Bouvron (44) : la mairie veut effacer la mémoire de l’abbé Corbillé, prêtre réfractaire fusillé en 1794

La décision de la municipalité de Bouvron (majorité « écologiste ») de débaptiser la place de l’abbé Corbillé suscite une vive indignation. Cet effacement mémoriel, dénoncé par l’association Koun Breizh dans un communiqué paru sur l’ABP, soulève de nombreuses interrogations quant aux motivations idéologiques de la mairie. L’abbé Nicolas Corbillé, prêtre réfractaire et premier maire de Bouvron, fut exécuté contre le mur de l’église en 1794, victime de la Terreur révolutionnaire. Sa mémoire, ancrée dans l’histoire bretonne, est aujourd’hui menacée par une décision contestée.

Un pan de l’histoire bretonne menacé d’oubli

L’abbé Corbillé est une figure emblématique de la persécution religieuse sous la Révolution française. Ordonné prêtre en 1781, il fut nommé vicaire à Bouvron en 1785. Lorsque la Constitution civile du clergé de 1790 imposa aux prêtres de prêter serment à l’État, il refusa, comme de nombreux ecclésiastiques en Bretagne. Contraint à la clandestinité, il poursuivit son ministère au péril de sa vie, officiant dans l’ombre pour répondre à la ferveur religieuse de la population locale.

Dénoncé, il fut arrêté en avril 1794 et fusillé contre le mur de l’église de Bouvron. Son supplice illustre la brutalité du régime révolutionnaire et la résistance des prêtres réfractaires qui refusèrent de se soumettre à un pouvoir hostile à leur foi.

En hommage à son martyre, la place où il fut exécuté porte son nom depuis des décennies. Mais la mairie de Bouvron a décidé de faire disparaître cette trace de l’histoire, invoquant la sacro-sainte séparation des Églises et de l’État.

Une décision perçue comme idéologique

L’association Koun Breizh, qui œuvre pour la défense de la mémoire bretonne, s’insurge contre ce qu’elle considère comme une tentative d’effacement historique. « Cette décision vise non seulement à déboulonner un symbole religieux, mais aussi à gommer une page de l’histoire de Bretagne », déplore Didier Lefebvre, porte-parole de l’association.

L’argument avancé par la mairie – la laïcité – soulève des interrogations. Faut-il désormais faire disparaître toute référence à la religion dans l’espace public ? Jusqu’où ira cette logique ? De nombreuses rues et places en Bretagne et en France portent les noms de figures religieuses ou de prêtres qui ont marqué l’histoire locale. Pourquoi s’attaquer spécifiquement à l’abbé Corbillé ?

L’effacement des crimes de la Révolution ?

Derrière cette décision, certains y voient une volonté de minimiser les exactions de la Révolution française. L’abbé Corbillé fait partie de ces victimes de la Terreur dont le souvenir dérange une certaine vision idéologique de l’histoire. Effacer son nom reviendrait à nier l’injustice de son exécution et à occulter les persécutions subies par les catholiques durant cette période troublée.

La Terreur n’a pas été seulement une période de bouleversements politiques : elle fut aussi marquée par des exécutions arbitraires, des persécutions religieuses et une volonté de déraciner toute opposition. À l’heure où certains voudraient imposer une lecture unilatérale de l’histoire, la disparition du nom de l’abbé Corbillé s’apparente à un acte de réécriture historique.

L’affaire dépasse largement le cadre local. Elle illustre une tendance plus générale à vouloir effacer ou réinterpréter certains pans de l’histoire pour qu’ils correspondent aux canons idéologiques actuels. Mais l’histoire de la Bretagne ne peut être écrite à coups de décisions administratives et d’amnésie volontaire.

Aujourd’hui, à Bouvron, un prêtre exécuté par un régime totalitaire risque de disparaître de la mémoire collective sous prétexte de modernité et de laïcité. Le combat pour préserver la mémoire de l’abbé Corbillé dépasse la seule question religieuse : il s’agit de défendre un héritage commun, un pan de notre histoire bretonne et française.

Crédit photo : DR

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Une réponse à “Bouvron (44) : la mairie veut effacer la mémoire de l’abbé Corbillé, prêtre réfractaire fusillé en 1794”

  1. Ziska dit :

    La connerie est vraiment sans limites.

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