Flèche Wallonne 2025 : au royaume du Mur, les rois grimpent à pas de géant

Chaque printemps, lorsque les vallées de la Meuse se parent d’un vert druidique et que les pelotons fredonnent encore les échos de l’Amstel, les puncheurs du monde entier convergent vers une humble colline que l’on dirait sortie d’un conte : le Mur de Huy. Là, sur cette rampe assassine que la géographie a posée là pour troubler la géométrie des jambes, se joue un drame antique aux allures modernes : la Flèche Wallonne.

Le 23 avril prochain, la 89e édition de cette épreuve mythique verra deux étoiles s’aligner sous le ciel wallon comme deux gladiateurs sur les pavés d’un Colisée végétal : Remco Evenepoel, prince revenu de blessures, et Tadej Pogacar, souverain en campagne, tenant du titre et flèche slovène décochée droit dans le cœur du cyclisme.

Evenepoel, qui fit ses armes dans les plaines flamandes, rêve d’enfin inscrire son nom sur les pentes du Mur, comme Criquielion en son temps, dont le virage le plus cruel porte encore la mémoire. Trois ans après une première tentative timide (43e), le voilà de retour, lesté de deux Liège-Bastogne-Liège, d’un arc-en-ciel de champion du monde et de l’expérience qui forge les destins. En face, Pogacar, esthète à la chevelure d’ange et aux mollets de titan, pourrait, lui, transformer le Mur en simple marchepied pour son ego déjà olympien.

Mais les jeunes n’ont pas dit leur dernier mot. Thibau Nys, Lenny Martinez, Maxim Van Gils ou encore Romain Grégoire veulent bousculer l’ordre établi. La Flèche est souvent une affaire de patience, de dosage, de ruse… sauf quand elle devient, par miracle, chevauchée fantastique. Et dans un monde où tout semble calibré, chaque rêve de panache est un souffle d’oxygène pur.

Chez les dames, l’histoire est une boucle qui ne cesse de se refermer. Le Mur, cette falaise de bitume, n’a jamais su résister longtemps aux reines. Anna van der Breggen, qui y régnait jadis sept fois de suite, sort de sa retraite, comme on exhume une légende, pour venir défier celle qu’elle forma : Demi Vollering, sa disciple devenue rivale. À leurs côtés, Kasia Niewiadoma, lauréate l’an passé, jouera la carte du doublé ; tandis que Lotte Kopecky, cycliste de Flandres et aux ambitions alpines, espère faire chanter le Mur en flamand.

La course féminine, 28e du nom, rassemblera les meilleures grimpeuses de la planète, dans un ballet musclé et nerveux, dont les pointes de danse s’exécutent à 15 % de pente. Longo Borghini et Moolman-Pasio, éternelles dauphines, rêvent enfin d’une couronne à Huy, quand Gaia Realini et Liane Lippert entendent leur voler la vedette.

Le Mur, comme toujours, décidera. Il ne s’effraie ni des palmarès ni des prophéties. Il convoque les cuisses, les poumons et un brin d’irrationnel. Car à Huy, on ne gagne jamais seulement avec les jambes : il faut du caractère, de l’orgueil, un peu de folie, et parfois, un soupçon d’insolence. Dans l’effort suprême, l’homme cesse d’être animal pour devenir monument.

Rendez-vous donc mercredi pour l’une des dernières messes du cyclisme romantique, où les hommes et les femmes ne courent pas seulement pour la victoire, mais pour écrire leur nom dans la légende du Mur.

Crédit photo :

©A.S.O. / Jonathan Biche

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