Quand le magazine international Rugby World consacre un article au RC Vannes

Les connaisseurs de rugby le connaissent sans doute : le magazine Rugby World est un mensuel, en anglais, qui est indispensable pour suivre le rugby hors France, en complément donc, du Midi Olympique par exemple. Tout d’abord parce que c’est un beau magazine, ensuite parce que ça vous permet de travailler votre anglais, et enfin parce que vous y trouverez des informations que bien souvent, vous ne lirez pas dans une presse française trop souvent auto centrée.

C’est en le lisant que nous avons découvert, dans l’édition de décembre 2024, un article consacré, au RC Vannes, article que nous avons traduit pour vous ci-dessous.

Un article intitulé : Pourquoi une journée à Vannes doit-elle figurer sur votre liste de déplacements rugby ?

Tout Breton digne de ce nom vous dira que sa patrie, loin d’être réputée pour son temps maussade, bénéficie de microclimats chauds disséminés tout autour de la péninsule nord-ouest. C’est pourtant un déluge intermittent qui a accueilli les supporters toulousains à leur arrivée à Vannes pour l’ouverture de la saison du Top 14, signe avant-coureur d’une journée loin d’être ordinaire pour les Sudistes.

Nichée dans le golfe du Morbihan, la mer intérieure du sud de la Bretagne qui donne son nom au département, Vannes est construite autour d’un port qui sert de point de départ aux excursions dans la baie. L’île aux Moines et l’île d’Arz sont les plus populaires des quelque 40 îles, parsemées de mégalithes datant de l’âge du bronze, d’échoppes d’artisans et de cabanes en bord de mer. La presqu’île de Rhuys, qui entoure le sud de la baie, abrite des parcs à huîtres et un château qui surplombe l’anse.

Mais le jour du match – surtout pour la première rencontre de l’équipe locale en première division en 74 ans d’histoire – il faut remonter la Marle et se réfugier dans les remparts de la ville. Les anciens remparts de la ville sont un bon point de départ pour une visite de Vannes, en particulier avant que les préparatifs d’avant-match ne battent leur plein. Les fortifications retracent 2 000 ans d’histoire, puisqu’elles ont d’abord été construites par les Romains, puis continuellement renforcées jusqu’au XIVe siècle.

Bien qu’elles aient été partiellement démantelées sous Louis XIV pour lever des fonds de guerre, il reste suffisamment de tours et de portes pour occuper les touristes (il n’est cependant pas facile de repousser les ennemis de nos jours). En passant sous l’arc de la tour de granit de la prison de la Porte, vous atteindrez la place des Lices, en pente, où se déroulaient autrefois des tournois de joutes. Elle accueille aujourd’hui un marché bihebdomadaire où l’on trouve des huîtres, des moules et des pots de caramel au beurre salé.

Au nord, les rues piétonnes de la ville médiévale serpentent autour des maisons à colombages aux couleurs vives, entre lesquelles se niche la cathédrale gothique Saint-Pierre.

Ceux qui préfèrent garder leur énergie pour le match peuvent prendre le Petit train, qui serpente dans les rues pavées et dessert les principaux sites en un peu plus d’une demi-heure. Mais à l’approche du coup d’envoi, les supporters affluent invariablement vers le vieux port. A l’approche du premier match du Top 14 organisé en Bretagne, les bars se sont remplis dès l’heure du déjeuner.

De l’autre côté de la place Gambetta, qui forme un demi-cercle à l’extrémité du port, le personnel de la Brasserie l’Océan arbore des maillots commémorant l’accession de l’équipe en première division. Plus loin sur le flanc est du port, juste en face du stade, les habitants et les visiteurs se sont également rassemblés au Café Ferdinand et au Vieux Safran, juste à côté.

