Coloscopie : un impact sous-estimé sur la santé intestinale et comment s’en remettre

La coloscopie est un examen médical essentiel pour détecter des pathologies digestives, notamment le cancer du côlon. Pourtant, peu de patients sont informés des effets secondaires potentiels de cette procédure sur leur microbiote intestinal. De nombreuses personnes ressentent, après l’examen, des symptômes tels que des ballonnements, des douleurs abdominales ou des troubles digestifs qui, dans certains cas, peuvent durer plusieurs semaines.

Une étude récente révèle que 40 % des patients subissant une coloscopie souffrent de perturbations prolongées du microbiote. Ces déséquilibres seraient plus fréquents chez les femmes, les personnes ayant subi une procédure longue ou souffrant de maladies inflammatoires de l’intestin (MICI).

Si les effets de la coloscopie sur la flore intestinale sont en grande partie réversibles, il est néanmoins important de comprendre comment limiter les risques et favoriser une récupération rapide grâce à l’alimentation et aux probiotiques.

Coloscopie : pourquoi le microbiote est-il fragilisé ?

Le microbiote intestinal est un écosystème complexe composé de bactéries, virus, champignons et autres micro-organismes, principalement logés dans le côlon. Il joue un rôle crucial dans la digestion, l’immunité et la régulation de l’inflammation.

Cependant, la coloscopie perturbe cet équilibre de plusieurs façons :

✅ Laxatifs et vidange intestinale : La préparation préalable à l’examen nécessite une purge intestinale complète, ce qui entraîne une élimination massive de la flore intestinale bénéfique.
✅ Exposition du côlon à l’oxygène : Le côlon étant un milieu anaérobie (pauvre en oxygène), son exposition à l’air pendant la procédure peut nuire à certaines bactéries essentielles.
✅ Modification de la barrière muqueuse : L’amincissement temporaire de la muqueuse intestinale facilite l’observation des parois du côlon, mais il entraîne également une diminution de certaines bactéries protectrices comme Akkermansia.

Des études ont montré que la coloscopie peut provoquer une dysbiose, c’est-à-dire un déséquilibre du microbiote, caractérisé par :

❌ Une réduction de la diversité microbienne (facteur associé à une moins bonne santé digestive).
❌ Une diminution des bactéries bénéfiques comme les Firmicutes et Bacteroidetes.
❌ Une augmentation des Proteobacteria, une famille de bactéries opportunistes pouvant devenir pathogènes en trop grand nombre.

La bonne nouvelle, selon les chercheurs, est que le microbiote intestinal retrouve généralement son équilibre en 2 à 6 semaines. Toutefois, certaines personnes – notamment celles déjà fragiles sur le plan digestif – peuvent mettre plus de temps à récupérer.

Comment favoriser la récupération après une coloscopie ?

Les recommandations médicales post-coloscopie se concentrent principalement sur l’examen en lui-même, mais négligent souvent la phase de récupération du microbiote. Pourtant, des ajustements alimentaires et l’apport en probiotiques peuvent accélérer le retour à la normale.

1. Opter pour une alimentation riche en prébiotiques

Les prébiotiques sont des fibres alimentaires qui nourrissent les bactéries bénéfiques du microbiote. Ils constituent un terrain favorable pour la reconstitution de la flore intestinale.

🔹 Fruits et légumes : ail, oignon, asperges, bananes.
🔹 Légumineuses et céréales complètes : pois, haricots, graines de lin, blé complet.
🔹 Chocolat noir : riche en polyphénols qui favorisent la croissance des bonnes bactéries.

Attention : juste après une coloscopie, il peut être préférable d’introduire ces aliments progressivement pour éviter une fermentation excessive et des ballonnements.

2. Consommer des probiotiques naturels

Les probiotiques sont des bactéries vivantes qui aident à restaurer l’équilibre du microbiote. On les trouve naturellement dans certains aliments fermentés :

🔹 Yaourt nature (sans sucres ajoutés).
🔹 Choucroute, kimchi, miso, kéfir, tempeh.
🔹 Lait fermenté type « lait ribot » ou « skyr ».

Certains suppléments de probiotiques peuvent être bénéfiques, notamment ceux contenant des souches comme Bifidobacterium infantis et Lactobacillus acidophilus, qui ont démontré leur efficacité pour réduire les ballonnements et améliorer le transit après une coloscopie.

Faut-il prendre des précautions avant une coloscopie ?

Certaines mesures peuvent limiter l’impact de la coloscopie sur le microbiote :

✔ Fractionner la prise des laxatifs : Prendre la moitié de la dose la veille et l’autre moitié le matin de l’examen semble améliorer la récupération intestinale.
✔ Éviter les coloscopies en période d’infection : Si possible, il vaut mieux différer l’examen lorsqu’on est sous antibiotiques ou en convalescence après une maladie (bronchite, sinusite, infection digestive), car l’organisme est déjà en lutte contre un déséquilibre bactérien.
✔ Choisir une insufflation au CO₂ plutôt qu’à l’air : Certaines études montrent que l’utilisation du dioxyde de carbone plutôt que d’un mélange avec de l’oxygène réduit l’impact sur la flore intestinale.

Si la coloscopie reste un examen clé pour la prévention des maladies du côlon, elle n’est pas anodine pour l’équilibre digestif. En adoptant une alimentation adaptée avant et après l’examen, il est possible de limiter l’impact sur le microbiote et d’accélérer la récupération.

En intégrant de bonnes habitudes, il est possible de réduire les effets secondaires post-coloscopie et de retrouver rapidement un microbiote en pleine forme.

Crédit photo :  DR
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2 réponses à “Coloscopie : un impact sous-estimé sur la santé intestinale et comment s’en remettre”

  1. RoseMarine dit :

    Merci de cet article clair et documenté.
    À bientôt le plaisir de vous lire et bon week-end.

  2. Raymond Neveu dit :

    Oui excellent article…donc notre laezh ribot est bon! Nos anciens n’étaient pas des débiles…

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