Dix ans après l’attentat islamiste sanglant contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, une enquête menée par l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès, en partenariat avec Charlie Hebdo, revient sur l’évolution de la perception des Français concernant la liberté d’expression, les caricatures et le dessin de presse. Si cette étude met en lumière un soutien croissant à ces principes fondamentaux, elle révèle aussi un effritement de la mobilisation face aux menaces persistantes. Décryptage.
Une adhésion croissante au droit au blasphème et à la liberté d’expression
L’un des enseignements majeurs de l’enquête réside dans l’évolution positive de l’opinion publique sur la liberté d’expression. En 2012, seulement 58 % des Français considéraient le droit de caricaturer et de critiquer les religions comme un droit fondamental. Dix ans plus tard, ce chiffre atteint 76 %, soit une hausse de 18 points. Cette progression témoigne d’une prise de conscience collective face à l’importance de défendre ce pilier de la satire et de la critique.
De même, l’approbation de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, qui autorise les critiques et moqueries à l’encontre des religions, a significativement augmenté. En 2020, seulement 50 % des Français soutenaient cette loi ; aujourd’hui, ils sont 62 %, soit une hausse de 12 points.
Cette évolution s’inscrit dans un contexte où le droit au blasphème a souvent été remis en question par des pressions communautaires et idéologiques. Malgré cela, l’attachement croissant des Français à ces principes montre une résistance face à la montée des discours censureurs.
Une mobilisation en recul face aux menaces
En 2015, au lendemain de l’attentat, 80 % des Français déclaraient qu’ils participeraient à une minute de silence en hommage aux victimes. En 2023, ce chiffre est tombé à 71 %. Quant aux marches républicaines, religieusement organisées sous le slogan « Je suis Charlie », avec « d’effrayantes » plumes et bougies, elles ne mobiliseraient aujourd’hui que 44 % des sondés, contre 53 % en 2020.
Ce recul peut s’expliquer par une lassitude générale ou un sentiment d’impuissance face à des attaques récurrentes contre la liberté d’expression. Il souligne également un possible décalage entre les déclarations d’intention et les actes concrets de soutien.
Interrogés sur une célèbre Une de Charlie Hebdo réalisée par Cabu, dénonçant l’intégrisme islamique, les Français témoignent d’une compréhension plus nuancée du message véhiculé par la caricature. Une majorité de 72 % estime que le dessin cible les intégristes musulmans, contre seulement 11 % qui pensent qu’il vise l’ensemble des musulmans, et 10 % qui croient que Mahomet en personne est visé.
Ce résultat est révélateur d’un progrès dans la lecture critique des dessins de presse, souvent caricaturés eux-mêmes par des adversaires idéologiques comme étant « islamophobes » ou offensants.
Le rôle du rire et du dessin de presse dans la société
L’étude met également en lumière l’importance du dessin de presse dans la culture française. Plus de 65 % des sondés affirment qu’ils regretteraient sa disparition, soulignant ainsi le rôle fondamental de l’humour et de la satire pour dénoncer les abus de pouvoir et préserver un espace de débat critique.
Cependant, cette adhésion est loin d’être homogène. Les jeunes générations, influencées par des courants idéologiques prônant la « cancel culture » et l’hyper-sensibilité, se montrent plus réservées quant au droit de caricaturer. Ce fossé générationnel constitue un défi majeur pour la préservation de cet art. Un art qui néanmoins, est souvent, du côté des décideurs, dans le deux poids deux mesures, la persécution que subit l’humoriste Dieudonné depuis des années de la part d’autorités qui prétendent « être Charlie » suffisant à le démontrer.
Si 76 % des Français soutiennent aujourd’hui la liberté de caricature, l’étude montre que des tensions persistent. Près d’un tiers des sondés estiment que certains sujets devraient être évités pour préserver la « paix sociale ». Cette prudence illustre l’emprise d’une autocensure croissante, alimentée par des menaces explicites ou implicites contre les dessinateurs et les humoristes.
