L’Historien argentin Marcelo Gullo Omodeo ( Ceux qui devraient demander pardon) pourfend ceux qui ont promu la légende noire espagnole

Il y a des livres qui vous font dire après les avoir lus, il y aura un avant et un après. Cela avait été le cas, lorsqu’en 2022 était paru aux éditions de l’Artilleur, l’ouvrage de l’historien espagnol Luis Pio Moa, Les mythes de la guerre d’Espagne, qui avait totalement bouleversé l’historiographie de la guerre civile espagnole. C’est le cas aujourd’hui, du livre de Marcelo Gullo Omodeo, « Ceux qui devraient demander pardon », qui a comme sous-titre, La légende noire espagnole et l’hégémonie anglo-saxonne, qui vient d’être publié aussi par les excellentes éditions de l’Artilleur. En langue espagnole, le livre s’intitule « Nada por lo que pedir perdón » (Il n’y a pas de pardon à demander). Le titre espagnol me semble plus percutant.

L’Occident et la repentance :

L’Occident vit depuis plusieurs années une véritable avalanche d’auto-flagellations massives, des USA à l’Europe, en passant par le Vatican, des opérations wokistes d’envergures, entendent balayer vers les poubelles de l’Histoire, toute la geste qui a conquis le monde pour lui apporter la civilisation dont les progrès techniques et scientifiques. Cette déconstruction passe par un mélange nauséabond d’islamisme, de communisme, d’anti-occidentalisme effréné, d’indigénisme exacerbé, voire de racialisme anti-blanc. Il ne se déroule pas un jour, où une statue ne soit déboulonnée, où un homme politique désormais honni ne soit déterré, où une rue ne soit débaptisée, où une œuvre d’art ne soit saccagée, et ce au nom de la repentance à sens unique qui se généralise dans nos universités, nos institutions, et jusqu’aux plus hautes autorités de l’État. Le Président Macron est un habitué de ces larmes anti-françaises, pour cracher à la figure de notre pays sans la moindre vergogne, l’exemple algérien nous le prouve, avec la politique permanente de culpabilisation sous la houlette d’un trotskiste, benjamin Stora, accusations à sens unique évidemment.

C’est pourquoi, Marcelo Gullo fait œuvre salutaire. Historien et politologue argentin, il a enseigné pendant des décennies à l’École supérieure de guerre de Buenos Aires, et dans diverses universités d’Argentine et du Pérou. Auteur d’une multitude d’ouvrages et d’articles, son précédent livre, Madre Patria, avait déjà attiré l’attention grâce à la solidité de ses recherches et à sa qualité d’écriture.

Des anthropophages, des cannibales et des esclavagistes :

Marcelo Gullo, pourfend la fameuse légende noire espagnole en reprenant tout le dossier et toute l’affaire, en déroulant l’écheveau, ce qui au demeurant nous remémore toute une partie de l’histoire de l’Espagne, de l’Europe et des USA, tant sa culture et ses références sont vastes. Les précisions qu’il nous donne, les annotations qui émaillent son livre sont des rappels forts utiles.

Des Aztèques et des Incas, esclavagistes et dévoreurs de chair humaine, de véritables génocidaires, d’authentiques cannibales notamment de bébés, c’était cela la réalité des Amériques centrales et du sud, avant l’arrivée de conquistadors. Gullo nous brosse en détail les propagandes et les mensonges historiques des luthériens, des pays comme la Hollande, la Grande Bretagne, les USA qui bouffèrent du catholique à longueur de temps. Marcelo Gullo met en pièces la construction mémorielle qui voudrait que l’Espagne aurait commis des crimes contre l’humanité à foison, alors qu’elle a construit immédiatement dès la conquête libératrice, des écoles, des universités, des hôpitaux, que ce soit en Amérique centrale et du sud, comme aux Philippines. Gullo nous indique, qu’avant la conquête espagnole, les Incas et les Aztèques, ainsi que d’autres peuplades, exterminaient environ 20 000 personnes par an, pour leurs sacrifices humains, et tenaient en sujétion leurs congénères, qui furent d’un coup d’un seul, libérés de ces tyrannies totalitaires et exterminatrices. « Au début du XVIème siècle, ces indigènes dévoraient tout être humain qu’ils capturaient… et formaient des expéditions qui avaient pour objet de les approvisionner en chair humaine. Ils engraissaient des prisonniers qu’ils tuaient et qu’ils mangeaient… »

Selon l’ethnologue Cuervo Màrquez, toutes ces tribus « étaient anthropophages, à tel point que leur seul aliment était la chair humaine, les espagnols ont découverts des abattoirs et des marchés publics, destinés à la chair humaine. »

