Cantines scolaires de Bretagne. Du bio, du local et peu de communautarisme. [enquête exclusive]

20/03/2015 – 09h00 Bretagne (Breizh-info.com) ‑ Une polémique enfle après que le maire UMP de Chalon sur Saône ait décidé de supprimer les menus de substitution « au nom du principe de laïcité ». Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, a immédiatement apporté son soutien à l’élu en déclarant : « Je suis opposé à ce qu’on appelle les repas de substitution où, en fonction de l’origine des enfants, de la religion des parents, on choisit des repas différents. Si vous voulez que vos enfants aient des habitudes alimentaires confessionnelles, vous allez dans l’enseignement privé confessionnel ».

Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’Education nationale, s’est quant à elle fendue d’une déclaration surprenante : «Supprimer la possibilité d’avoir un menu non confessionnel, je trouve que c’est une façon, en réalité, d’interdire l’accès de la cantine à certains enfants». La ministre sous-entend ainsi que manger du porc – aliment de toutes les polémiques actuelles – serait un signe d’appartenance à une confession. Joli retournement d’une situation – bien réelle en France – qui amène certaines cantines scolaires à supprimer définitivement le porc afin de ne pas « heurter » les interdits religieux, émanant principalement de l’influente communauté musulmane de France.

Contacté par nos soins, Ghislaine, parente d’élève résidant dans le Finistère et par ailleurs naturopathe, ne comprend pas le sens de cette polémique : « il fût une période pas si lointaine où il y avait un menu unique pour tous les enfants ; et on ne servait pas de porc à celui qui n’en voulait pas. Cela n’est d’ailleurs pas une mauvaise chose en soi, puisque les cantines scolaires ont tendance à vouloir proposer tous les jours de la viande ou du poisson, sacrosaintes protéines obligent, alors que de nombreux autres aliments – légumes, végétaux, légumineuse – contiennent des protéines , mieux assimilables par l’organisme ». Elle a toutefois son explication : « Il s’agit d’une guerre politique dans laquelle nos enfants sont pris en otage : d’un côté ceux qui sont prêts à toutes les concessions pour plaire à leur clientèle musulmane – quitte à supprimer définitivement certains aliments des cantines – de l’autre ceux qui voient dans le cochon le symbole d’une nouvelle forme de résistance identitaire et qui veulent en mettre dans toutes les assiettes. Dans les deux cas, ce sont les enfants qui payent l’addition. »

Quelques revendications communautaires dans certains quartiers précis.

Qu’en est-il justement en Bretagne ? Quelle type d’alimentation est proposée aux enfants ?  C’est ce que nous avons voulu savoir, en interrogeant directement les services qui s’occupent des repas dans les cantines scolaires, en primaire et en maternelle. Des services difficiles à joindre par endroit, comme si la question de l’alimentation – qu’elle soit biologique, confessionnelle ou alternative – était presque devenue une affaire d’Etat.

Dans le Finistère, à Quimper, le maire, Ludovic Jolivet, nous a confié directement et sans tourner autour du pot que dans les cantines, si la nourriture n’était pas ou peu biologique, les enfants avaient du porc dans des menus servis hebdomadairement, et que des menus de substitution existaient pour les familles demandant un régime alimentaire autre (sans gluten, végétarien, mais aussi pour ceux dont la religion interdit de manger du porc). Aucun problème donc, dans les cantines scolaires de la capitale de la Cornouaille.

A Brest, il nous a été impossible d’avoir une personne pour répondre à nos questions au sein de la municipalité : un tour sur le site Internet nous a néanmoins permis de constater que du porc était servi au moins une fois par semaine, avec  un menu de substitution à chaque fois, tout comme lorsque du poisson est servi. A noter d’ailleurs que certains aliments (fruits, légumes, laitages) sont des produits biologiques, et que le poulet ainsi que la dinde sont estampillés « Label Rouge ». Dans certains quartiers, comme à Kercado – qui accueille une forte population musulmane d’origine extra-européenne – les employés de cantine scolaire notent toutefois « que la majorité des enfants optent pour les repas sans cochon » signe d’une forme de communautarisation, selon les quartiers, que l’on retrouve également à Rennes et à Nantes lorsque l’on interroge parents d’élèves et/ou employés de cantines scolaires.

Dans les plus petites communes, comme au Conquet, là encore, du porc est bien servi à la cantine, sans menus de substitution, simplement pour des raisons pratiques et économiques, comme dans la plupart des petites communes du secteur.

Au sein de la communauté de commune de Morlaix, on retrouve également des repas avec toutes les viandes et poissons, des produits pas forcément issus de l’agriculture biologique, et sans repas de substitution.

Dans le Morbihan, les communes de Lorient de Pontivy et de Vannes proposent elles aussi des menus variés, avec quelques aliments biologiques et du porc une fois par semaine en général. Lorient propose d’ailleurs presque 32% de produits biologiques dans ses cantines scolaires. A Vannes, seuls les troubles alimentaires permettent d’avoir un repas de substitution.

Dans les Côtes d’Armor, nous avons contacté les services de M. Pennec , à Saint-Brieuc, en charge des cantines de la ville : les enfants se voient servir des menus issus de l’agriculture biologique, avec du porc comme d’autres viandes, et des menus de substitution pour les familles qui en font la demande. A Guingamp, rien n’indique une alimentation biologique et des menus de substitution aux repas composés de poisson ou de porc.

