Un adolescent se suicide à l’annonce de la libération anticipée de son agresseur sexuel

Le 30 mars dernier, Yanis, un adolescent de 17 ans, s’est suicidé à son domicile : il avait appris la remise en liberté de l’homme qui l’avait agressé sexuellement lorsqu’il avait douze ans. Le violeur multirécidiviste était revenu s’installer à 3 km de chez lui. Encore une mort à mettre au palmarès de la « justice » française.

« Le récidiviste n’avait pas effectué la moitié de sa peine derrière les barreaux« . Cette phrase est devenue un mantra qui inaugure un nombre bien trop élevé d’affaires criminelles. Elle a encore une fois été prononcée par des parents, ceux de Yanis, un jeune habitant de Thyez en Haute-Savoie, victime d’agression sexuelle par un voisin quand il n’avait encore que douze ans. Jugé au tribunal de Bonneville, l’auteur des agressions avait écopé d’une peine de 5 ans de prison ferme et de 15 ans de suivi socio-judiciaire.

Avant de mettre fin à ses jours, Yanis avait expliqué son geste dans une note écrite sur son téléphone portable intitulée « Lettre de suicide version finale ». Il y évoquait la crainte de croiser son agresseur et celle de savoir ce qu’il pourrait faire à d’autres enfants. Deux interrogations que ne s’est pas posées le juge d’application des peines (sic) qui a jugé bon de libérer l’auteur des faits après seulement deux ans et quatre mois de réclusion, moins que les cinq ans requis lors de son procès. Pire : s’il avait interdiction d’entrer en contact avec Yanis, aucune contrainte de périmètre ne lui avait été imposée.

Dans une story sur Instagram réservée à ses proches, le jeune homme avait publié ces mots que nous partageons dans l’espoir qu’ils fassent réfléchir quelques magistrats sur la portée de leur laxisme :

« Je me suis estimé heureux au verdict du procès. 5 ans c’est ce qu’il aurait dû faire. 5 ans pendant lesquels j’étais assuré de ne pas le croiser. C’était assez pour me laisser le temps de finir les études et partir loin d’ici. C’était sans compter sur la justice. Aujourd’hui, 16 février 2025, après 2 ans et 4 mois incarcéré, pour, je rappelle agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans en état de récidive légale, condamné à deux reprises déjà, vient d’être libéré.

1 ans de procédure. 1 ans de bataille psychologique pour avancer et me reconstruire pourquoi ? Pour qu’il soit libéré avant la moitié de sa peine pour « bonne conduite ». Savoir pertinemment que l’homme qui m’a enlevé 3 ans de ma vie soit dehors en liberté à même pas 3 km de chez moi me répugne tellement. J’ai envie de crier, pleurer, casser mais je ne peux pas. Cet homme m’a brisé, détruit, et sali et parce qu’il a su se tenir en prison il n’effectuera pas les 2 ans et 6 mois de sa peine. 

(…)

Après 3 fois et une clémence de la part de la justice, je ne peux qu’imaginer le sentiment d’impunité qu’il doit ressentir actuellement. Il n’hésitera pas à recommencer, je le sais, ça me rend malade. »

Voilà ce à quoi mène les décisions de magistrats qui ont plus d’égards pour les criminels que pour leurs victimes, et en particulier celles des juges d’application des peines, qui sortent les criminels des prisons en invoquant la bonne conduite. Il est pourtant légitime de s’interroger sur ce point : s’agissant de violeurs, d’agresseurs sexuels et autres pédocriminels dont la brutalité se concentre sur des profils absents des centres de détention, la bonne conduite suffit-elle à assurer qu’il n’y aura pas de récidive ?  Les psychologues sont-ils à même d’évaluer correctement la dangerosité des auteurs de crimes et délits sexuels ? 

La récidive des auteurs d’actes pédocriminels semble indiquer que non.

En France, il est dit qu’« on ne commente pas une décision de justice ». Avant l’agression sexuelle de Yanis, l’homme avait déjà été condamné deux fois pour des faits similaires, en 2007 et en 2014.

Quand la responsabilité des juges sera-t-elle engagée ?

 

Audrey D’Aguanno

Crédit photo : capture Instragram de l’association Carl qui accompagne des enfants victimes de violences intrafamiliales et sexuelles.

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4 réponses à “Un adolescent se suicide à l’annonce de la libération anticipée de son agresseur sexuel”

  1. Gaï de Ropraz dit :

    C’est tragique. Et je pense aux parents …

    Comme quoi la Justice est loin d’être impartiale.
    Et pour preuve : Elle Tue !!!

  2. JLT dit :

    Est-il déjà arrivé qu’un juge d’application des peines aggrave la peine au lieu de la réduire ?

  3. concorde28 dit :

    NON, rarement!

  4. Arwen dit :

    Les juges partagent avec les racailles un sentiment d’impunité révoltant.
    Pauvre jeune garçon et pauvre famille…
    A l’approche de Pâques, je prie pour qu’ils trouvent le réconfort dans l’amour et la justice de Dieu qui, heureusement, n’est pas celle des hommes.

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