. Mais impact ? Incontestable. Depuis son château de Plieux, où il écrit comme d’autres veillent, Camus poursuit son œuvre, défendant l’idée d’une remigration pacifique, sans jamais appeler à la violence, ce que ses détracteurs oublient volontiers. Son style est classique, acéré, élégant. Et son courage ? Rare. Même ceux qui s’opposent à lui reconnaissent qu’il pense — et qu’il signe.
Une onde de choc bien au-delà de la Manche
Traduit, publié, commenté : Renaud Camus n’est pas resté confiné à son château ni à la seule scène française. Grâce notamment à Vauban Books, maison d’édition anglophone peu soucieuse du politiquement correct, ses écrits ont franchi les frontières — et frappé les esprits. Le « grand remplacement », ce syntagme devenu dynamite idéologique, a trouvé un écho retentissant dans les cercles conservateurs du monde anglo-saxon. Des faubourgs de Londres aux campagnes de l’Ohio, les débats sur l’immigration, l’identité, la souveraineté y sont ravivés par la prose camusienne. Aux États-Unis comme au Royaume-Uni, on ne cite pas Camus à la légère : on s’en réclame, ou on l’exècre — mais on ne l’ignore plus. Dans un communiqué sans détour, Vauban Books l’a qualifié d’« un des plus grands écrivains vivants ». On peut hausser les épaules. Mais on ne peut nier que ses mots, nés en français, ont traversé la langue et l’Atlantique pour réactiver une question centrale : qui sommes-nous, si nous ne sommes plus chez nous ?
L’interdit, l’écrivain — et l’impunité des autres
Ce qui scandalise n’est pas seulement que l’on interdise Renaud Camus de séjour. C’est ce que cette interdiction dit de nos hiérarchies morales. Le Home Office, dans son infinie sagesse administrative, a estimé qu’un écrivain de 78 ans, sans casier, sans appel à la haine, représentait un trouble à l’ordre public. Pendant ce temps, les prisons débordent de criminels étrangers que l’État britannique peine à expulser. Violences, trafics, agressions sexuelles — tout cela est tolérable. Mais un penseur qui dérange ? Intolérable. Les statistiques parlent : des milliers de condamnés restent sur le territoire, protégés par les lenteurs bureaucratiques et les procédures d’appel. Camus, lui, n’a même pas franchi la police des frontières. Il devait s’exprimer dans une salle, devant quelques centaines de personnes. Pas de slogans, pas de cortèges. Juste des mots. Trop, sans doute. Il l’a résumé avec cette lucidité mordante qu’on lui connaît : « De tous les gouvernements européens coupables d’avoir autorisé une migration incontrôlée, le gouvernement britannique est l’un des plus coupables. Pas étonnant qu’il ne veuille pas que je m’exprime. »
L’Angleterre qui muselle : une liberté d’expression en habits de deuil
Le cas Camus n’est pas qu’un incident consulaire, c’est un thermomètre. Celui d’un Royaume autrefois chantre du libéralisme politique, désormais plus prompt à censurer qu’à débattre. Le Homeland Party, qui devait accueillir l’écrivain, a dénoncé « un coup honteux porté à la liberté d’expression ». Vauban Books, de son côté, a fustigé « l’abandon par le Royaume-Uni des principes fondamentaux de la démocratie libérale ». Et sur les réseaux sociaux, ce tribunal impitoyable, les mots ont fusé : « tyrannie islamogauchiste », « dictature douce », « excommunication médiatique ». Les noms changent, le fond demeure. Car Camus n’est pas seul à subir ce bannissement symbolique. Avant lui : Tommy Robinson, Katie Hopkins, et tant d’autres figures conservatrices, parfois outrancières mais souvent simplement dissidentes. Elles aussi mises à l’index au nom d’un ordre public devenu hypersensible. Couplées à un flicage du Net de plus en plus zélé, ces exclusions administratives et judiciaires dessinent une pente glissante : celle d’un royaume qui, au nom du vivre-ensemble, efface le droit de dire.
Vers un autoritarisme woke ? Le masque glisse
Ce que révèle l’affaire Camus, au fond, c’est une mue. Une bascule. Celle d’un Royaume-Uni qui troque sa tradition de débats rugueux contre une nouvelle orthodoxie : l’ordre moral progressiste. Interdire un écrivain au nom du « trouble potentiel à l’ordre public », c’est ne plus distinguer entre la parole et l’émeute. C’est juger qu’un discours dérangeant vaut une menace. Que la paix sociale passe avant la vérité. Et que le silence vaut mieux que le débat. Derrière cette logique, une question se pose, urgente : assiste-t-on à l’émergence d’un autoritarisme woke ? Un pouvoir qui ne se dit pas tel, mais qui opère par glissements : d’abord on désinvite, ensuite on déréférence, on marginalise, enfin on interdit. Dans ce climat, toute critique de l’immigration, de l’islam ou du multiculturalisme est rangée dans la case « discours haineux », sans autre forme d’examen. Et le gouvernement de Keir Starmer, chantre d’une gauche modérée en apparence, est de plus en plus soupçonné de céder à des pressions de la gauche la plus délirante. L’affaire Camus n’est pas un accident. C’est un marqueur. Un moment où la démocratie trébuche en voulant éviter le conflit — et le remplace par la censure.
