L’établissement public Tout commence en Finistère, anciennement Finistère 360°, fait l’objet d’un rapport accablant de la Chambre régionale des comptes de Bretagne. Créé en 2018 à la suite de la fusion de deux entités publiques départementales, cet organisme, censé promouvoir l’attractivité du Finistère, souffre de graves irrégularités financières, d’une gouvernance défaillante et d’un statut juridique inadapté.
Une structure financée à outrance par le département
Dès sa création, Tout commence en Finistère a bénéficié d’un financement généreux du Conseil départemental, à hauteur de 3 millions d’euros annuels. Pourtant, l’activité réelle de l’établissement ne justifie pas un tel niveau de subventions, entraînant l’accumulation d’excédents importants.
Une trésorerie abondante et inexploitable : entre 2018 et 2023, l’établissement a accumulé près de 2 millions d’euros de trésorerie excédentaire, soit l’équivalent de dix mois de fonctionnement. Cet excès financier n’a pas été mis en réserve mais est resté mobilisable pour des dépenses de fonctionnement.
Une gestion artificiellement gonflée : jusqu’en 2019, l’organisme a gonflé ses chiffres grâce aux ventes de séjours de classes de mer, représentant un quart de ses ressources budgétaires. Depuis, ces revenus ont chuté, confirmant la dépendance aux subventions publiques.
Une gouvernance entachée d’irrégularités
Le rapport pointe de nombreuses anomalies dans la gestion de l’établissement, qui seraient corrigés depuis si l’on croit le président du Département, Maël de Calan qui de son côté…se félicite de ce rapport. Jusqu’en 2022, la tenue des réunions et les procédures de vote étaient non conformes, mettant en péril la légalité des décisions prises.
Par ailleurs, plusieurs élus membres du conseil d’administration se sont retrouvés en situation de conflits d’intérêts, notamment avec des organismes partenaires ou des entreprises bénéficiant de fonds publics. Enfin depuis sa création, Tout commence en Finistère n’a pas soumis de rapport financier annuel au Conseil départemental, empêchant tout contrôle démocratique sur son activité.
Le scandale du Vendée Globe : 2 millions d’euros pour un parrainage opaque
Parmi les décisions les plus critiquées figure le financement, à hauteur de 2 millions d’euros, d’un bateau participant au Vendée Globe 2024. La CRC reproche que l’attribution de ce financement se soit faite de manière opaque, sans appel d’offres ni mise en concurrence, en contradiction avec les règles de la commande publique.
Enfin, si ce parrainage visait à promouvoir l’image du Finistère, aucun indicateur précis ne permet d’évaluer son impact réel.
Dès sa création, Tout commence en Finistère a été mal défini juridiquement. L’établissement a été conçu comme un Établissement public industriel et commercial (EPIC), alors que son activité, entièrement financée par des subventions publiques, relève plutôt d’un statut administratif. Les missions de l’organisme ont été élargies en 2022 à des compétences normalement réservées aux régions, notamment en matière de développement économique.
Par ailleurs plusieurs contrats passés par l’organisme, notamment dans le domaine de la communication et des prestations intellectuelles, ont été attribués sans respect des règles de transparence et de mise en concurrence.
Quelles conséquences et quelles recommandations ?
Face à ces constats, la Chambre régionale des comptes recommande que les subventions départementales soient recalibrées en fonction des besoins réels. Que l’établissement doit être transformé en établissement public administratif (EPA) ou toute autre structure plus adaptée. Mais aussi que la composition du conseil d’administration et les procédures de vote doivent être mises en conformité avec la loi.
Enfin, un rapport financier annuel doit être soumis aux élus départementaux afin d’assurer un contrôle démocratique efficace.
Le rapport de la Chambre régionale des comptes met en lumière une gestion financière approximative et un gaspillage de fonds publics. Sans réforme, Tout commence en Finistère risque de rester un gouffre financier, éloigné de sa mission première de promotion touristique et économique du Finistère. Il appartient désormais aux élus du département de prendre les mesures nécessaires pour redonner une crédibilité à cet établissement.
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