Vendredi 14 mars, à Lannion, un adolescent de 16 ans, déjà bien mal connu des services de police, a été blessé par balle à la tête place du Marchallac’h, un secteur que les riverains soupçonnent d’être un point de deal. Alors que l’enquête, désormais pilotée par la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes, s’annonce complexe, le débat sur la sécurité urbaine ressurgit. Le Rassemblement national demande la mise en place d’un système de vidéosurveillance dans la ville, une requête qui divise la classe politique locale.
Une insécurité qui exaspère les habitants
Depuis plusieurs mois, Lannion est confrontée à une montée des faits de délinquance. Le 31 décembre dernier, des voitures avaient été incendiées dans plusieurs quartiers sensibles pour le réveillon du Nouvel An, illustrant un climat de tension qui ne cesse de s’aggraver. Malgré cela, les statistiques locales présentées lors d’une réunion publique le 7 janvier dernier indiquaient une stabilité des actes de délinquance. Un constat qui avait suscité l’incompréhension des habitants, beaucoup dénonçant un manque de plaintes déposées, faute de perspectives de suites judiciaires.
L’affaire du 14 mars vient brutalement rappeler que l’insécurité n’est plus une simple impression mais une réalité. Une enquête a été ouverte pour tentative de meurtre, tandis que les policiers s’intéressent de près au lieu du drame, qu’ils surveillaient déjà depuis un certain temps.
Le RN relance la demande de vidéosurveillance
Face à cet événement, le Rassemblement national des Côtes-d’Armor réclame une généralisation de la vidéosurveillance en ville. Dans un communiqué, le parti demande l’installation de caméras dans tout le centre-ville, dans les quartiers des Fontaines et de Ker Uhel, ainsi qu’à proximité des établissements scolaires.
Cette requête n’est pas nouvelle. En 2021, un audit municipal avait préconisé le déploiement de caméras de surveillance pour faciliter l’identification des auteurs d’infractions et améliorer la résolution des plaintes. La municipalité, sous la direction de Paul Le Bihan, s’y était alors opposée, estimant que le coût d’un tel dispositif ne justifiait pas son efficacité.
Mais en 2025, la situation semble évoluer. Si le maire de Lannion reste prudent, il admet désormais que le débat est ouvert. Il évoque notamment l’usage de caméras mobiles, une solution envisagée en concertation avec d’autres municipalités, dont celle de Saint-Brieuc.
Un dispositif coûteux mais durable
L’obstacle principal reste le financement. L’installation de caméras implique également la surveillance des écrans en temps réel, nécessitant ainsi un renforcement des effectifs de la police municipale. Cependant, pour le RN, l’argument économique ne tient plus face à l’urgence sécuritaire.
Le parti estime que les moyens policiers déployés temporairement après chaque drame ne sont pas une solution pérenne. Il met en avant la vidéosurveillance comme un outil durable, à l’image de ce qui existe dans d’autres communes confrontées aux mêmes problématiques.
Cette fusillade en plein centre-ville pourrait bien marquer un tournant dans la gestion de la sécurité locale. L’annonce d’un renforcement des forces de l’ordre après la réunion publique du 7 janvier – les autorités sont souvent meilleures dans la communication que dans l’efficacité de terrain – n’a pas suffi à rassurer la population. La mise en place d’un réseau de vidéosurveillance devient une revendication politique centrale, notamment à l’approche des élections municipales.
Le sentiment qui domine pour beaucoup d’habitants qui voient leur qualité de vie se dégrader, y compris dans des endroits qu’ils pensaient protégés, est toutefois toujours le même : les autorités ne semblent à aucun moment s’interroger sur la politique de la ville menée depuis des années, à Lannion comme à Morlaix, comme dans d’autres villes moyennes de Bretagne. Difficile de guérir des maux dont on a tendance parfois à chérir les causes, sachant que l’argument de dire « c’est pareil partout désormais » revient simplement à constater, que les élus pétris d’idéologie et de « bons sentiments » et ne voulant pas de vague, échouent de plus en plus globalement à faire en sorte de protéger leurs administrés.
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