L’année 2024 a marqué un tournant difficile pour les très petites entreprises (TPE) en France, révélant une crise profonde touchant à la fois leur trésorerie, leur rentabilité, et leur moral. Le bilan annuel présenté par le SDI (Syndicat des Indépendants et des TPE) met en lumière une série de constats alarmants pour ce tissu économique essentiel au pays.
Des défaillances records et un moral en berne
L’année 2024 a connu un niveau de défaillances d’entreprises historiquement élevé, comparable à celui observé lors de la crise des subprimes en 2008-2009. Les TPE, particulièrement celles âgées de plus de six ans, ont été fortement touchées avec une hausse de 25 % des défaillances pour les structures de moins de trois salariés, et de 31 % pour celles comptant entre trois et neuf employés. Cette crise s’est traduite par une baisse de chiffre d’affaires pour 52 % des TPE, obligeant nombre d’entre elles à réduire leurs effectifs ou à limiter leurs investissements.
Un autre chiffre marquant réside dans l’état d’esprit des dirigeants : 88 % d’entre eux abordent 2025 avec un pessimisme prononcé. Parmi ces derniers, 36 % se déclarent « désabusés », et 10 % avouent ressentir un état dépressif, un taux triplé en un an.
Les principales difficultés rencontrées
Les défis des TPE en 2024 s’articulent autour de plusieurs axes majeurs :
- Charges sociales et fiscales élevées : Les dirigeants citent le poids des prélèvements obligatoires comme la première cause de leurs difficultés, entravant leur capacité à recruter et à investir.
- Coût de l’énergie et inflation : Bien que l’inflation ait ralenti, le coût élevé des matières premières et de l’énergie continue de peser lourdement sur les marges.
- Remboursement des PGE : Environ 429 000 TPE sont encore en cours de remboursement d’un Prêt garanti par l’État (PGE), avec une mensualité moyenne de 2 000 euros. Ces entreprises apparaissent plus fragiles, avec un taux de cessation d’activité anticipée de 25 % contre 17 % pour les autres.
- Accès au crédit : L’accès aux crédits de trésorerie et d’investissement s’est dégradé en 2024, avec des taux d’acceptation en baisse constante tout au long de l’année.
Impact sur les dirigeants et leurs salariés
Face à ces difficultés, les dirigeants de TPE ont été contraints de réduire leur rémunération. Près de 50 % d’entre eux ont gagné l’équivalent du SMIC ou moins en 2024, tandis que 26 % ont dû réduire leurs effectifs, principalement par des ruptures conventionnelles ou des non-remplacements. Cette pression économique a également ralenti les recrutements, avec seulement 15 % des entreprises ayant embauché en 2024.
Les attentes des dirigeants envers le gouvernement sont claires : ils demandent une réduction des charges sociales et fiscales (77 %), une simplification administrative (36 %) et un soutien financier direct (24 %). Le mécontentement à l’égard des politiques actuelles est palpable, 91 % des chefs d’entreprise estimant que la situation politique influe négativement sur leur activité.
Perspectives pour 2025 : entre prudence et incertitude
Les prévisions pour 2025 restent sombres. Plus de deux tiers des dirigeants ne se voient pas capables de développer leur activité. L’accès au crédit, déjà problématique, pourrait devenir un obstacle insurmontable si aucune action préventive n’est prise par les pouvoirs publics.
Le rôle crucial des TPE dans l’économie française ne peut être ignoré. Elles représentent non seulement un moteur économique mais aussi un pilier social. Pour éviter une aggravation de leur situation, il est impératif que les décideurs politiques prennent des mesures concrètes pour soutenir ces acteurs essentiels. La réduction des charges, la simplification des démarches administratives, et une meilleure gestion de l’accès au crédit doivent figurer en priorité sur l’agenda gouvernemental.
En conclusion, si l’année 2024 a mis en lumière la résilience des TPE face à l’adversité, elle a également souligné l’urgence d’un soutien accru pour assurer leur survie et leur prospérité en 2025. Le destin de milliers d’entreprises, et par conséquent de millions de salariés, repose sur les actions qui seront entreprises dans les mois à venir.
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2 réponses à “État des lieux des TPE en 2024 : une année de défis et d’incertitudes”
Les temps sont durs pour les entreprises du bâtiment puisque en 2024 les mises en chantier du neuf ont plafonné à 239 000 logements, soit le plus bas depuis 1950 ! malgré une demande croissante des besoins.
Causes de cette débacle, l’augmentation du coût de l’emprunt immobilier, des matières premières et de l’énergie et surtout des contraintes liées aux améliorations thermiques des bâtiments anciens qui consomment une bonne partie des investissements.
Ces nouvelles règles thermiques ont automatiquement dévalorisé le prix de vente des batiments non à jour des normes thermiques qui forment la majorité du marché (Batiments âgés de 20 ans ou plus) provoquant une baisse de leur prix de vente de 5,4 % sur Nantes et 14,5 % sur 3 ans.
Finalement nous assistons au paradoxe suivant: Grosse pénurie de logements mais néanmoins de moins en moins construits et malgré tout baisse des prix de vente ! Y a comme un défaut.
Et si tout celà était dû tout simplment à la baisse du pouvoir d’achât des français ? La France se paupérise.
14,50 % de baisse sur Nantes : la situation des entreprises est-elle seule en cause, n’y aurait-il pas aussi quelque difficulté à vivre ensemble ?