La conquête espagnole :

Car comme le souligne dans son remarquable avant-propos pour le lecteur francophone, l’historien Arnaud Imatz, correspondant français de l’Académie royale d’histoire : « Avec à peine 5 à 6 millions d’habitants, (la France à elle seule en comptait environ 20 millions), l’Espagne devait tout à la fois lutter contre la piraterie barbaresque, affronter l’expansion ottomane, faire face à l’Angleterre et aux pays protestants et contrecarrer la puissance montante de la France. On comprend dès lors, la haine et le ressentiment durables qu’elle a suscités. ». Soulignons qu’Arnaud Imatz a été l’un de ceux qui ont permis la publication en France de ce livre, comme il l’avait fait pour le livre de Luis Pio Moa précité, ou pour des publications contre le mythe de Al-Andaluz, de Sérafin Fanjul ou autres universitaires, ou encore en assurant la traduction du livre de Miguel Platon, sur la répression franquiste dans la post-guerre.

Car l’Espagne était très en pointe dans les progrès techniques. Elle était à l’origine du 1er tour du monde, des premières relations avec la Chine, elle a mis au point par ses mathématiciens et astronomes de l’école de Salamanque et de Coimbra (L’Espagne et le Portugal étaient alors réunis), le calendrier grégorien qui a permis les rectifications majeures des dérives du calendrier Julien. Sa littérature était alors la 1ere au monde avec Rojas, Cervantès, Lope de Vega, Tirso de Molina, Calderon, Quevedo, Gongora, c’était « el siglo de oro », le siècle d’or. L’académie de mathématiques avait été créée dès 1583, une première en Europe, et l’école de Salamanque, l’une des 1éres universités au monde, enseignait le système de Copernic. Jeronimo de Ayanz avait en 1606, inventé la 1ere machine à vapeur brevetée, la liste des ingénieurs, des mathématiciens, des géographes, des cartographes, des navigateurs, des naturalistes, botanistes et médecins étaient impressionnante.

Je rajouterai, que la France, à cette époque, a eu une politique pro-Ottomane, et a laissé l’Espagne et les pays du Saint Empire germanique se battre seuls contre les envahisseurs mahométans. On en paie encore aujourd’hui le prix.

Il faut comprendre que les conquistadors étaient forts peu nombreux, quelques centaines, et qu’ils ont trouvé des alliés puissants parmi des tribus martyrisées, comme les Pijaos par exemple qui étaient parvenus à rassembler 6000 guerriers issus des peuples yalcon, avirama, pinao, guanaca et timana, pour combattre leurs bourreaux au côté des Espagnols.

Marcelo Gullo retrace avec brio, la conquête espagnole, ses causes et conséquences, les faux témoins stipendiés comme Bartolomé de las Casas qui ont voulu démolir l’œuvre civilisatrice. Les actions dévastatrices de Martin Luther, de Jean Calvin, de l’Angleterre, de la Hollande, des USA et bien d’autres pays qui se liguèrent, consciemment ou inconsciemment, pour tailler des croupières à l’action de l’Espagne, sont disséquées. Car souligne-t-il « Dans la vice-royauté de la Nouvelle-Espagne, la population indienne avait le droit (et ce dès le départ), de recevoir des soins gratuits dans les tous les hôpitaux. Il rappelle que c’est Hernàn Cortès qui fonda à Mexico en 1521 le premier hôpital, et qu’en 1578 fut établie la faculté de médecine de l’université royale et pontificale de Mexico. Que dans la Vice-Royauté du Pérou, l’Espagne avait créé un système de santé gratuit pour toute la population et que la Couronne espagnole y avait fait construire 59 hôpitaux entre 1533 et 1792, dont 20 ont été bâtis dans la ville de Lima.

Comme l’a admis le grand hispaniste américain Lewis Hanke « la conquête de l’Amérique par les Espagnols a été une incroyable prouesse militaire…. mais aussi une des plus grandes tentatives que le monde ait connues de faire prévaloir la justice et les normes chrétiennes dans une époque brutale et sanguinaire. ». Pour faire litière de la période inquisitoriale, Gullo évoque le fait que si de 1540 à 1700, l’Espagne a condamné au bûcher 59 femmes accusées de sorcellerie, dans les pays allemands, pour la même période, 25 000 y furent exécutées pour le même délit, selon les diverses sources.

Le luthérianisme et le calvinisme contre la catholique Espagne :

Comme le souligne Marcelo Gullo, la légende noire a ses sources. « Antisémite féroce, Luther assimilait les Espagnols aux Juifs, mais aussi aux Maures. ». Il nous rappelle, qu’en Angleterre, les catholiques furent massacrés, et « qu’à lui seul, le règne d’Élisabeth 1ere (1558-1603), est responsable de plus de morts que l’Inquisition espagnole dans toute son histoire ». 