Quand le commerce croise la censure : l’allié libre-échangiste à géométrie variable
L’interdiction faite à Renaud Camus d’entrer au Royaume-Uni, ce 18 avril 2025, n’est pas tombée au hasard : elle surgit en pleine négociation d’un accord commercial stratégique avec les États-Unis. Et là réside le paradoxe. Car Washington, sous la pression de sénateurs républicains comme Ted Cruz ou Josh Hawley, exige noir sur blanc des garanties en matière de liberté d’expression. Pas de deal post-Brexit sans preuve que Londres respecte encore le droit de critiquer — y compris l’immigration, l’identité nationale, l’islam. Lors des pourparlers de février 2025 à Londres, Robert Lighthizer, envoyé spécial du commerce américain, a prévenu : pas de business sans principes. Et pendant ce temps, le Home Office interdit de territoire un écrivain de 78 ans pour des idées qui dérangent sans inciter à la haine. Fox News crie à la censure. Les réseaux sociaux américains s’enflamment. La dissonance est flagrante : le Royaume-Uni veut le libre-échange, mais pas le libre débat. Il ouvre son marché, mais ferme ses portes aux mots. Cette contradiction fragilise ses positions sur les droits de douane, l’agriculture, les services. Car quand une démocratie censure un écrivain, elle perd plus qu’un partenaire commercial : elle perd la face.
Starmer entre marteau antifas et enclume américaine
L’affaire Camus plonge le gouvernement de Keir Starmer dans une posture acrobatique. D’un côté, le Home Office justifie l’interdiction au nom d’un possible « trouble à l’ordre public », formule passe-partout qui cache mal la crainte de voir débouler les éternels antifas, ces milices officieuses de la tolérance, déjà à l’œuvre lors de la conférence avortée de Tommy Robinson à Manchester en 2023. De l’autre, la mesure attise l’exaspération de Washington, où l’on compile les dérives liberticides britanniques comme autant de pièces à conviction. Laurence Fox arrêté pour des tweets trop abrupts, comptes suspendus sous couvert de loi anti-haine numérique, et désormais un écrivain banni pour crime de pensée. L’Heritage Foundation n’en perd pas une miette. Et au Wall Street Journal, on évoque déjà des exigences américaines : réforme du cadre légal, encadrement des interdictions d’orateurs, voire gel temporaire des mesures de censure. Le deal transatlantique risque de se transformer en marchandage philosophique. Pendant que la City rêve de vendre du service financier à la pelle, le pays de Locke et de Mill se débat avec des contradictions de plus en plus criantes. En matière de liberté d’expression, on n’exporte pas ce qu’on ne pratique plus chez soi.
Quand les élites embrassent le pluralisme… et détournent le regard
À observer les élites britanniques — politiques, médiatiques, institutionnelles — on peine à discerner une ligne claire. Leur posture face à l’islam et au multiculturalisme tient souvent du funambule : entre reconnaissance fataliste des bouleversements démographiques et refus obstiné d’en tirer les conséquences. Une partie de ces élites, travaillistes en tête, mais aussi quelques conservateurs repensés façon global Britain, semblent avoir fait leur deuil de l’Angleterre ancienne — celle, blanche, chrétienne, anglo-saxonne — considérée comme un reliquat folklorique. Le discours officiel ? La diversité est une richesse, et l’islam un fleuve tranquille à intégrer au paysage. Des figures comme Sadiq Khan, maire de Londres et chantre d’un progressisme communautaire assumé, célèbrent le ramadan en fanfare, micro tendu et sourires officiels, comme l’a rapporté The Guardian en mars 2024. Mais derrière les lanternes et les discours, l’ombre des concessions s’allonge. Près de 85 tribunaux islamiques, opérant selon la charia, statuent sur des affaires familiales dans une zone grise où les droits des femmes s’effacent au profit de coutumes importées. Et face à cela : silence radio. Ce qu’on tolère ici, on criminalise là. Car toute critique de ce nouvel ordre est jugée « islamophobe ». Le procès est automatique. L’exemple de Tommy Robinson, arrêté, honni, effacé, en dit long. Le dogme diversitaire ne se discute pas : il s’applique. Et gare à ceux qui persistent à voir dans l’identité britannique un héritage qu’on ne saurait troquer sans dommages.
