Avec Métropolia et Périphéria – Un voyage extraordinaire, Christophe Guilluy livre un essai à la fois personnel et visionnaire, où il prolonge et radicalise son analyse des fractures entre élites urbaines et classes populaires. À travers une fable orwellienne teintée de satire et d’autobiographie, il met en scène l’affrontement entre Métropolia, incarnation du néolibéralisme et de la mondialisation heureuse, et Périphéria, territoire des classes populaires reléguées mais résilientes, qui s’émancipent peu à peu de l’ordre dominant.
Une fracture culturelle irréversible
Depuis La France périphérique (2014), Christophe Guilluy n’a cessé d’analyser la montée d’une contestation sociale et culturelle venue des territoires oubliés. Dans son nouvel opus, il pousse le raisonnement plus loin : la majorité ordinaire, celle des classes populaires et moyennes, prend conscience de son rôle central dans l’équilibre de la société et ne veut plus se laisser dicter son mode de vie par une élite mondialisée.
Pour Guilluy, la fracture n’est plus seulement économique, elle est existentielle. Les élites urbaines vivent dans une bulle idéologique, méprisant et invisibilisant un peuple qui, lui, refuse d’être défini par d’autres. « Ceux dont je parle ne sont pas inventés, je les connais, je vis avec eux, je mourrai avec eux », écrit-il. Loin du misérabilisme habituel des sociologues, il défend une classe populaire porteuse d’un capital social et moral inestimable, la décence commune, héritée des valeurs chrétiennes et communistes.
Périphéria contre Métropolia : la revanche des invisibles
À travers une allégorie politique, Métropolia et Périphéria met en scène le renversement culturel en cours. Périphéria n’est plus un territoire subi, c’est un espace où renaît une volonté de faire société contre un monde sans racines, où l’individu n’est plus qu’un consommateur interchangeable. En ce sens, ce que décrit Guilluy, c’est la montée d’une nouvelle conscience politique et sociale. Le réveil des gilets jaunes en France, le Brexit, la victoire de Donald Trump en 2016, sont autant de signaux de ce basculement.
Loin des fantasmes de l’extrême droite ou de la gauche radicale, il décrit une recomposition des classes populaires qui ne sont plus enfermées dans les vieux clivages idéologiques. Comme aux États-Unis, où une partie croissante des Latinos et des Noirs se rallient à Trump, les classes populaires occidentales se regroupent autour de valeurs communes : le refus d’un monde liquide, la défense d’un mode de vie et d’une civilisation héritée.
L’exclusion du peuple par les élites : un choix assumé
Guilluy insiste sur le fait que les élites actuelles ont consciemment exclu cette majorité ordinaire du débat public. Dans Métropolia, les classes supérieures vivent coupées du réel, rejetant tout ce qui pourrait menacer leur monopole culturel et économique. « La panique qu’a suscitée JD Vance en Europe illustre bien cette peur d’une majorité qui voudrait être souveraine », note-t-il en référence au sénateur américain, issu de la classe ouvrière, devenu figure montante du conservatisme populaire aux États-Unis.
Cette fracture est visible jusque dans l’organisation urbaine, avec la multiplication des Zones à Faibles Émissions (ZFE), qui renforcent la séparation entre classes populaires et urbaines aisées.
Contrairement à ses précédents ouvrages, Métropolia et Périphéria se détache du format strictement analytique pour embrasser la fable philosophique. Une manière de se démarquer d’un flot incessant de données et d’études qui peinent à saisir la réalité humaine. Car ce que décrit Guilluy, ce n’est pas seulement une crise sociale, c’est une crise de civilisation.
Loin des salons progressistes et des chapelles idéologiques, il donne une voix à ceux qui ne veulent plus qu’on pense à leur place. Pour l’auteur, la vraie modernité n’est plus dans les métropoles déconnectées, mais dans cette majorité silencieuse qui, partout en Occident, commence à reprendre son destin en main.
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2 réponses à “Christophe Guilluy – « Métropolia et Périphéria » : une fable politique sur le grand schisme de l’Occident”
La classe ouvrière traditionnelle a disparu avec le démantèlement de nos usines et industries. Les provinciaux et les paysans ont remplacé ces opposants historiques et laissé la place, dans les villes, aux ultra gauches trouvant chez les immigrés anti France un 2ème souffle électoral. Ces français » oubliés » des élites pourraient bientôt constituer une majorité, loin des cuisines politiciennes . Une France laminée par le wokisme peut renaître et revenir vers une réappropriation des valeurs traditionnelles.
Pourvu qu’il ait raison !