L’ombre de la violence politique continue de planer sur Belfast. Dimanche matin, un attentat ciblé a visé Sean O’Reilly, un républicain connu et membre du Republican Network for Unity (RNU). Alors qu’il était assis dans sa voiture devant la société de taxis où il travaille, dans le quartier de Poleglass, deux hommes masqués ont tiré cinq balles sur lui. Une seule l’a atteint à l’épaule, le laissant dans un état critique mais stable au Royal Victoria Hospital.
Si cette attaque semble être un règlement de comptes interne, elle s’inscrit dans un contexte de tensions grandissantes entre différentes factions dissidentes républicaines. Les craintes de représailles violentes se multiplient alors qu’un groupe dissident d’Óglaigh na hÉireann (ONH), ayant fait scission l’an dernier, est sur le point de rejoindre la New IRA.
Un règlement de comptes avant un basculement vers la New IRA ?
Selon plusieurs sources, cette tentative d’assassinat aurait été un ultime acte de vengeance avant que les anciens membres d’ONH ne soient intégrés à la New IRA. Si cette absorption devient effective, toute attaque interne serait considérée comme une violation de la politique tacite des groupes dissidents, qui évitent de s’affronter entre eux.
Jusqu’ici, la rivalité entre les factions se limitait à des graffitis diffamatoires sur les murs de Belfast, dénonçant certains cadres du mouvement. Mais la tentative d’assassinat de Sean O’Reilly marque une escalade. Deux semaines auparavant, il avait été menacé publiquement par un membre du groupe dissident, devant plusieurs témoins, à la sortie d’une station-service proche du commissariat de Woodbourne.
L’attentat de dimanche semble avoir été précipité, voire mal exécuté. Des éléments de preuve cruciaux, comme une empreinte de chaussure et un gant abandonné par l’un des assaillants, ont été rapidement récupérés par les experts de la police nord-irlandaise (PSNI). Contrairement aux exécutions méthodiques et froidement menées par ONH dans le passé, cette tentative maladroite pourrait témoigner d’un affaiblissement du groupe.
ONH, un groupe en déclin après un passé meurtrier
Óglaigh na hÉireann, formé en 2009 par d’anciens membres de l’IRA provisoire, a longtemps été l’un des groupes dissidents les plus actifs, ciblant notamment les forces de l’ordre et orchestrant des attentats, dont un contre le siège du MI5 à Holywood. Mais en 2018, l’organisation annonçait un cessez-le-feu, expliquant que « l’environnement n’était pas propice à un conflit armé ». Depuis, ONH a été impliqué dans des assassinats de trafiquants de drogue et d’ex-membres accusés de collaborer avec la police.
Parmi les meurtres les plus marquants attribués au groupe figurent celui de Jim « JD » Donegan en 2018, abattu alors qu’il était assis dans sa Porsche de luxe, ainsi que celui de son proche allié Sean Fox, exécuté en plein jour dans un club de Belfast en 2022. Ces assassinats froidement organisés contrastent avec la tentative échouée contre O’Reilly, qui semble avoir été menée par des hommes moins expérimentés.
Un climat de tensions et de possibles représailles
La Police nord irlandaise surveille de près l’évolution de la situation, craignant que cette attaque ne déclenche une vague de représailles. La fragilité de l’équilibre entre les factions dissidentes pourrait mener à une reprise des assassinats ciblés dans les semaines à venir.
Pour Sean O’Reilly, cette attaque est un épisode de plus dans une vie marquée par l’engagement républicain et la violence. Ancien prisonnier, il avait été condamné à 30 mois de détention en 2010 pour une tentative d’attentat par balle contre un adolescent de Belfast-Ouest. Son passé trouble l’avait même conduit à être licencié d’un poste dans le secteur social, une décision finalement annulée en 2019 après un recours juridique.
Cet attentat révèle un fait majeur : le paysage du républicanisme dissident en Irlande du Nord est de plus en plus fragmenté. ONH, autrefois redouté, semble perdre en influence, tandis que la New IRA consolide sa position. L’échec de l’attentat contre O’Reilly pourrait précipiter la fin du groupe scissionniste et accélérer son intégration au sein d’un mouvement dissident plus structuré.
En attendant, les autorités craignent une montée de la violence alors que chaque action appelle une réaction.
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