Quand la peur d’offenser devient une politique pénale
Il est des compromissions qui ne s’effacent pas. Celle qui entoure le scandale des grooming gangs restera comme une tache dans l’histoire contemporaine britannique. Des centaines de jeunes filles blanches, souvent issues des classes populaires, ont été abusées, violées, prostituées par des réseaux majoritairement composés d’hommes d’origine pakistanaise. Et pendant des années, les autorités ont regardé ailleurs. La police, tétanisée. Les services sociaux, paralysés. Pourquoi ? Parce qu’intervenir aurait impliqué de nommer les choses. De risquer le mot maudit : racisme. Le Telegraph, dans un article du 9 avril 2025, révèle que certaines enquêtes ont été discrètement enterrées par le gouvernement travailliste pour ne pas « offenser » la communauté concernée. On a donc préféré trahir les victimes que froisser les susceptibilités communautaires. Les villes de Rotherham, Rochdale et tant d’autres portent encore les stigmates de cette lâcheté institutionnelle. Ce silence coupable contraste cruellement avec la répression, bruyante et inflexible, des discours dits « d’extrême droite ». La justice se montre impitoyable avec les mots, indulgente avec les actes. Une justice à deux vitesses, où la peur d’un reproche médiatique pèse plus lourd que la souffrance des enfants. Cette dissymétrie alimente une défiance grandissante : un sentiment que l’ordre établi ne protège plus le peuple, mais son propre confort moral.
Une couronne pour tous… sauf pour l’Angleterre d’hier
Même la monarchie, refuge supposé des permanences britanniques, n’échappe pas à cette ambivalence qui caractérise les élites du Royaume. Charles III, qui aime à se présenter comme « défenseur de toutes les fois », multiplie les gestes d’ouverture envers l’islam. En 2024, ses vœux de ramadan, relayés en grande pompe par The Guardian, faisaient presque figure de déclaration d’allégeance culturelle. Mais lorsqu’il s’agit de Pâques ou de Noël, les mots sont plus neutres, plus timides, comme lestés d’un malaise postcolonial autoinfligé. Ce déséquilibre alimente un sentiment diffus mais persistant : celui d’une marginalisation feutrée du christianisme au nom d’un pluralisme devenu quasi liturgique. La réponse massive des jeunes anglais de souche en cette Pâque 2025 est une réponse cinglante d’un peuple outragé. Et les conservateurs eux-mêmes participent à cette mise en scène du renoncement. En promouvant à la tête du pays des figures non issues de l’Angleterre historique — Rishi Sunak, ancien premier ministre d’origine indienne, ou Kemi Badenoch, opposante désormais en première ligne et d’origine nigériane — ils donnent des gages à la diversité tout en désorientant leur propre base. Ces choix sont perçus par par une frange woke de la population comme des signes de progrès, par d’autres comme une résignation, voire une capitulation devant un changement démographique jugé inexorable. Entre célébration d’un multiculturalisme radieux et répression féroce de ses critiques, les élites creusent un fossé. Et dans ce vide grandissant, une partie du peuple britannique entend le murmure d’un monde qui s’efface — et que personne ne semble vouloir défendre.
Un visa refusé, un signal envoyé
Ne nous y trompons pas : l’interdiction d’entrée faite à Renaud Camus n’est pas un simple caprice administratif. C’est un acte politique chargé, un geste hautement symbolique dans une Angleterre qui vacille entre identité résiduelle et gouvernance inclusive. Cette décision cristallise tout ce que le débat britannique ne sait plus formuler sans trembler : la liberté d’expression, l’immigration, l’identité. Elle tombe dans un moment où le pays tangue, où la société se divise entre partisans d’un pluralisme sans frein et tenants d’un enracinement devenu suspect. Le soupçon d’un « autoritarisme woke » n’est plus une lubie marginale : c’est un sentiment qui s’installe, s’élargit, s’approfondit. En barrant la route à Camus, le gouvernement ne ferme pas seulement une frontière ; il alimente un feu. Celui de ceux qui, comme lui, croient que l’Europe se défait par le haut — et qu’il est temps, non pas de se révolter, mais de penser encore. Résister par la parole, quand les portes se ferment au nom du confort idéologique. Voilà ce que cette affaire résume, en une page de refus tamponnée par l’État.
Balbino Katz
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Une réponse à “Royaume-Uni. Quand Renaud Camus devient persona non grata : une démocratie qui bâillonne au nom du bien”
Évoquer un manque de démocratie revient à soutenir le système démocratique. C’est comme de critiquer les décisions du gouvernement français tout en voulant que la France reste dans l’UE. Comme d’accuser un pays de ne pas respecter les droits de l’homme. Qui a écrit cette charte des droits de l’homme? Non la démocratie actuelle, où le président a tous les pouvoirs et le parlement et l’assemblée sont des chambres d’enregistrement n’est pas un régime pour la France. Avec un 49.3 et un gouvernement non élu par le peuple. Von der Leyen, chef de la démocratique UE n’est pas élue. Le peuple français a voté non à la CE/UE. Il paraitrait que Israël serait une démocratie. A minima une théocratie. Zelensky qui n’est plus président et continue de gouverner, une démocratie. Les USA veulent vendre et imposer leur démocratie à la planète