Michael Collins et l’Écosse : un lien méconnu mais stratégique

 Michael Collins, figure centrale de l’indépendance irlandaise, est surtout associé à Dublin, à la guerre contre l’Empire britannique et aux négociations du traité de 1921. Pourtant, son rapport à l’Écosse, bien que souvent négligé, joue un rôle significatif dans l’histoire du mouvement républicain irlandais. L’étude Michael Collins and Scotland met en lumière ce pan méconnu de son action, révélant des relations complexes entre le leader irlandais, la diaspora irlandaise d’Écosse et les mouvements indépendantistes écossais.

Une relation distante avec l’Écosse

Contrairement à d’autres leaders du mouvement républicain, comme Eamon de Valera ou Constance Markievicz, Collins n’a jamais manifesté un grand intérêt pour l’Écosse. Il ne s’y est rendu qu’une seule fois, et encore, uniquement en transit vers l’Angleterre. Pourtant, l’Écosse, et en particulier Glasgow, abritait une diaspora irlandaise importante et politiquement active. Dès le XIXe siècle, des militants irlandais s’étaient implantés en Écosse, jouant un rôle clé dans le développement du nationalisme irlandais et des luttes ouvrières.

Collins, en revanche, semblait considérer l’Écosse comme secondaire, privilégiant les liens avec les États-Unis et Londres. Cette attitude a eu des conséquences sur sa gestion des réseaux républicains en Écosse, qu’il a longtemps sous-estimés ou négligés, au point que certains de ses ennemis politiques en ont profité pour déstabiliser son action.

Le rôle des républicains écossais dans la lutte pour l’indépendance

Malgré le manque d’intérêt direct de Collins, les réseaux irlandais en Écosse ont joué un rôle crucial dans la lutte contre la Couronne britannique. Des figures comme Dan Branniff, Joseph Vize et Joe Furlong ont œuvré activement pour l’Irish Republican Brotherhood (IRB), facilitant l’organisation et le financement du mouvement indépendantiste.

Ces réseaux écossais avaient notamment pour mission de fournir des armes aux combattants en Irlande. Glasgow et ses environs servaient de plaque tournante pour l’acheminement d’armes et de matériel vers l’Irlande, un rôle que Collins, bien qu’il l’ait tardivement reconnu, a fini par intégrer dans sa stratégie militaire. Il confia alors à Vize la mission d’organiser efficacement ces flux d’armes, tout en écartant les éléments jugés indisciplinés ou incontrôlables.

Des tensions internes et une organisation éclatée

Si Collins finit par structurer les réseaux écossais sous sa direction, son action s’est heurtée à plusieurs obstacles. D’une part, le mouvement républicain en Écosse était divisé entre différentes tendances : certains militants restaient fidèles à l’IRB, tandis que d’autres, influencés par le socialisme et le syndicalisme, se rapprochaient de la gauche écossaise et britannique. Cette divergence idéologique a conduit à des tensions internes qui ont compliqué la tâche de Collins.

De plus, les relations entre l’IRB et les groupes nationalistes écossais étaient ambiguës. Certains militants écossais, notamment Ruairidh Erskine of Mar et William Gillies, rêvaient d’un soulèvement nationaliste écossais calqué sur l’exemple irlandais. Collins, bien que sensible à ces aspirations, est resté sceptique quant aux chances de succès d’une révolte écossaise. Il estimait que l’Écosse n’était pas prête pour une insurrection armée et refusait d’y envoyer des armes.

L’un des épisodes les plus marquants de la présence républicaine en Écosse sous l’influence de Collins est l’affaire du « raid de Glasgow ». L’IRB utilisait l’Écosse comme un hub pour l’achat et l’envoi d’armes en Irlande, mais les tensions internes et la surveillance accrue des autorités britanniques ont rendu ces opérations périlleuses.

En 1921, un important stock d’armes destiné à l’IRA fut intercepté à Glasgow. Cette saisie provoqua une crise majeure au sein du mouvement républicain en Écosse. Collins, irrité par les divisions et les erreurs commises, renforça son contrôle sur ces opérations en écartant certains responsables locaux jugés incompétents ou trop indépendants. Il envoya Joseph Vize pour reprendre la main sur la situation et sécuriser les futurs envois d’armes vers l’Irlande.

Le traité anglo-irlandais et la fracture du mouvement écossais

Lorsque Collins signa le traité anglo-irlandais en décembre 1921, la communauté irlandaise d’Écosse se divisa entre pro- et anti-traité. Nombreux furent ceux qui, influencés par leur engagement dans la lutte armée, rejetèrent ce qu’ils considéraient comme un compromis inacceptable. En conséquence, l’Écosse devint un bastion du courant anti-traité, soutenant la faction républicaine qui allait s’opposer au nouvel État libre d’Irlande.

Collins tenta d’apaiser ces tensions, mais son influence sur les républicains écossais était limitée. Les divisions internes, amplifiées par la guerre civile irlandaise, affaiblirent durablement les structures du mouvement en Écosse.

Malgré son désintérêt initial pour l’Écosse, Michael Collins y laissa une empreinte durable. Son travail d’organisation des réseaux républicains, bien que tardif, permit d’optimiser le soutien logistique et financier en faveur de l’IRA. Cependant, ses erreurs de gestion et son manque de proximité avec les militants écossais contribuèrent aux divisions internes qui affaiblirent le mouvement après sa mort en 1922.

L’étude Michael Collins and Scotland met en évidence une facette méconnue du leader irlandais, révélant à la fois son pragmatisme militaire et ses limites stratégiques dans la gestion de la diaspora irlandaise hors d’Irlande. Si Collins est aujourd’hui célébré comme un héros de l’indépendance irlandaise, son rapport distant à l’Écosse souligne que même les plus grands stratèges peuvent sous-estimer certains terrains d’opération.

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Une réponse à “Michael Collins et l’Écosse : un lien méconnu mais stratégique”

  1. Michel dit :

    Nombre d’Irlandais ont des ancêtres Ecossais et vice-versa.

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