Assis au Café Ferdinand, Titouan, 23 ans, qui suit le club à travers le pays depuis cinq saisons, pressent une éventuelle surprise contre les 23 fois champions de France. Il s’enorgueillit que « toute la Bretagne est derrière nous, même si la plupart d’entre nous dans le stade seront des Vannetais, bien sûr ».

Les établissements du front de mer attirent inévitablement les plus grandes foules, mais c’est au Bar des Sports que vous trouverez de nombreux anciens. Affectueusement appelé « Chez Jeanine », le pub est une alternative plus conviviale mais tout aussi animée aux établissements susmentionnés, et se trouve à deux pas du Stade de la Rabine.

La Jeanine en question vit à Vannes depuis 36 ans mais est originaire de Saint-Étienne, ce qui explique l’association improbable de drapeaux de football verts et d’écharpes de rugby bleu marine qui ornent les murs. Derrière son bar, elle a vu la ville s’approprier son statut de porte-drapeau du rugby breton au cours de la dernière décennie, alors que l’équipe de football locale descendait jusqu’en septième division.

« La ville s’est réveillée », s’exclame-t-elle, alors que les premiers clients commencent à arriver à cinq heures du coup d’envoi. « Quand il y a un match de rugby, tout le monde en profite, surtout les entreprises locales, les bars, les restaurants, les magasins et les hôtels.

Quand on voit un touriste italien demander avec optimisme des billets de dernière minute, un supporter montpelliérain récemment installé dans la région s’installer au bar, et que l’on entend quelques accents gallois en arrière-plan, il devient évident que le phénomène RC Vannes a débordé bien au-delà des murs de la ville.

Le rugby ne s’est pas contenté de combler le vide laissé par la disparition de l’équipe de football, comme en témoigne la campagne d’abonnements expéditive de l’été dernier. À un moment donné, plus de 50 000 personnes ont fait la queue en ligne pour obtenir l’une des 9 000 places, ce qui a provoqué une panne du site web du club.

La demande écrasant le serveur, les autres ont dû se battre chaque semaine pour les 3 000 places restantes dans le stade, au grand dam de certains habitués. Le jour du match (il n’y en avait pas pour le match de Toulouse !), les restes sont vendus dans la petite cabane en briques rouges située devant le stade et qui fait office de billetterie.

La boutique du club, à la charpente en bois, a été prise d’assaut lorsqu’elle a ouvert ses portes en milieu d’après-midi, la file d’attente pour les marchandises se déversant dans la rue. À l’extérieur de la boutik, comme l’indique l’enseigne bretonne, se tient Robert Gallardon, un supporter de 80 ans originaire de Saint-Brieuc, dans le nord de la péninsule. Robert se souvient avoir joué pour l’équipe de rugby de sa ville contre Vannes à la fin des années 1960, peu après la création du club.

« Nous jouions sur un terrain où il n’y avait pas de vestiaires. Nous nous lavions dans une rivière au bord du terrain », raconte-t-il, ajoutant qu’il affrontait régulièrement l’ancien président du club, le regretté Jean-Louis Bouché.

Aujourd’hui, il n’hésite pas à soutenir son ancien rival et compte bien faire le déplacement à chaque match cette saison. « J’ai vu comment le rugby s’est développé dans cette ville, il a pris de l’ampleur et les gens des alentours aiment ce sport. A Saint-Brieuc, nous sommes restés un petit club local ».

La ferveur est la même dans toutes les catégories d’âge. Malo, un Breton de 21 ans qui suit l’équipe depuis l’époque de la Fédérale One, fait partie des supporters qui regardent le début de la saison depuis l’un des bars de La Rabine. S’il se réjouit de voir le club grandir et attirer des supporters venus de plus loin, il déplore de faire partie de ceux qui ont perdu leur place.

« C’est dommage, car nous étions sur le site Internet trois heures avant la mise en vente des abonnements. Certains d’entre nous ne pourront pas aller à tous les matches. Le fait de pouvoir rassembler toute la Bretagne derrière nous est notre grande force, mais cela signifie que les billets se vendent rapidement.