Dans les pays allemands, la répression anticatholique a coûté environ 130 000 vies, même Karl Marx, dans La Sainte Famille et autres écrits philosophiques, a relevé ce rôle de Luther « qui avait chargé le cœur de chaînes ». C’est tout ce courant religieux et philosophique, qui a construit les fondements de l’anticatholicisme et de la légende noire espagnole. Cela a été repris avec ardeur par la Grande Bretagne, les pays du Nord de l’Europe, les USA ensuite. Luther a systématiquement insulté les espagnols, les traitant de marranes (de juifs), de mamelouks. Grâce à l’imprimerie naissante, cette propagande a pu se répandre comme une trainée de poudre. En 1898, lorsque les USA attaquèrent l’Espagne pour s’emparer de Cuba et des Philippines, leur propagande messianiste repris cette légende noire.

Quant à Jean Calvin, français devenu le chef de la ville de Genève par le fer et le sang (il fera exécuter 58 personnes et en exilera 76), il théorisera le concept de prédestination, qui deviendra pour l’ensemble des protestants, une arme de guerre contre les catholiques et contre l’Espagne, symbole de cette catholicité. Ce protestantisme se répandra en Suède, au Danemark, en Hollande, dans les Allemagnes, « L’identité nationale de la Hollande, de l’Angleterre et plus tard de l’Allemagne sous hégémonie Prussienne s’est construite à partir de la haine du catholicisme et de la nation qui a défendu le catholicisme, c’est-à-dire l’Espagne ». (page 205). Gullo dépeint par plusieurs exemples, comment les actions colonisatrices de ces pays protestants furent terribles vis-à-vis des autochtones.

En guise de conclusion (provisoire) :

Pour terminer, je ne résiste pas au fait de vous livrer deux citations, parmi des centaines répertoriées dans l’ouvrage. Celle d’Evita Duarte de Peron tout d’abord « L’épopée de la découverte et de la conquête de l’Amérique est fondamentalement une épopée populaire. Nous sommes des découvreurs et des conquérants, mais aussi les héritiers directs de leur geste et de la flamme éternelle qu’ils ont transportée par-dessus les mers ». Enfin, d’un dénommé Jorge Mario Bergoglio, plus connu sous le nom de Pape François. Lui, le pourfendeur des pays européens qui entendent se défendre contre l’immigration débridée, lui qui veut promouvoir une immigration massive et conquérante de préférence islamiste, n’avait pas hésité à déclarer pourtant, le 27 mai 1975, à l’occasion de la journée de la Patrie : «Nous avons été forgés par l’Espagne qui, par-delà les contradictions et les limites de sa conception historique, nous illumine par ses lois des Indes, ses ordonnances d’Alfaro -(ordonnances de 1606, portant le nom de ce juriste espagnol visant à protéger les indiens, nda)-…et la conscience missionnaire d’une femme merveilleuse que l’histoire appellera Isabelle la Catholique ». Visiblement ce satané jésuite a oublié son histoire.

Dans sa préface, Carmen Iglesias, directrice de l’Académie Royale d’histoire et membre de l’Académie Royale espagnole rappelle qu’il est capital, comme l’a fait Marcelo Gullo, que la défense de la vérité des faits se doit d’être un combat permanent. Car comme l’auteur le soutient dans sa conclusion, « il n’y a pas de Patrie sans histoire » et qu’il faut bannir les reconstructions mémorielles qui « se moquent éperdument de la vérité historique et font de l’histoire une espèce de tribunal du passé. » Puisse nos universitaires, nos élites, nos autorités s’en inspirer. À l’orée d’une nouvelle année, on peut toujours rêver. Je recommande la lecture de ce livre.

Marcelo Gullo Omodeo « Ceux qui devraient demander pardon- La légende noire espagnole et l’hégémonie anglo-saxonne » Editions de l’Artilleur, octobre 2024, 23 euros, 459 pages, avant -propos d’Arnaud Imatz et Préface de Carmen Iglesias.

Michel Festivi

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Une réponse à “L’Historien argentin Marcelo Gullo Omodeo ( Ceux qui devraient demander pardon) pourfend ceux qui ont promu la légende noire espagnole”

  1. Trystan Mordrel dit :

    Sans vouloir couper les cheveux en quatre, Marcelo Gullo n’est pas plus historien que Dominique Venner. C’est un spécialistes de relations internationales qui resterait dans l’anonymat s’il n’avait pas une facette qui l’a propulsé sur le devant de la scène des hispanistes : le talent de polémiste et d’essayiste.

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