Gestion chaotique, gouvernance défaillante, reconversion en panne : le rapport accablant de la Chambre régionale des comptes sur le haras national de Lamballe met en lumière les lacunes d’un site historique en quête d’avenir.
Le haras national de Lamballe, joyau patrimonial fondé en 1825, inscrit à l’inventaire des Monuments historiques depuis 2015, fait aujourd’hui figure de site mal gouverné et mal valorisé. C’est ce que révèle le dernier rapport définitif de la Chambre régionale des comptes de Bretagne, portant sur la période 2017-2023, rendu public début 2025.
Une gouvernance éclatée, un syndicat mixte inopérant
Depuis la cession du site par l’État en 2016, le syndicat mixte du haras national de Lamballe (SMHL) – regroupant la région Bretagne, le département des Côtes-d’Armor, la communauté d’agglomération Lamballe Terre & Mer et la ville de Lamballe – peine à assurer une gestion cohérente. La Chambre constate un fonctionnement institutionnel irrégulier : comité syndical réuni au minimum légal, quorum non respecté, absence de procès-verbaux, pouvoir décisionnel accaparé par le président sans fondement juridique, absence de véritable pilotage stratégique.
Deux des quatre instances prévues par les statuts (le bureau et le comité consultatif) sont inactives. Pire : plus de 550 000 euros de dépenses publiques ont été engagés entre 2017 et 2023 sans habilitation valable, exposant le président et la direction à des poursuites pour infraction financière.
Des finances publiques sollicitées à l’excès
Le modèle économique du haras repose encore aujourd’hui à 60 % sur les subventions publiques (commune, agglomération, département, région), dans un contexte budgétaire tendu. La diversification des recettes reste faible : à peine 19 % proviennent des activités propres. L’investissement principal des dernières années – le musée Mathurin Méheut, inauguré en 2022 pour 4,8 M€ – peine à atteindre ses objectifs de fréquentation.
La comptabilité analytique est lacunaire et biaisée, masquant les déficits réels des activités commerciales comme les concours, les stages ou la location de boxes. En réalité, ces activités sont indirectement subventionnées par les collectivités, en contradiction avec les principes de gestion publique.
Une reconversion lente et déséquilibrée
Si la partie sud du haras (musée, office de tourisme, accueil) a été réaménagée, la partie nord reste sous-utilisée, réservée à des activités équestres professionnelles en déclin. Seule une vingtaine de chevaux occupe les 111 boxes disponibles. Les écuries servent aussi d’espaces de stockage ou d’exposition temporaire.
Faute de projet stratégique global, la reconversion du site a été menée sans vision d’ensemble, principalement à l’initiative de Lamballe Terre & Mer, qui y a installé ses bureaux et des équipements touristiques. Le schéma de gouvernance est devenu obsolète, incapable de porter les ambitions d’un projet moderne et économiquement viable.
Appel à une refonte complète
La Chambre régionale des comptes émet huit recommandations, parmi lesquelles :
- Réviser les statuts du SMHL en désignant un pilote unique du site.
- Tenir une comptabilité analytique complète, permettant de déterminer les coûts réels par activité.
- Établir un plan stratégique de reconversion, incluant un schéma directeur du patrimoine.
- Adapter le modèle économique pour intégrer des opérateurs privés et réduire la charge publique.
Une réflexion globale a été engagée début 2024, confiée à Lamballe Terre & Mer. Parmi les pistes évoquées : reconversion des écuries nord en logements, bureaux ou équipements publics, recentrage des activités équestres sur la zone ouest, intégration du projet au nouveau Plan local d’urbanisme de Lamballe.
Ce rapport de la CRC sonne comme une alerte : sans refonte rapide de la gouvernance et du modèle économique, le haras de Lamballe risque de devenir un fardeau pour les finances locales et de passer à côté de sa vocation culturelle, touristique et patrimoniale. Il en va non seulement de la valorisation d’un site remarquable, mais aussi de l’avenir d’un projet structurant pour le centre-ville de Lamballe.
Crédit photo : https://www.haras-lamballe.com/fr/informations-pratiques/plan-haras-parc-equestre/
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2 réponses à “Haras national de Lamballe : un gouffre financier sous pilotage incertain”
Quelle misère ! dans un pays qui tue l’initiative et qualifie de « défaillances » les faillites d’entreprises ruinées par l’impôt et le covidisme, comment s’étonner de la situation ? La solution est d’un niveau supérieur; Salus Patriae suprema lex.
De toute façon tant quentous ces établissements seront confiés à des gens qui n’ sont jamais responsables donc jamais coupables, ça ne marchera pas. Et c’est dans tous le pays ainsi on n’a à faire qu’à des ronds de cuir inutiles voire dangereux car ils détruisent toute initiative et se gavent d’argent public qu’ils volent aux travailleurs par le truchement des impôts. Pauvre France gouvernée par une clique de saltimbanques