Un conseil de Malo aux nouveaux venus d’outre-Manche ? Il faut se jeter à l’eau, brandir le drapeau breton, manger une galette-saucisse et apprendre (au moins quelques paroles) l’hymne national. « Si des Anglais viennent assister à nos matches, c’est qu’il commence à se passer quelque chose ici ».

La galette-saucisse – une saucisse de porc grillée enveloppée dans une crêpe de sarrasin – est l’aliment de base populaire des jours de match, un aliment de rue qui, sur la scène nationale, est plus communément associé à l’équipe de football de Rennes. Plusieurs crêperies accueillent les spectateurs le long de la rue du Port menant au stade, mais beaucoup préfèrent se procurer une assiette d’huîtres à un stand situé dans le coin de la Rabine.

Pour une option plus sucrée, le choix se porte sur un Kouign-amann, la pâte épaisse et beurrée emblématique de la région, une tranche du Gâteau Breton, tout aussi riche, ou un biscuit Palet Breton. Le club ne semble pas avoir de mal à porter sur ses épaules le poids de la représentation de toute une région.

Les fruits de mer au Stade de la Rabine, où se rendra le Pays de Galles dans le cadre du Tournoi des Six Nations U20 (RC Vannes)

À l’approche du coup d’envoi, les drapeaux des neuf provinces bretonnes traditionnelles défilent sur le port et dans le stade, séparant la mer des supporters de Vannes qui font la queue pour leur galette et leur bière d’avant-match. Les joueurs des 66 clubs de rugby de la région ont également été invités au match, ce qui renforce le sentiment que les Bleu et Blanc sont les pionniers de la popularité croissante de ce sport dans la péninsule du nord-ouest de la France.

Peu de terrains de rugby peuvent s’enorgueillir d’une entrée aussi grandiose que celle de la tribune ouest de la Rabine, où les supporters se pressent sur les pavés et franchissent les portes d’un pacte du XVIIIe siècle transformé en école de musique. Le bâtiment fait directement face au port et c’est là que la plupart des supporters se rassemblent avant le match, bien qu’un contingent salue également l’équipe locale à travers une mer de drapeaux à l’autre extrémité du stade, sur un terrain plus élevé. Les stars toulousaines, quant à elles, optent pour une arrivée plus discrète par une autre entrée.

De retour sur le front de mer, les supporters de Vannes se mêlent à leurs homologues toulousains et se remémorent la victoire en barrage de promotion contre Grenoble à Ernest-Wallon quelques mois plus tôt. L’absence de l’entraîneur Jean-Noël Spitzer, en poste depuis 2005, en raison d’une suspension pour avoir empêché par inadvertance un contrôle antidopage la saison dernière, est le seul aspect de la soirée qui risque de gâcher l’occasion.

Une chapelle située à droite de l’entrée principale sert d’auditorium au conservatoire. Mais les jours de match, c’est le stade situé derrière qui devient la salle de concert où 12 000 personnes entonnent le Bro Gozh Ma Zadoù – « Vieille terre de mes pères ». L’hymne de la Bretagne, qui partage à la fois la mélodie et le titre avec ses homologues gallois et cornouaillais, résonne dans le stade avant chaque match depuis 2016, lorsque le club a été promu pour la première fois en deuxième division.

Débarquement : Romain Ntamack se rattrape sous la pression de l’ailier de Vannes Filipo Nakosi (AFP/Getty)

Les tournures bretonnes des traditions du rugby français sont omniprésentes. Au lieu de la banda habituelle – un élément essentiel des matchs de rugby dans le sud-ouest et au-delà – c’est l’orchestre du Bagad qui fournit la bande-son des matchs à Vannes. Composé de cornemuses (ou binioù en breton), de bombardes et de tambours, il accompagne les joueurs à la sortie du tunnel avant de prendre place dans les tribunes.

