Marion Maréchal : « Apporter une réponse à la question du défi migratoire, du changement culturel et civilisationnel qui est en cours » [Interview]

Marion Maréchal, la présidente du parti Identité-Libertés et député européen, a pris part à la conférence MEGA 2 à Bruxelles au Parlement européen organisée sous la bannière du groupe/parti européen Conservateurs et réformistes européens (ECR), à l’initiative du parti nationaliste roumain Alliance pour l’unité des Roumains (AUR). Lionel Baland l’a interrogée à ce propos lors de cet événement.

Breizh-info : Vous étiez avec Éric Zemmour et vous êtes partie. Pourquoi avez-vous rompu avec lui ?

Marion Maréchal : Comme je l’ai expliqué de nombreuses fois depuis six mois, nous étions en désaccord politique à propos des alliances lors des législatives.

Breizh-info : Quelles sont les différences entre votre parti Identité-Libertés et les autres partis patriotiques ?

Marion Maréchal : Je n’ai pas changé d’idées depuis que je fais de la politique. Je suis entrée dans ce milieu lorsque j’avais 22 ans. J’étais, à l’époque, député du Front national (FN). J’étais déjà sur la ligne qui est la mienne aujourd’hui, qui était, pour faire simple, de droite, identitaire, libérale, si on veut, conservatrice, que je défendais déjà en tant que courant à l’époque à l’intérieur du Front national. Et j’étais aussi attachée à une idée qui m’est toujours restée à cœur, qui était celle de l’union des droites, que je considérais comme le seul chemin viable pour espérer une victoire du camp national.

C’est d’ailleurs sur cette ligne et sur cette promesse de l’union des droites que j’avais rejoint Éric Zemmour aux élections présidentielles, parce que je considérais qu’il était le candidat qui correspondait le mieux idéologiquement à ce que j’ai toujours défendu, jusqu’à ce que cette promesse d’union des droites soit rompue au moment des élections législatives. Donc, je continue de défendre aujourd’hui cette vision dans le cadre d’une volonté de coalition avec, à la fois, le Rassemblement national (RN) et l’Union des droites pour la République (UDR) d’Éric Ciotti pour faire vivre ces sujets et puis porter une voie économique qui soit celle de la lutte contre la bureaucratie et la surfiscalité et de la réforme de l’État et du statut des fonctionnaires. Tous ces sujets qui, aujourd’hui, sont encore trop peu entendus dans le débat public français.

Breizh-info : Mais le Rassemblement national a une tendance plutôt sociale ! Donc est-ce que cela peut quand même fonctionner ?

Marion Maréchal : C’est le principe d’une coalition. Sinon, c’est de la fusion. La coalition, ce sont des partis qui ont chacun leurs particularités, leur singularité, travaillent ensemble et s’accordent sur l’essentiel.

Je crois qu’aujourd’hui, dans notre pays, l’essentiel est d’apporter une réponse à la question du défi migratoire, du changement culturel et civilisationnel qui est en cours, à l’épreuve du chalenge régalien, et, en particulier, d’amener une réplique à l’effondrement actuel de l’autorité de l’État et à l’explosion de la criminalité. Et donc, ces points de convergence font que, aujourd’hui, nous sommes amenés à travailler ensemble. Et puis, en apportant chacun, évidemment, notre diagnostic et nos réponses sur les autres sujets, en complémentarité.

Breizh-info : Le groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR) est plutôt pro-OTAN. Au niveau de la guerre en Ukraine, il soutient plutôt l’Ukraine. Donc est-ce que vous partagez ces idées-là ? Votre position par rapport à l’OTAN est-elle celle-là ?

Marion Maréchal : ECR est un groupe qui s’est toujours caractérisé par le respect et la défense des souverainetés et des identités nationales, donc par une vraie liberté qui est accordée légitimement, évidemment, aux délégations sur tous les sujets, en particulier dans le domaine international. Je ne me suis jamais cachée, évidemment, d’apporter mon soutien à la défense de l’intégrité et de la souveraineté de l’Ukraine, puisque c’est le cœur de notre combat. Et pour autant, j’ai été tout à fait libre, y compris dans ce groupe, de m’opposer à l’envoi de troupes ou d’armes sur le terrain.

Et donc, je ne vois aucune incompatibilité. C’est un groupe qui est impliqué dans la défense de la civilisation européenne, très engagé dans la question de l’immigration, en particulier clandestine, très impliqué dans la défense des valeurs chrétiennes et des racines chrétiennes du continent et également dans la lutte contre cette espèce de fanatisme écologique du Green Deal (Pacte vert pour l’Europe), en particulier, qui est en train d’organiser l’appauvrissement de notre continent. Et donc, pour toutes ces raisons, c’est le groupe, je crois, le plus à même de pouvoir défendre efficacement mes idées au niveau européen.

Breizh-info : Et au niveau du MEGA, qu’est-ce que vous pensez de l’idée et du concept de l’organisation de cet événement ?

