À Hennebont, le Haras national — joyau patrimonial breton chargé d’histoire — devait incarner une dynamique culturelle et touristique forte. Mais selon un rapport sévère de la Chambre régionale des comptes (CRC) de Bretagne publié en 2025, la gestion de l’établissement, désormais sous la responsabilité de Lorient Agglomération, laisse apparaître de nombreuses failles. Ambitions non consolidées, fréquentation décevante, incertitudes juridiques : le bilan contraste avec les promesses initiales.
Une reprise ambitieuse mais mal encadrée
Repris en 2016 par Lorient Agglomération, le Haras national d’Hennebont devait faire l’objet d’une reconversion ambitieuse alliant patrimoine, spectacles équestres, tourisme et formation. Un Groupement d’intérêt public (GIP) avait été envisagé dans un premier temps pour piloter la transition, avant que l’agglomération n’opte finalement pour une régie directe à partir de 2019.
Problème : cette décision a été prise sans évaluation sérieuse des coûts, ni des ressources humaines nécessaires. Résultat, selon la CRC : une montée en charge désorganisée, un flou sur les responsabilités et des moyens sous-dimensionnés pour atteindre les objectifs fixés.
Une programmation culturelle inaboutie
Le Haras devait devenir un centre culturel majeur autour du cheval. Si des spectacles équestres sont bien proposés, leur impact reste limité. En 2022, seuls 22 000 visiteurs payants ont été comptabilisés, alors que les prévisions initiales tablaient sur un public bien plus large.
La CRC pointe une absence de stratégie claire en matière d’offre culturelle, un déficit de communication extérieure, et un modèle économique bancal : trop de gratuité et peu de rentabilité.
Un flou juridique persistant
Le Haras national est une propriété de l’État, et le site est classé. Or, les relations juridiques entre Lorient Agglomération et l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) restent confuses. La convention d’occupation temporaire du domaine public n’a été signée qu’en 2023, soit sept ans après la reprise du site par l’agglomération.
Cette incertitude juridique a pénalisé la structuration du projet et fragilisé les partenariats avec les acteurs du monde équestre. Les agents de l’IFCE présents sur le site sont eux-mêmes dans une situation complexe, relevant d’une logique différente de celle du personnel territorial.
La CRC déplore le manque de pilotage politique clair, ainsi que l’absence d’indicateurs de performance. Les élus semblent s’être contentés d’un suivi passif, sans s’impliquer dans une stratégie de long terme. L’agglomération a par ailleurs échoué à mobiliser des partenaires privés ou institutionnels de façon pérenne, ce qui limite les perspectives de développement.
Des recommandations pour éviter le naufrage
Face à ces constats, la CRC formule plusieurs recommandations : clarifier les missions du Haras, consolider juridiquement les partenariats, améliorer la gouvernance, redéfinir la stratégie culturelle et commerciale, et instaurer un pilotage budgétaire plus rigoureux.
La renaissance du Haras national d’Hennebont n’est donc pas impossible, mais elle devra impérativement passer par un changement de cap. Sans un sursaut de rigueur et d’ambition, ce patrimoine vivant risque de n’être qu’une vitrine sans âme, sous perfusion publique.
Crédit photo : Wikipedia (cc)
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Une réponse à “Haras national d’Hennebont : des ambitions culturelles freinées par une gestion approximative”
La gabegie habituelle, une aubaine pour caser des copains et leurs enfants…tant qu’ils ne se balanceront pas au gibet de Monfaucon rien ne changera.