Retenir son urine : un danger sous-estimé pour la santé de votre vessie

Retenir son envie d’uriner peut sembler anodin, voire parfois nécessaire dans un quotidien bien rempli. Pourtant cette habitude, si elle devient régulière, peut entraîner des complications graves pour la vessie et même endommager les reins. Une réflexion sur nos comportements est essentielle pour éviter ces risques.

Comment fonctionne votre vessie ?

La vessie est un organe complexe qui fait partie d’un système neurologique et urinaire sophistiqué. L’urine produite par les reins est transportée par les uretères jusqu’à la vessie, dont la capacité normale se situe entre 400 et 600 millilitres. Lorsque la vessie atteint environ la moitié de sa capacité, des récepteurs nerveux envoient un signal au cerveau, qui ordonne à l’organisme de retenir l’urine jusqu’à ce qu’une occasion appropriée se présente.

Lorsqu’il est temps de se soulager, le cerveau envoie un signal pour détendre le sphincter urétral et contracter les muscles de la vessie, permettant ainsi l’évacuation de l’urine. Mais que se passe-t-il si ce mécanisme est fréquemment perturbé par des délais prolongés avant d’uriner ?

Les risques d’une rétention chronique

Si reporter occasionnellement un passage aux toilettes est sans conséquence, en faire une habitude peut entraîner des problèmes sérieux. Selon le Dr Jason Kim, professeur clinique d’urologie à la Renaissance School of Medicine de l’Université Stony Brook (New York), cette pratique affaiblit progressivement la paroi de la vessie en l’étirant, ce qui peut perturber son fonctionnement.

Certaines professions, comme les routiers, les enseignants ou les infirmiers, sont particulièrement concernées par ce problème en raison d’un accès limité aux toilettes. Le Dr Anurag K. Das, chef du département d’urologie à l’hôpital universitaire de Staten Island, explique que ces personnes urinent parfois seulement toutes les 8 à 12 heures. Avec le temps, cette habitude peut provoquer une rétention d’urine incomplète, augmentant ainsi le risque d’infections urinaires, de sensation de vidange incomplète et de besoins plus fréquents.

Dans les cas les plus graves, une rétention prolongée peut entraîner un reflux d’urine jusqu’aux reins, provoquant des dommages irréversibles, voire une insuffisance rénale.

Facteurs aggravants : au-delà de la simple rétention

Outre l’habitude de retenir son urine, d’autres conditions peuvent compliquer l’évacuation urinaire. Chez les hommes, l’hypertrophie de la prostate est un facteur fréquent, provoquant une obstruction du flux urinaire. Chez les femmes, des troubles comme le prolapsus des organes pelviens peuvent entraîner un « affaissement » de la vessie, gênant également l’écoulement de l’urine.

Ces troubles, s’ils ne sont pas traités rapidement, peuvent exacerber les complications liées à une rétention urinaire chronique.

Pour éviter ces problèmes, les médecins recommandent des mesures simples mais efficaces. Le Dr Kim suggère des visites régulières aux toilettes toutes les trois à quatre heures, même en l’absence d’urgence. Cette routine aide à prévenir l’étirement de la vessie. Les exercices du plancher pelvien peuvent également améliorer le contrôle de la vessie.

En cas d’infections urinaires répétées dues à une rétention prolongée, des traitements plus avancés peuvent être envisagés. Parmi eux, la neuromodulation sacrée, qui agit comme un « pacemaker » pour la vessie, ou encore le recours à des cathéters intermittents pour drainer l’urine.

L’importance d’une prise en charge précoce

Les experts soulignent que les habitudes de rétention urinaire se développent souvent dès l’enfance ou l’adolescence. Une éducation précoce sur le fonctionnement du système urinaire et les risques de la rétention est essentielle pour éviter des complications à long terme.

Comme l’explique le Dr Das, il est crucial de consulter rapidement un professionnel de santé si des symptômes tels que des infections urinaires fréquentes ou une vidange incomplète de la vessie apparaissent. La prévention reste le meilleur moyen de protéger sa vessie et ses reins des conséquences néfastes d’une rétention prolongée.

Si retenir son urine peut sembler anodin, cette habitude peut avoir des répercussions importantes sur votre santé. Une écoute attentive de votre corps et une hygiène urinaire rigoureuse sont essentielles pour éviter des complications graves. N’oublions pas que chaque signal envoyé par notre corps mérite d’être pris au sérieux, y compris celui de la vessie.

Crédit photo : Pixabay (cc)
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2 réponses à “Retenir son urine : un danger sous-estimé pour la santé de votre vessie”

  1. Ronan dit :

    Demat , article à mettre avec un fluo jaune clair comme l’urine normale car les conseils de santé ci-dessus sont absolument pertinents et à suivre avec attention ; bref, si ton corps veut mettre ses poubelles dehors, respectons ses désirs et n’oublies pas de te laver les mains après et même avant d’aller uriner et déféquer avec un savon adéquat pour les mains. Kenavo

  2. Stangurie dit :

    Deux remarques s’imposent après avoir lu cet article:
    1.- Il ne faut surtout pas se tromper sur l’origine du signal envoyé par notre corps, il ne s’agit pas de prendre des vessies pour des lanternes.
    2.- Ce problème concerne aussi les ovidés. Il est important de laisser pisser le mérinos.
    Il vaut mieux retenir ces deux remarques que de retenir son urine.

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