Jordan Bardella plie face à la pression : un manque de courage rédhibitoire

Ce vendredi 21 février 2025, Jordan Bardella, président du Rassemblement National (RN), a annulé son discours prévu à la Conservative Political Action Conference (CPAC) à Washington, un rendez-vous incontournable des conservateurs mondiaux. Dans un communiqué, il justifie cette reculade par un « geste faisant référence à l’idéologie nazie » effectué la veille par Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, lors de son intervention à la tribune. Bardella redouble de courage et précise qu’il n’était pas présent dans la salle au moment des faits, mais cette décision soudaine soulève une question brûlante : si le RN plie aussi facilement sous la pression médiatique, comment peut-il prétendre diriger la France face à des défis bien plus rudes ?

Une reculade sous la pression médiatique

Bardella affirme avoir pris une « décision immédiate » après le geste controversé de Bannon, qui a tendu le bras droit dans un mouvement interprété abusivement par les journalistes de gauche présents comme un salut nazi. Mais derrière cette justification, on peut lire une capitulation face à « la gauche médiatique » bien représentée par les journalistes spécialisés de Libération Dominique Albertini et Nicolas Massol. La couverture de l’incident par des organes de presse – qualifiant le geste de Bannon de provocation fasciste – semble avoir suffi pour faire trembler le leader du RN.

Pourtant, la CPAC, avec son public acquis à la cause conservatrice et trumpiste, n’est pas un tribunal médiatique. Bardella avait là une occasion unique de s’adresser à une audience influente, de renforcer les ponts entre le RN et les patriotes américains, et de défendre ses idées sans filtre. En renonçant, il donne l’impression de fuir le combat dès que l’ombre d’une polémique pointe à l’horizon.

La réponse cinglante de Steve Bannon

Steve Bannon, figure centrale du populisme américain, n’a pas mâché ses mots face à cette défection. Interrogé parLe Point, il a qualifié Bardella de « petit garçon » indigne de diriger la France : « S’il annule à cause de ce que dit la presse mainstream de mon discours, c’est un lâche. S’il manque de tripes et se comporte comme une petite fille, il ne dirigera jamais la France. » Bannon, qui nie toute intention nazie dans son geste – le présentant comme un simple salut à la foule, comme il l’avait fait en 2018 au congrès du Front National à Lille – va plus loin en s’adressant à BFMTV : « Le Pen a choisi la mauvaise personne. Bardella est pire que Macron. » Ces déclarations, brutales et sans concession, mettent en lumière une faiblesse perçue : un leader incapable de tenir tête à une controverse ne peut espérer rivaliser avec des figures comme Trump ou Bannon, qui prospèrent dans l’adversité.

Musk et Milei : une leçon de fermeté à la CPAC

Me trouvant en Argentine, j’ai suivi le déplacement de Javier Milei au CPAC et remarqué sa rencontre avec Sarah Knafo de Reconquête. Contrastant avec la reculade de Bardella, Elon Musk a marqué les esprits lors de son apparition surprise à la CPAC le 20 février. Accompagné du président argentin Javier Milei, Musk a brandi une tronçonneuse dorée, offerte par ce dernier et gravée de l’inscription « Viva la libertad, carajo » (« Vive la liberté, bon sang ! »). Surnommée « la tronçonneuse de la bureaucratie », elle symbolise leur croisade commune contre les excès de l’État. Dans une interview décousue mais énergique avec Rob Schmitt de Newsmax, Musk a défendu son rôle au sein du Department of Government Efficiency (DOGE), promettant des coupes drastiques dans les dépenses fédérales et même des « dividendes » pour les contribuables américains. Loin de plier face aux critiques des démocrates ou aux procès intentés contre DOGE, il a transformé la controverse en spectacle, galvanisant la foule avec un mélange d’humour et de provocation.

Milei, l’inspiration ultralibérale

Javier Milei, quant à lui, a profité de la CPAC pour renforcer son image de héraut du libertarianisme. Avant de remettre son cadeau à Musk, le président argentin a rencontré le milliardaire en privé, consolidant une alliance idéologique célébrée sur scène. Connu pour avoir manié la tronçonneuse lors de sa campagne de 2023 pour symboliser ses réformes radicales – plus de 30 000 emplois publics supprimés et des coupes dans les budgets scientifiques –, Milei s’est adressé à l’audience conservatrice américaine avec un discours attendu pour le samedi, en clôture de l’événement. Sa présence, saluée par Trump sur Truth Social, illustre une détermination à ne pas céder aux pressions, contrastant cruellement avec l’abandon de Bardella. Là où Milei et Musk jouent l’offensive, le leader du RN semble opter pour la retraite la queue basse.

