Donald Trump a temporairement levé les tarifs douaniers qu’il menaçait d’imposer au Mexique et au Canada en échange d’un renforcement de la sécurité aux frontières. Les deux pays ont accepté d’envoyer chacun 10 000 agents pour surveiller leurs frontières respectives avec les États-Unis, répondant ainsi aux exigences du président américain.
Un levier économique au service de la politique migratoire
Le 1er février, Donald Trump avait signé des ordres exécutifs imposant une taxe de 25 % sur les produits en provenance du Mexique et du Canada, justifiant cette mesure par la recrudescence de l’immigration illégale et du trafic de fentanyl. Mais à quelques heures de l’entrée en vigueur des sanctions, un compromis a été trouvé.
Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, a annoncé sur X (ex-Twitter) qu’un accord avait été conclu lors d’un “bon échange avec le président Trump” afin de suspendre les droits de douane pour 30 jours. En contrepartie, le Canada va déployer environ 10 000 agents pour renforcer la surveillance de sa frontière sud et empêcher le trafic de fentanyl, un opioïde responsable de nombreuses overdoses aux États-Unis.
Trudeau a également dévoilé un plan de 1,3 milliard de dollars pour sécuriser la frontière et lutter contre le narcotrafic, incluant de nouveaux équipements, des hélicoptères et une coopération accrue avec les forces de l’ordre américaines. Le Canada investira en outre 200 millions de dollars dans les services de renseignement et nommera un “tsar du fentanyl” pour coordonner la lutte contre les cartels, désormais désignés comme des organisations terroristes.
Je viens d’avoir un appel productif avec le Président Trump. Le Canada met en œuvre notre plan frontalier de 1,3 milliard de dollars — on renforce la frontière avec de nouveaux hélicoptères, de nouvelles technologies, plus de personnel, une coordination accrue avec nos…
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) February 3, 2025
Un bras de fer avec le Mexique
De son côté, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a annoncé l’envoi de 10 000 membres de la Garde nationale à la frontière nord pour contenir les trafics de stupéfiants et lutter contre les cartels. Un accord qui a permis, là aussi, de retarder la mise en place des droits de douane.
Dans son décret initial, Trump accusait le gouvernement mexicain de fermer les yeux sur l’activité des cartels qui fabriquent et exportent massivement du fentanyl, de la méthamphétamine et de la cocaïne vers les États-Unis. Il dénonçait une “alliance intolérable” entre les cartels et l’État mexicain, menaçant la sécurité nationale américaine.
En échange de cet effort de sécurisation, Washington s’engage à mieux contrôler l’exportation d’armes vers le Mexique, notamment les fusils d’assaut qui finissent entre les mains des gangs criminels.
Trump impose sa vision du commerce international
Si ces accords de dernière minute permettent d’éviter une guerre commerciale immédiate, Donald Trump n’a pas abandonné ses objectifs protectionnistes. Il considère que le Canada et le Mexique profitent du marché américain sans offrir de réciprocité.
“Nous ne pouvons pas laisser ces pays exploiter les États-Unis”, a déclaré Trump. “Nous n’avons besoin de personne.” Il a dénoncé un déficit commercial abyssal et des règles empêchant les exportations américaines de pénétrer efficacement les marchés canadien et mexicain, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de l’automobile.
Le président américain est allé encore plus loin en déclarant que le Canada “ferait mieux d’être notre 51e État”, soulignant la dépendance militaire du pays vis-à-vis des États-Unis.
Des tarifs toujours en suspens
Si le gel des tarifs douaniers est une victoire temporaire pour le Mexique et le Canada, la menace demeure. Trump a prévenu que les discussions allaient se poursuivre pendant 30 jours pour établir un accord définitif, faute de quoi les taxes pourraient être réactivées.
D’un point de vue économique, certains estiment que ces tarifs pourraient entraîner une hausse des prix aux États-Unis, notamment sur les produits importés du Mexique et du Canada. Mais Trump insiste sur le fait qu’ils favoriseront à long terme le rapatriement des industries et la création d’emplois aux États-Unis.
Le président américain s’appuie sur les précédents de la Chine et de la Colombie, qui ont cédé sous la pression des sanctions économiques imposées lors de son premier mandat. Il considère que les États-Unis ont une position dominante dans le commerce mondial et que les taxes douanières sont un outil efficace pour imposer leurs conditions.
La Chine dans le viseur
Alors que les négociations avec ses voisins sont en cours, Trump a confirmé l’application d’une hausse de 10 % des tarifs douaniers sur les produits chinois à partir du 4 février. L’objectif est d’inciter Pékin à mettre un terme à l’exportation des composants chimiques nécessaires à la fabrication du fentanyl.
“Si la Chine ne cesse pas d’envoyer du fentanyl chez nous, les tarifs vont encore augmenter”, a menacé Trump.
Avec cette offensive commerciale, Trump poursuit sa stratégie de confrontation avec les partenaires des États-Unis. Il mise sur un rapport de force où les menaces économiques servent à dicter ses priorités politiques, notamment en matière de lutte contre l’immigration clandestine et le trafic de drogue.
Reste à voir si le Canada et le Mexique tiendront leurs engagements… ou si la guerre commerciale reprendra de plus belle.
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