Dans un contexte où l’instruction en famille (IEF) est de plus en plus encadrée en France, Florence et Alexis, parents d’Alissa et Mélina, sont aujourd’hui poursuivis pour avoir refusé de se plier aux nouvelles exigences de la loi « séparatisme ». Ils ont accepté de répondre aux questions de Breizh-info.com pour défendre leur engagement.
Breizh-info.com : Pouvez-vous nous raconter votre parcours et ce qui vous a conduit à choisir l’instruction en famille pour vos enfants ?
Florence : Nous avons découvert l’IEF grâce à des ateliers dans une école Montessori avec notre fille aînée, qui avait alors 3 ans. À cette époque, l’instruction obligatoire était fixée à 6 ans, et nous envisagions de la scolariser dans une école alternative.
Alexis : C’est en rencontrant le réseau IEF local que nous avons découvert des familles épanouies et des pédagogies variées. Cela nous a donné envie d’essayer. Lorsque l’instruction obligatoire a été abaissée à 3 ans, nous avons fait le choix de déclarer l’IEF pour notre fille de 5 ans. Depuis 2018, nous avons poursuivi dans cette voie, convaincus par ses bienfaits.
Breizh-info.com : Qu’est-ce que l’IEF représente pour vous, au-delà d’une simple méthode éducative ?
Florence : L’IEF est bien plus qu’un mode d’instruction. C’est devenu une manière de vivre. Voir nos filles apprendre avec enthousiasme, en utilisant les outils qui leur conviennent, nous conforte chaque jour dans notre choix.
Alexis : C’est aussi l’opportunité de riches rencontres avec des enfants et des adultes de tous horizons. Cette diversité est une véritable source d’enrichissement pour notre famille.
Breizh-info.com : Quels sont, selon vous, les avantages spécifiques de l’IEF pour vos filles, Alissa et Mélina ?
Florence : L’IEF nous permet de respecter le rythme et les besoins spécifiques de nos filles. Nous pouvons adapter les apprentissages à ce qui leur correspond le mieux, tout en leur laissant la liberté de découvrir avec plaisir.
Alexis : C’est un choix de vie qui respecte leur individualité sans empiéter sur celle des autres. Cela nous tient particulièrement à cœur.
Breizh-info.com : Pourquoi avez-vous décidé de ne pas demander d’autorisation, comme l’exige désormais la loi « séparatisme » ?
Florence : Nous estimons que les contrôles annuels de l’inspection académique étaient suffisants pour encadrer l’IEF. Cette loi est liberticide, et nous refusons de contribuer à sa mise en œuvre.
Alexis : Nous avons rejoint Enfance Libre, une association qui nous a soutenus dans notre décision. La loi prétend lutter contre des dérives, mais les chiffres transmis après son vote montrent qu’il n’existe aucun lien entre l’IEF et le séparatisme.
Breizh-info.com : Comment répondez-vous à ceux qui affirment que cette loi vise à lutter contre des pratiques éducatives radicales ou des dérives ?
Florence : Cette loi n’a fait que restreindre drastiquement une liberté éducative déjà encadrée. Nous avons attendu des preuves de ces dérives pendant deux ans, mais elles n’ont jamais été fournies de manière crédible.
Alexis : Les critères pour accorder une autorisation sont arbitraires et varient selon les départements. Cela renforce notre conviction de combattre pour revenir à un régime déclaratif.
Breizh-info.com : Pensez-vous que votre désobéissance civile pourrait inspirer d’autres familles à s’engager dans ce combat ?
Florence : Absolument. Lorsque nous avons commencé, nous étions une vingtaine de familles. Aujourd’hui, Enfance Libre en regroupe 140.
Alexis : Nous espérons que notre combat motivera d’autres parents à se mobiliser pour défendre leurs choix éducatifs.
Breizh-info.com : Comment vivez-vous les enquêtes et les pressions administratives auxquelles vous êtes confrontés ?
Florence : Ces démarches sont stressantes et injustes. Nous sommes passés de parents considérés comme exemplaires à des suspects, sans raison valable.
Alexis : Nous avons choisi d’être accompagnés par un avocat pour nous assurer que notre voix sera entendue devant le tribunal.
Breizh-info.com : Quel impact ce combat a-t-il eu sur votre vie familiale et sur vos filles ?
Florence : Ce combat nous affecte, mais nous trouvons toujours des moments pour nous ressourcer et continuer nos apprentissages avec joie.
Alexis : Tant que nos filles ne sont pas directement touchées, nous sommes prêts à assumer toutes les conséquences juridiques pour défendre notre cause.
Breizh-info.com : Comment percevez-vous l’évolution de la liberté éducative en France ?
Florence : La liberté éducative se réduit dangereusement. L’IEF est presque interdite, les écoles alternatives sont en difficulté, et des mesures comme le Service national universel (SNU) renforcent le contrôle de l’État.
Alexis : Nous espérons un retour au régime déclaratif pour l’IEF et un meilleur équilibre entre les libertés parentales et les responsabilités de l’État.
Breizh-info.com : Si vous êtes condamnés, continuerez-vous à pratiquer l’IEF ?
Florence : Oui, tant que nos filles le souhaitent et que nous pouvons leur offrir un environnement d’apprentissage épanouissant.
Alexis : Nous appelons les familles intéressées par la désobéissance civile à se joindre à nous. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de poids pour faire entendre nos revendications.
Propos recueillis par YV
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