Alors que Microsoft multiplie les efforts pour séduire l’administration Trump et consolider son influence à Washington, la multinationale continue d’entretenir des liens étroits avec NewsGuard, qui a fait de la délation et de la censure des médias conservateurs un juteux business. Un récent rapport de la Foundation for Freedom Online (FFO) met en lumière le rôle de Microsoft dans ce que certains dénoncent comme un véritable « cartel de la censure », visant notamment les partisans de Donald Trump et les médias alternatifs notamment en Europe.
Microsoft cherche les faveurs de Trump, tout en conservant ses initiatives de censure
Microsoft joue une partie stratégique à Washington. Ces dernières semaines, l’entreprise a obtenu le soutien personnel du président américain pour Project Stargate, un programme d’investissement dans l’intelligence artificielle mené par OpenAI et évalué à 500 milliards de dollars. Dans le même temps, Microsoft est en lice pour acquérir TikTok, qui doit impérativement passer sous contrôle majoritairement américain avant avril pour éviter une interdiction nationale.
Malgré ces efforts pour séduire l’administration Trump, Microsoft n’a pas rompu avec les initiatives de censure mises en place sous Biden, notamment son partenariat avec NewsGuard, une organisation accusée d’établir une liste noire de sites d’information conservateurs.
NewsGuard : un outil de censure masqué sous de faux airs de « vérification des faits »
Dans le cadre de son programme « Defending Democracy », Microsoft collabore étroitement avec NewsGuard, une entreprise privée qui attribue des « scores de fiabilité » aux médias en ligne et classe défavorablement les sites d’orientation conservatrice.
Dès sa création, NewsGuard a été intégré par défaut dans le navigateur Edge, imposant son système de notation aux utilisateurs. Ce partenariat demeure en place, bien que l’ancien président de la FCC, Brendan Carr, ait décrit NewsGuard comme « orwellien », le qualifiant de « pilier du cartel de la censure ».
Interrogée sur la continuation de son programme « Defending Democracy », Microsoft n’a pas répondu aux sollicitations des médias.
Microsoft finance des groupes impliqués dans la censure des partisans de Trump
Le rapport de la Foundation for Freedom Online met en évidence un autre point troublant : Microsoft a versé près d’un million de dollars au Center for an Informed Public (CIP), basé à l’Université de Washington.
Cet organisme, fondé en 2019, est l’un des quatre membres du Partenariat pour l’intégrité des élections, un programme mis en place par le Département de la Sécurité intérieure (DHS) pour lutter contre la « désinformation électorale ». Ce programme a joué un rôle clé dans la censure massive des partisans de Trump lors de l’élection de 2020, en supprimant des contenus sur les réseaux sociaux et en ciblant des médias jugés problématiques.
Le CIP a notamment été fondé par Kate Starbird et Jevin West, deux chercheurs ayant reçu plus de 4,4 millions de dollars de fonds publics pour leurs travaux sur la « lutte contre la désinformation ».
Un réseau d’anciens responsables de la censure recrutés par Microsoft
Microsoft ne se contente pas de financer ces initiatives : l’entreprise a également recruté plusieurs figures clés du complexe de la censure en ligne.
- Matthew Masterson, ancien cadre du Center for an Informed Public de Stanford, est aujourd’hui directeur de l’information integrity chez Microsoft. Il avait précédemment suggéré la création d’un organe gouvernemental centralisé pour lutter contre la « désinformation », une idée qui a mené à la mise en place du controversé Disinformation Governance Board du DHS.
- Clint Watts, ancien agent du FBI et créateur du programme Hamilton 68, est désormais responsable du Threat Analysis Center de Microsoft. Hamilton 68, financé par le Département d’État américain, prétendait traquer la propagande russe sur les réseaux sociaux. Or, les révélations des Twitter Files ont démontré que ce programme avait en réalité ciblé des Américains pro-Trump, les qualifiant à tort d’agents russes.
Microsoft en passe d’acquérir TikTok : un risque supplémentaire pour la liberté d’expression ?
Dans ce contexte, la possible acquisition de TikTok par Microsoft inquiète les défenseurs de la liberté d’expression.
TikTok, déjà sous surveillance pour ses liens avec le gouvernement chinois, pourrait voir sa modération renforcée sous l’influence des programmes de censure de Microsoft. Avec NewsGuard toujours actif et des ex-responsables de la lutte contre la « désinformation » à des postes-clés, certains redoutent une exclusion plus systématique des voix conservatrices sur cette plateforme prisée des jeunes électeurs.
Alors que Microsoft se repositionne stratégiquement auprès de l’administration Trump, ses liens persistants avec les structures de censure de l’ère Biden posent question. L’entreprise joue sur deux tableaux : d’un côté, elle cherche à s’imposer comme un partenaire technologique clé pour l’intelligence artificielle et le numérique aux États-Unis ; de l’autre, elle continue d’alimenter des initiatives visant à contrôler le discours public et à censurer les voix dissidentes.
Les prochains mois seront décisifs : Microsoft continuera-t-elle de soutenir ces outils de censure tout en prétendant défendre la liberté d’expression ? Ou sera-t-elle contrainte d’opérer un véritable virage pour s’aligner avec la nouvelle donne politique américaine ?
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