Un contraste avec Reconquête et la vague trumpiste

Le RN, sous la houlette de Marine Le Pen et désormais de Bardella, a longtemps cherché à lisser son image pour séduire un électorat plus large, se distançant des provocations de l’extrême droite traditionnelle. Mais cette stratégie montre ses limites. Pendant ce temps, Reconquête, le parti d’Éric Zemmour, assume sans complexe une ligne dure et ne recule pas devant les controverses. À la CPAC, Sarah Knafo, proche de Zemmour, est restée présente, tandis que Bardella a préféré plier bagage. Cette hésitation tranche aussi avec la vague trumpiste, qui prospère sur une posture inflexible et une capacité à transformer les polémiques en tremplins. Si le RN veut surfer sur cette dynamique, il lui faudra plus qu’un jeune président au verbe policé : il lui faudra du courage.

Une image de fragilité qui décrédibilise

Les critiques ne manquent pas pour souligner cette apparente fragilité. Sur les réseaux sociaux, des voix issues de la droite radicale ironisent : « Bardella veut jouer dans la cour des grands, mais il s’enfuit dès qu’on hausse le ton. » D’autres, plus modérés, y voient une preuve que le RN n’a pas la trempe pour gouverner un pays confronté à des crises multiples – économiques, sociales, sécuritaires. Même au sein de son propre camp, certains murmurent que cette décision pourrait ternir son image de leader charismatique, lui qui avait été propulsé à la tête du RN en 2022 comme un visage jeune et déterminé. Face à un Bannon qui assume ses excès et un Musk qui brandit une tronçonneuse à la CPAC sans sourciller, Bardella fait pâle figure.

Un renoncement qui interroge l’avenir du RN

En renonçant à parler à la CPAC, Bardella ne sacrifie pas seulement une tribune internationale : il envoie un signal de faiblesse. S’il cède aussi vite face à une polémique médiatique, que ferait-il face aux pressions de l’Union européenne, des marchés financiers ou d’une opposition intérieure déchaînée ? Le RN se rêve en parti de gouvernement, mais ce genre de reculade renforce l’idée qu’il n’est pas prêt à assumer les responsabilités du pouvoir. Comme le souligne Bannon, un leader qui « mouille son pantalon comme un enfant » dès qu’on le bouscule n’inspire pas confiance.
En somme, ce fiasco américain révèle un Jordan Bardella qui aux yeux des commentateurs argentins en manque de stature. À vouloir ménager tout le monde – les médias, son électorat modéré, les partenaires internationaux – il risque de ne convaincre personne. La France, dans un monde de plus en plus polarisé, a besoin de dirigeants qui tiennent bon dans la tempête, pas de capitaines qui abandonnent le navire au premier coup de vent.

Balbino Katz
Envoyé Spécial en Argentine

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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3 réponses à “Jordan Bardella plie face à la pression : un manque de courage rédhibitoire”

  1. Pox dit :

    « Attendez, c’est pas fini », en vidéo, ça me parait plutôt être la signification du geste !
    Bardella, le mec qui a « entendu » l’ultra riche Arnault !
    Encore un jeune c+n qui n’a jamais rien foutu, style Valls ou Attal. Il n’a pas la stature pour diriger un parti.
    Quant au RN, pas de censure de Bayrou, nomination de Ferrand et copains-coquins avec les fossoyeurs du pays…

  2. hoche38 dit :

    En effet, il faut choisir :

    La stratégie politique de Knafo : zéro député et l’impuissance politique des cinq ou six micro-partis de droite

    La stratégie politique de Bardella : 1er parti de France et le seul capable de prendre le pouvoir pour imposer ses solutions politique à la prochaine alternance.

  3. Ronan dit :

    Bonjour, Marine, Marion, Florian, François, Eric… etc, allez-vous utiliser la cisaille pour les haies afin de redresser les comptes de notre pauvre France avec l’aide de la Trumperie ? Oui alors courage à vous et à nous vos électeurs en puissance 4, il va en falloir pour ce faire. Alors unissez-vous que diable. Salud.

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