Marion Maréchal : Je trouve cela très pertinent. Ce rassemblement s’inscrit aujourd’hui dans une grande dynamique historique, culturelle, politique, dont la victoire de Donald Trump aux États-Unis et de Javier Milei en Argentine sont des démonstrations, au même titre que, en Europe, évidemment, le leadership de Giorgia Meloni, à droite, qui, là encore, est en train d’émerger et qui est l’une des grandes têtes de pont du groupe et du parti ECR. Et donc, l’idée, c’est de pouvoir donner de l’élan, finalement, à cette dynamique, montrer que l’Europe ne doit pas et ne peut pas rester à la traîne de ce grand courant, qui est finalement une résurgence de la défense de nos indépendances nationales, de notre économie locale, de nos identités, qui doivent être défendues avec fierté et que, aujourd’hui, il n’y a pas de raison que le grand continent européen reste à côté de cette dynamique historique. Et donc, l’objet de cet événement, c’est de donner cette impulsion.

Breizh-info : Et quelle est votre vision de l’Europe ? Êtes-vous pour une Europe des nations ? Ou êtes-vous pour une intégration plus forte ?

Marion Maréchal : Je ne vais pas vous surprendre. Je défends la même chose depuis dix ans, qui est conforme à la ligne du groupe ECR, c’est-à-dire, en effet, une Union européenne qui est d’abord une coopération entre États souverains autour de grands projets, donc certainement pas cette espèce de bureaucratie tentaculaire woke et pro-immigration telle qu’elle est à l’œuvre depuis des années. Et, à ce titre, le groupe ECR est très utile, puisqu’il a réussi à briser l’alliance traditionnelle du groupe du Parti populaire européen (PPE) de centre-droit, dans lequel se trouvent Les Républicains (LR), avec les écologistes et les socialistes, et, dorénavant, a réussi à imposer de nouvelles majorités à droite pour bloquer précisément des initiatives à gauche et à l’extrême gauche.

Et donc, c’est de bon augure pour réussir à réorienter cette Union européenne, même si, évidemment, cette réforme de l’Union européenne ne pourra se faire qu’à travers, aussi, le Conseil européen. Et c’est là où nous avons la nécessité d’emporter des victoires auprès de différents gouvernements. C’est ce que nous préparons, évidemment, pour 2027.

Propos recueillis par Lionel Baland

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

4 réponses à “Marion Maréchal : « Apporter une réponse à la question du défi migratoire, du changement culturel et civilisationnel qui est en cours » [Interview]”

  1. Vett dit :

    La remigration droit être rendue désirable par des incitations de toutes sortes

  2. loic ruello dit :

    je n’ai pas confiance en quelqu’un qui a signé pour l’installation de missiles en ukraine alors que russes et americains semblent se rapprocher pour négocier . tout en disant le contraire contre maintenant l’envoi de troupe , comprenne qui pourra !

  3. gautier dit :

    J’ai confiance en elle et Sarah Knafo ainsi que Madame Joron, pour faire entendre une autre voix au parle-ment !

  4. Gaï de Ropraz dit :

    Il n’y a pas grand chose à rajouter ou à dire : Marion Marechal est sur la bonne voie …
    A mon sens, on entendra encore souvent parler d’elle, ainsi que du Groupe ECR (Conservateurs et Reformistes Européens), ce qui et une bonne chose. En effet, ils sont tous anti-bureaucratie et surtout tenterons d’éviter autant qu’ils peuvent, les invasions humaines qui se perpétuent grâce aux Gauchistes de tous bords.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

A La Une, Politique

Make Europe Great Again (MEGA). Quand la révolution trumpiste se propage au sein du Parlement européen.

Découvrir l'article

A La Une, International, Social

Jan Krzysztof Ardanowski sur la crise et la colère agricole en Europe : « Les agriculteurs ont été trompés » [Interview]

Découvrir l'article

Politique

Tous les Premiers ministres mèneront à Bruxelles

Découvrir l'article

International

L’Union européenne veut mettre les expulsions de migrants illégaux au cœur de son agenda

Découvrir l'article

International

L’éveil des Européens : Pourquoi le retour de Donald Trump menace les élites de Bruxelles

Découvrir l'article

BREST, CARHAIX, DINARD, GUINGAMP, International, LORIENT, MORLAIX, NANTES, QUIMPER, RENNES, ST-BRIEUC, ST-MALO, ST-NAZAIRE, VANNES

De l’argent contre des réformes. Bruxelles et Von der Leyen préparent un nouveau chantage pour les pays membres de l’UE

Découvrir l'article

Sociétal

Europe saccagée. Vincent Lapierre dans l’enfer de Bruxelles, de jour comme de nuit [Vidéo]

Découvrir l'article

International, Politique, Religion, Sociétal

Belgique. La « Team Fouad Ahidar » fait une percée électorale notable à Molenbeek [Vidéo]

Découvrir l'article

Immigration, International, Politique, Sociétal

Immigration. Viktor Orbán : « Tout le monde a dit que j’étais un idiot, mais tout le monde finira par être d’accord avec moi » [Vidéo]

Découvrir l'article

Immigration, International

Immigration illégale. La Hongrie refuse de payer les 200 millions d’euros d’amende à Bruxelles… et menace d’y envoyer des migrants

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky