Un récent sondage LucidTalk pour le Belfast Telegraph révèle que l’écart entre les partisans du maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni et ceux favorables à une réunification avec la République d’Irlande se resserre. Si 48 % des Nord-Irlandais souhaitent toujours rester britanniques, 41 % se prononcent désormais en faveur d’une Irlande unifiée, soit un différentiel réduit à seulement 7 %. Ce chiffre marque une progression constante du camp nationaliste, qui comptait encore 10 points de retard l’an dernier.
Un changement d’équilibre en Irlande du Nord
Historiquement dominée par le vote unioniste, l’Irlande du Nord voit son paysage politique évoluer rapidement. Lors des élections générales de 2024, les partis unionistes ont récolté un peu plus de 43 % des voix, contre un peu plus de 40 % pour les partis nationalistes. La dynamique se poursuit avec ce sondage, où 48 % des personnes interrogées déclarent vouloir rester au sein du Royaume-Uni, contre 39 % en 2023.
Toutefois, 10 % des sondés restent indécis et 1 % affirment qu’ils s’abstiendraient ou rendraient leur vote nul en cas de référendum. Le cadre politique actuel ne prévoit pas de vote imminent, mais l’Accord du Vendredi saint stipule qu’un référendum sur la réunification doit être convoqué par le secrétaire d’État britannique pour l’Irlande du Nord dès lors qu’il existe des preuves d’un basculement de l’opinion publique en faveur du changement constitutionnel.
Un référendum sur l’unité irlandaise divise profondément
Le sondage montre que la question d’un référendum sur la frontière divise fortement la population nord-irlandaise. Une écrasante majorité des nationalistes (86 %) réclament une consultation populaire d’ici la prochaine décennie, tandis que 74 % des unionistes estiment qu’un tel vote ne devrait jamais avoir lieu.
Malgré cette opposition, Sinn Féin presse le gouvernement de Dublin de commencer à planifier un référendum. De son côté, le DUP (Democratic Unionist Party) considère une telle consultation comme « inutilement clivante » et estime que le statu quo doit être maintenu.
Les jeunes en première ligne du changement
Le facteur générationnel joue un rôle clé dans cette évolution des opinions. Parmi les électeurs de moins de 35 ans, 50 % se prononcent en faveur d’une Irlande unifiée, contre 44 % qui préfèrent le maintien dans le Royaume-Uni. Ce soutien au changement diminue légèrement dans la tranche des 35-44 ans (49 % pour l’unité irlandaise contre 37 % pour l’union). En revanche, les générations plus âgées restent majoritairement attachées à l’actuelle partition du territoire :
Chez les 45-54 ans : 55 % pour le Royaume-Uni, 36 % pour la réunification.
Chez les plus de 55 ans : 51 % pour le Royaume-Uni, 34 % pour la réunification.
Des divergences selon l’affiliation politique et religieuse
Les résultats du sondage révèlent aussi d’importantes disparités selon l’appartenance politique et religieuse des répondants :
Électeurs de l’Alliance Party : 31 % souhaitent l’unité irlandaise, 26 % préfèrent rester au Royaume-Uni, mais 43 % restent indécis.
Sympathisants du SDLP (parti nationaliste modéré) : 79 % en faveur de l’unité, 11 % indécis et 10 % favorables à l’union.
DUP et UUP (partis unionistes) : une majorité écrasante s’oppose à l’unité irlandaise.
Différences homme-femme : 54 % des hommes soutiennent le maintien dans le Royaume-Uni contre 41 % en faveur de l’unité, alors que les femmes sont plus partagées (44 % pour l’unité, 39 % contre), mais aussi plus indécises (15 % d’incertitude contre seulement 5 % chez les hommes).
Les affiliations religieuses influencent aussi fortement les préférences. On constate ainsi que :
- 6 % des catholiques se définissent comme unionistes.
- 4 % des protestants soutiennent l’unité irlandaise.
Parmi ceux qui ne revendiquent aucune religion, 40 % souhaitent une Irlande unie, 33 % veulent rester dans le Royaume-Uni, et 25 % restent indécis.
Que se passerait-il en cas de vote pour l’unité irlandaise ?
Si un référendum menait à la réunification de l’Irlande, 76 % des électeurs du DUP affirment qu’ils refuseraient d’accepter un tel résultat, contre 15 % qui seraient mécontents mais s’y résigneraient. Chez les électeurs du UUP (Ulster Unionist Party), près de la moitié (49 %) déclarent qu’ils trouveraient cette perspective « impossible à accepter », tandis que 31 % accepteraient à contrecœur et 10 % se déclarent ouverts à l’option républicaine.
Fait marquant, les motivations des électeurs diffèrent grandement selon leur camp :
- Les unionistes se déterminent avant tout sur un critère d’identité nationale, 47 % affirmant que leur attachement au Royaume-Uni est tel qu’aucun argument économique ou social ne saurait influencer leur vote.
- Les nationalistes, en revanche, sont 51 % à considérer l’économie comme un facteur clé et 46 % à prendre en compte des questions comme le système de santé et le modèle social.
- Autre point notable : seulement 21 % des unionistes disent que leur vote serait influencé par la façon dont ils seraient traités en tant que minorité dans une Irlande unifiée.
Vers un référendum à moyen terme ?
Si un référendum devait être organisé, quand devrait-il avoir lieu ?
45 % des Nord-Irlandais souhaitent un référendum d’ici dix ans.
55 % estiment qu’il faudrait attendre vingt ans avant d’organiser un tel scrutin.
Chez les électeurs du parti centriste Alliance, 45 % veulent un vote d’ici une décennie, et 70 % dans les vingt prochaines années.
53 % de l’ensemble des Nord-Irlandais, et 60 % des moins de 35 ans, espèrent une réunification de l’Irlande d’ici 2045.
Méthodologie du sondage
L’enquête a été menée en ligne du 14 au 17 février 2025 auprès de 3 001 personnes, issues du panel LucidTalk de 16 747 membres. L’échantillon final de 1 051 répondants a été pondéré selon des critères démographiques (âge, genre, appartenance sociale, antécédents électoraux, circonscription, affiliation politique et religieuse) afin d’assurer une représentativité de l’Irlande du Nord avec une marge d’erreur de ±2,3 %.
Si l’Irlande du Nord reste attachée au Royaume-Uni, la dynamique démographique et politique joue en faveur des partisans de l’unité irlandaise. La baisse du vote unioniste et la montée en puissance du Sinn Féin indiquent que la question de la réunification pourrait devenir incontournable dans les prochaines années. Si la tendance actuelle se poursuit, l’Irlande unifiée pourrait bien devenir une réalité d’ici une génération.
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Une réponse à “Irlande du Nord : l’attachement au Royaume-Uni recule, le soutien à l’unité irlandaise progresse”
ils ont bien raison car l’Angleterre veut faire du Royaume unis, une terre islamisée! bonne chance à eux les résistants.