En Ille et Vilaine, la ville de Rennes – qui n a pas souhaité répondre directement à nos questions – publie sur son site Internet chaque semaine la liste des menus pour les différentes écoles de la ville. Très peu d’agriculture biologique au menu des enfants, mais un attachement aux produits locaux, de saison pour les fruits et légumes. Là encore, des menus de substitution sont proposés sur demande, aux familles ayant des interdits alimentaires. Là encore – comme à Brest – une plus large demande est faite dans les quartiers à forte population d’origine extra-européenne, au sud de Rennes.

Un « menu des allergiques » à Nantes.

A Saint-Malo, c’est la société Sodexo qui fournit les repas pour les enfants avec toutes les viandes et poissons, des volailles de qualité Label Rouge, et quelques produits biologiques (7, ce qui n’est pas tout le temps respecté si l’on se réfère aux menus). Pas de menus de substitution prévus.

A Vitré, qui a souhaité mettre en place un grand programme de lutte contre l’obésité des enfants, même topo, sans que les produits soient forcément biologiques.

En Loire-Atlantique enfin, la ville de Nantes propose deux types de menus : les traditionnels mais également un « menu des allergiques » réalisé à la fois pour tous les enfants souffrant d’allergies alimentaires. «Depuis 2008, la Ville s’est engagée dans une démarche d’achat de produits bio et circuits courts de qualité avec un objectif de réduire le nombre d’intermédiaires entre les producteurs et la cuisine centrale, et rapprocher ainsi les lieux de production des assiettes des enfants.» nous confie Elise Pagot, attachée de presse à la Ville de Nantes. « En 2008, le montant de la dépense concernant cette démarche représentait environ 200 000 € soit 6% du total des achats alimentaires. En 2013 le montant dépensé a été de plus de 400 000 k€ soit le double (12 % du total des achats alimentaires) L’objectif fixé par les élus, pour ce mandat, est de doubler le volume financier de ce dispositif. »
Concernant les menus spécifiques, ils ne concerneraient que 300 enfants sur les 13 500 à 14 500 repas servis chaque jour.
Pour la commune de Saint-Nazaire, les mêmes menus et services qu’à Nantes sont proposés.

La Bretagne, région en pointe dans le bio et le local

La Bretagne est une région en pointe concernant l’arrivée progressive de l’alimentation biologique dans les assiettes des enfants – bien que la majeure partie des écoles de Bretagne fonctionnent encore de façon industrielle avec des « cuisines centralisées» qui servent des milliers de repas chaque jour, le plus souvent pour des questions de budgétaires. Le modèle agro-alimentaire breton actuel, dans lequel l’agriculture et l’élevage intensifs occupent une grande place, contribue également à freiner l’essor de la nourriture biologique dans les assiettes des petites têtes blondes.

« Il y a encore d’énormes progrès à faire dans nos écoles » nous confie Ghislaine, notre naturopathe. « Contrairement à la doxa communément établie, consommer moins de viandes et moins de laitages contribue à la bonne santé de l’enfant, qui trouvera dans les fruits et légumes frais une bonne partie de ce dont il a besoin » avant de rajouter « l’accent n’est pas encore mis sur les céréales alternatives au blé, comme le petit épeautre, le riz, le quinoa, moins nocives quand elles sont biologiques ».

Développement de l’alimentation biologique et soutien progressif de l’économie locale, voilà les deux particularités des cantines scolaires dans les écoles publiques bretonnes, où le communautarisme et les revendications religieuses restent pour le moment concentrées dans quelques quartiers identifiés. Par la volonté de Manuel Valls – qui souhaite mettre fin à « l’apartheid » dans les quartiers et étaler de force l’immigration, notamment dans les régions encore peu touchées comme la Bretagne – les choses pourraient néanmoins changer dans les prochaines années.

 Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2013, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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3 réponses à “Cantines scolaires de Bretagne. Du bio, du local et peu de communautarisme. [enquête exclusive]”

  1. vernier dit :

    il faudrait peut etre une bonne guerre comme disait mon père pour que tout le monde soit d’accord—je dirais moi qu’il faudrait afficher à l’entrée des écoles des photos d’enfants souffrant de la famine ou alors supprimer les cantines, chacun apportant son casse croute bio ou non etc….notre pays décadent mériterait de souffrir un peu pour nous prenions conscience de la chance de manger à notre faim et de retrouver l’instinct de conservation que nous avons perdu en préférant de plus en plus la  »culture » de l’afrique– chantez bannières de chrétienté tous les jours et vive les chouans

  2. lanceur dit :

    Les cantines scolaires ne sont pas faites pour tenir compte des exigences confessionnelles des uns et des autres. La cantine est un service rendu aux parents, rien n’est obligatoire. Ceux qui désirent que l’on tienne compte de leurs demandes alimentaires en fonction de leurs religion n’ont qu’à se prendre en charge. Ces diverses attaques, venant principalement des musulmans(accommodements dit raisonnables), est un système dit « à petit pas » vers la mise en place dans tout le pays de la charia. Le PS et ses représentants(sans oublier certains UMP) sont prêts à tout pour sauver leurs postes, leurs gamelles. Le pays, ils s’en moque éperdument, ainsi que des « sans dent ».

    Il faut rappeler à l’inculte Najat Vallaud Belkacem, que le halal, dans l’alimentation, est avant tout « UN REPAS CONFESSIONNEL » quoi qu’elle en dise ou pense. L e porc ,NON! NVB (celle qui travaille plus pour le Maroc que pour la France) ne sait peut-être pas ce que veut dire « confessionnel », voici une rapide définition:
    « Qui est relatif à une religion. »
    Comme le dit Consigny: Najat Vallaud-Belkacem à l’éducation, c’est comme mettre Nabilla à la tête de la NASA. »
    On ne saurait dire mieux.

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