Le dernier baromètre annuel de l’entreprise teale, spécialisée dans la prévention de la santé mentale au travail, dresse un constat alarmant : moins d’un salarié sur deux se reconnaît encore dans les valeurs de son entreprise, et seulement 55 % trouvent de la satisfaction dans leur emploi, un chiffre en chute libre depuis 2023.
L’étude, fondée sur un panel représentatif de 10 000 salariés issus de tous secteurs, révèle une crise profonde de la relation entre employeurs et employés. La santé mentale devient l’un des principaux enjeux de rétention, tandis que l’alignement entre valeurs personnelles et valeurs d’entreprise apparaît désormais comme le premier déterminant de la fidélité des salariés.
Une rupture entre salariés et employeurs
En un an, le nombre de salariés déclarant ne plus se reconnaître dans leur entreprise a grimpé de 10 points : 40 % se sentent aujourd’hui en désaccord avec les valeurs de leur organisation. Pour 60 % d’entre eux, ce décalage est la raison principale d’un départ envisagé, malgré un contexte économique incertain. Ils préfèrent un cadre professionnel « sain », disent-ils, à une sécurité de l’emploi purement financière.
Plus frappant encore, 34 % des sondés déclarent vouloir quitter leur entreprise pour préserver leur santé mentale, un chiffre en constante augmentation (+4 points par rapport à 2023).
Le mal-être s’installe : stress, perte de sens et fatigue morale
Autre signal préoccupant : plus d’un tiers des salariés jugent leur niveau de stress professionnel inacceptable. Et chez les salariés insatisfaits, seuls 49 % se sentent encore « utiles », contre 82 % parmi les salariés satisfaits.
Quant à la possibilité de se former et d’évoluer dans son entreprise, elle est en baisse : seuls 58 % des collaborateurs estiment aujourd’hui pouvoir développer leurs compétences, contre 63 % un an plus tôt.
Le désengagement, note le rapport, touche toutes les générations et tous les niveaux hiérarchiques. Il n’épargne ni les cadres ni les jeunes recrues, preuve que le problème est structurel et non conjoncturel.
Productivité en berne et hémorragie des talents
Les conséquences sont lourdes pour les entreprises. Selon teale, 41 % des salariés ne se sentent pas motivés pour travailler de manière productive, un chiffre en hausse continue. Et le coût de cette crise silencieuse est élevé : 3 800 euros par an et par salarié, selon les estimations, en pertes liées à l’absentéisme, au turnover et à la baisse d’efficacité.
Les auteurs du baromètre appellent à une « transformation en profondeur » du monde du travail, et plaident pour faire de la santé mentale « une priorité nationale ». Mais rien n’indique pour l’instant une prise de conscience réelle, ni du côté des grandes entreprises, ni du côté de l’État.
Un symptôme du vide managérial et de la perte de repères
Au-delà des chiffres, ce baromètre met en lumière une désaffection croissante à l’égard du travail en entreprise. La cause ? Une perte de sens, de direction, de leadership. Dans un univers professionnel transformé en gestion sans âme, où les codes changent sans cesse, où l’on ne sait plus très bien qui fait quoi ni pourquoi, les salariés se détachent, se referment, s’éteignent.
Cette fatigue générale est aussi le reflet d’un monde économique où le lien collectif s’effondre, remplacé par des procédures déshumanisées, un management à distance et une culture d’entreprise souvent réduite à des slogans marketing.
Dans ce contexte, la revendication d’un alignement des valeurs n’est peut-être rien d’autre que la volonté de retrouver un sens perdu, et de ne plus être qu’un pion interchangeable dans un système déshumanisé.
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Une réponse à “Mal-être au travail : seuls 55 % des salariés se disent satisfaits de leur emploi”
Comme je le disait dans’l’temps en entreprises ou administrations: « L’ambiance au travail est la moitié de la paye »