Lors du Forum économique mondial à Davos, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a proposé de lier tous les comptes de réseaux sociaux à une identité numérique européenne. Une initiative censée lutter contre l’influence des géants de la technologie, mais qui soulève de vives inquiétudes sur les libertés individuelles.
Une attaque frontale contre l’anonymat en ligne
Dans un discours prononcé le 22 janvier, Pedro Sánchez, sans doute nostalgique de l’URSS a accusé des figures comme Elon Musk et Mark Zuckerberg d’utiliser les réseaux sociaux pour concentrer « le pouvoir et la richesse au détriment de nos démocraties ». Selon lui, les plateformes sont devenues des « outils d’oppression » favorisant l’agenda réactionnaire de l’extrême droite.
Pour y remédier, Sánchez a appelé l’Union européenne à renforcer son contrôle sur les réseaux sociaux. Sa proposition phare : lier tous les comptes des utilisateurs européens à un portefeuille d’identité numérique (Digital Identity Wallet), un projet déjà en cours de développement par l’UE.
« Sauver la démocratie » ou renforcer le contrôle ?
Cette proposition a été largement critiquée, notamment pour son potentiel à entraver la liberté d’expression en ligne. L’idée de mettre fin à l’anonymat en ligne a été perçue comme une tentative de centraliser davantage le pouvoir entre les mains des gouvernements et des institutions européennes.
Sánchez a également présenté un plan en trois points pour « protéger la démocratie des milliardaires de la tech » :
- Placer les algorithmes des réseaux sociaux sous le contrôle d’agences spécialisées de l’UE.
- Tenir les PDG des entreprises technologiques « personnellement responsables » en cas de non-respect des lois européennes sur la censure.
- Mettre fin à l’anonymat en ligne en associant tous les comptes à une identité numérique.
Réactions : entre soutien et critiques
Si Sánchez affirme que ces mesures visent à « protéger la démocratie », ses critiques soulignent une hypocrisie flagrante. Des scandales de censure impliquant des plateformes comme Twitter et Facebook sous des gouvernements antérieurs ont montré que l’intervention des autorités peut également être utilisée pour manipuler le discours public.
Elon Musk, PDG de X (anciennement Twitter), a rapidement réagi : « Cette plateforme fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger le droit des utilisateurs à rester anonymes. »
Pour les détracteurs de Sánchez, cette initiative n’est qu’une tentative de contrôler davantage l’espace numérique sous prétexte de combattre la désinformation et les discours de haine. La mise en œuvre d’une identité numérique obligatoire pourrait créer un précédent dangereux, réduisant la capacité des citoyens à exprimer des opinions dissidentes sans crainte de représailles. De plus, la centralisation des algorithmes sous l’autorité de l’UE soulève des inquiétudes quant à une possible politisation du contrôle des informations diffusées en ligne.
Cette proposition controversée illustre les tensions croissantes entre sécurité, contrôle étatique et respect des droits individuels dans l’ère numérique. Reste à voir si l’Union européenne suivra cette voie soviétique ou si une partie de ceux qui la dirigent parviendront à mettre fin à ces appétences totalitaires.
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