Les Kerlenn Gwened, qui constituent la section la plus bruyante de La Rabine, se joignent au Bagad pour faire du bruit dans la Tribune Lucien-Jaffré, la tribune sud du stade. Bien que moins ancré dans la tradition que le groupe de cornemuses – le groupe n’a été officiellement fondé que l’année dernière – le Kerlenn Gwened joue un rôle clé dans le maintien d’un volume élevé à La Rabine.

La fanfare ne s’arrête que lorsque l’un des deux botteurs de l’équipe s’élance – une rareté dans le rugby français qui a valu à la délégation toulousaine d’être couverte d’éloges à l’issue du match. « Ce n’est pas le cas partout, j’ai beaucoup d’admiration pour ce public », a déclaré Thomas Ramos. Le fait que Vannes soit une ville à part dans le paysage rugbystique breton, sans les rivalités locales qui caractérisent les clubs méridionaux, explique sans doute la bonne tenue de ce public.

Malheureusement pour les hôtes, le silence soudain a profité à Ramos plus souvent qu’à leur propre botteur Maxime Lafage, l’arrière français donnant l’avantage aux visiteurs à la mi-temps.

Les champions d’Europe en titre ont, comme on pouvait s’y attendre, creusé l’écart au retour des vestiaires. Mais La Rabine restait enthousiaste, notamment lorsque Mako Vunipola marquait le premier essai des locaux en première division, et que Christie van der Merwe, une autre recrue estivale, inscrivait le deuxième dix minutes plus tard. La défaite de 43 à 18 n’a pas empêché l’ambiance de fête et les drapeaux Gwenn-ha-du ont continué à flotter dans les tribunes.

COÛT D’UNE JOURNÉE À VANNES

* Les trains au départ de Paris coûtent environ 60 euros aller-retour, avec un changement à Rennes.

* Pour les supporters britanniques, un vol direct de Londres à Nantes, qui se trouve à 90 minutes de Vannes en train, coûte environ 50 livres sterling.

* Une galette rustique et une bolée de cidre de l’Océan coûtent 14 €.

* Une galette de la crêperie Billig Breizh, en face du stade, est à partir de 3,40 € et augmente si on y ajoute du jambon, du fromage, des œufs au plat…

* Une pinte au Bar des Sports est à 6,50 €.

* Les billets pour un match au Stade de la Rabine sont en vente générale à partir de 18 €, et la plupart des billets tournent autour de 31 € (26 £).

C’est l’heure tardive du coup d’envoi du dimanche, plus que le résultat lui-même, qui a laissé peu de place aux festivités jusqu’à la nuit, mais les supporters se sont regroupés le long du port pour terminer la journée. Malgré le temps, les visiteurs ont été conquis, même ceux qui avaient fait le déplacement sans billet, venus simplement pour vivre l’ambiance d’une journée à l’extérieur en Bretagne.

« Nous sommes arrivés ici hier et en trois heures, nous avons sympathisé avec un groupe de supporters locaux. C’est un peu comme à Toulouse, dans le sens où l’on peut parler de rugby avec les gens dans la rue. On sent que le Pays du rugby est en train de grandir », explique Nathan, 28 ans, supporter des Rouge-et-Noir.

Mais Vannes n’est pas là pour faire du charme. Les premiers résultats de l’équipe, qui s’est notamment imposée 23-14 face à La Rochelle, promettent au moins une lutte acharnée pour le maintien. Quoi qu’il en soit, l’ambiance passionnée des jours de match et les traditions régionales du rugby sont là pour rester, et un déplacement en Bretagne s’impose rapidement comme une pierre angulaire de la saison rugbystique française.

« Nous n’avons pas à rougir ce soir », conclut un membre du Kerlenn Gwened, sous le regard de la place Gambetta, désormais faiblement éclairée. « De toute façon, nous sommes champions de France et nous pourrons le dire jusqu’à la fin de l’année.

Crédit photo : DR
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