Née d’une scission du NPA il y a trois ans, Révolution Permanente a tenu du 1er au 3 février dernier son premier congrès, dans un lieu non communiqué de la région parisienne. L’occasion pour le parti le plus à gauche de l’échiquier politique de dresser un premier bilan, forcément positif.
Les 300 militants exclus de 2022 seraient maintenant 500, avec une double implantation : d’une part la jeunesse étudiante, à travers sa filiale Le Poing Levé, présente dans 18 universités ; d’autre part le salariat des usines, « plus de moitié des délégués » étant des « travailleurs de secteurs variés, allant de la pétrochimie à la santé en passant par l’agro-alimentaire, la grande distribution ou l’aéronautique », selon le communiqué du parti révolutionnaire.
Cette implantation dans la classe ouvrière est une des priorités de Révolution Permanente, qui peut mettre en avant plusieurs activistes CGT : Christian Porta, du géant agro-alimentaire Invivo, Adrien Cornet, de la raffinerie Total de Grands-Puits en Seine-et-Marne, ou encore Gaëtan Gracia, tourneur-fraiseur dans l’aéronautique à Toulouse.
Ce tropisme prolétarien lui permet de se démarquer du NPA de Besancenot, plus parisien et plus classe moyenne. Révolution permanente surclasse aussi ses anciens camarades sur le plan de la diversité : la principale figure de sa direction collective est en effet le franco-marocain Anasse Kazib, fils et frère de cheminots, et cheminot SNCF lui-même.
Deux lignes rouges : la Palestine et l’ouverture totale des frontières
Cause fédératrice, la Palestine a occupé une bonne partie des « débats », si on peut appeler ainsi les discours souvent stéréotypés qui se sont succédé.
Le congrès a démarré en beauté, avec l’annonce de la relaxe partielle de Hicham et Mayes, deux jeunes ayant perturbé le match de basket opposant Nanterre à Holon (Israël). Les deux militants de 19 et 21 ans étaient défendus par l’avocate maison, Elsa Marcel. Cette jeune femme glamour, aussi à l’aise dans un prétoire que sur un piquet de grève, a su convaincre les magistrats : il n’y avait aucune preuve des violences alléguées sur un policier ni des injures à caractère religieux sur un supporter israélien. Hicham et Mayes ont finalement écopé de 500 euros d’amende pour être entrés sur le terrain, enveloppés d’un drapeau palestinien. Une victoire retentissante contre la « justice bourgeoise », pas si féroce que ça, finalement.
L’autre leitmotiv des interventions a tourné autour de l’extrëme-droite et de l’internationalisme, y compris dans son volet économique : « La lutte contre toutes les formes de nationalisme, et notamment le protectionnisme, soutenu par l’extrême-droite mais aussi par une partie de la gauche, sont apparus comme un important enjeu », assène le communiqué, dans son style inimitable. « Au moment où le patronat français cherche à pousser le gouvernement à défendre ses intérêts plus activement, et face à l’Internationale réactionnaire, le Congrès a voté l’organisation d’un grand meeting international sur ce thème dans les prochains mois. »
« Internationale réactionnaire », les propres mots de Macron… rien d’étonnant à cela : Révolution Permanente reste dans la ligne libre-échangiste de Karl Marx et de Léon Trotsky. Emanation en France de la FT-QI, une branche du trotskysme originaire d’Argentine, RP est ouverte sur le plan sociétal mais reste orthodoxe sur les autres aspects de l’idéologie.
Cap vers la présidentielle pour Kazib ?
En attendant la révolution mondiale inévitable, la vie politique reste nationale et Révolution Permanente en tient compte. Le Congrès a ainsi adopté une résolution « contre la Vème République, pour l’abolition de la Présidence de la République, du Sénat (…), pour une Assemblée unique, qui concentrerait les pouvoirs exécutifs et législatifs, et dont les députés seraient élus parmi l’ensemble de la population, sans distinction de nationalité, payés au salaire médian et révocables. »
Anasse Kazib sera-t-il candidat en 2027 pour défendre ce programme ? En 2022, il avait échoué à dépasser le cap des 500 signatures d’élus, réussissant tout de même à en obtenir 160. En 2024, ce père de 3 enfants aux allures bonhomme s’était présenté aux élections législatives et avait atteint le score honorable de 3,88 %, à Saint-Denis. Il peut miser sur le dynamisme et la radiclaité de son organisation, qui attirent des profils comme l’économiste Frédéric Lordon, l’actrice Adèle Haenel ou la militante transgenre russe Sasha Yaropolskaya.
Pour mettre toutes les chances de son côté, Révolution permanente a d’ores et déjà mis de côté un trésor de guerre de 580 000 euros, recueillis par souscription.
Enora
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2 réponses à “« Révolution permanente ». Premier congrès réussi pour l’organisation d’extrême-gauche la plus virulente du moment”
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