Les attaques répétées contre Charlie Hebdo et d’autres figures médiatiques ont renforcé ce climat de peur.
Dix ans après l’attentat contre Charlie Hebdo, la liberté d’expression reste un combat auquel sont attachés les Français, bien qu’il semble qu’ils ne se rendent pas compte qu’elle soit largement restreinte en France. L’étude de l’Ifop montre que, malgré les défis, une majorité de Français demeure attachée à ces principes. La satire, l’irrévérence et le rire ne sont pas de simples outils d’humour : ils sont les garants d’une société libre et éclairée.
Toute l’étude est à consulter ici
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
7 réponses à “Liberté d’expression et satire : dix ans après Charlie Hebdo, où en est la France ?”
50.000 lecteurs de Charlie sur 65.000000 de français…c’est pas extraordinaire. Quelle moyenne d’âge ont les lecteurs ? Les jeunes sont plus frileux sur ce sujet que les boomers que l’on critique sans cesse ! Oui les statistiques paraissent favorables au » french spirit » mais en pratique sur le terrain tout le monde fais gaffe à ne pas choquer. Les profs s’auto censurent de peur d’y laisser leur tête !Les discours politiques son lisses de peur d’être traités de racistes ou d’islamophobes….le match est perdu et les chiffres des intentions me rappellent le dicton du Nord : » Grand parleu, petit faiseu ! «
Je trouvais que certains dessins de Charlie Hebdo sur Jésus-Christ et sur le pape étaient obscènes et ne me plaisaient pas mais…je n’ai pas tué les dessinateurs de Charlie Hebdo ainsi que TOUS les catholiques…De même les caricatures de Charlie Hebdo sur Le Pen, dans lesquels les dessinateurs de Charlie Hebdo comparaient le F.N. à des excréments, étaient choquantes mais la famille Le Pen n’a pas tué les dessinateurs..je pense qu’il y a »un problème » avec ceux qui pratiquent la religion musulmane puisque très récemment, encore, des musulmans ont »égorgé » des enseignants qui parlaient des caricatures de leur »prophète »!..
La France après la guerre d’Algérie connaissait ses limites sur le blasphème puis avec le boboïsme parisien des 68 tard on a eu la folie de confondre liberté d’expression et blasphème sur les religions.
Lorsque beaucoup de théologiens chercheurs citent que Dieu était un prophète et non pas un descendant de Dieu de la galaxie dont on ne saura jamais d’où vient la première molécule de gaz.
Bref on doit respecter toutes les croyances tous les principes des autres en na blasphémant jamais sur autrui même prophète juste pr respect de l’espèce humaine. On ne cite jamais la colère cachée du blasphème de Mahomet pour toutes les royautés du Golfe. Que l’on soit dans la liberté d’expression lyrique théorique littéraire artistique politique certes, mais ne mettons pas au rang de sous humains des personnes qui croient en leurs prêcheurs prophètes. Notre moyen âge du christ ou il était interdit de blasphémer sur le prophète du Christ et traiter de sorcières les femmes émancipées sont oubliées et révolues. Puis nos guerres de religion de la Saint Barthélémy prouvent incontestablement le contraire avec des centaines de milliers de morts, ne l’oublions jamais alors ne blasphémons pas.
Les moutons ont bêlé un amour dans la traîtrise.
Les barbares coraniques ont pu continuer à ensanglanter nos Terres.
On leur avait dit d’être « Charlie ».
Et de suivre la fourberie politiK du non-dit criminel.
Pas de penser, surtout pas de réfléchir.
Un mouton c’est fait pour être engorgé.
C’est quand même bizarre cette marche suicidaire pour un mondialisme à tout prix, criminel.
Est-on vraiment certain que « l’irrévérence et le rire » seraient « les garants d’une société libre et éclairée ». Je pense que c’est la contraire. Le respect des croyances de l’autre me parait plus importante tant qu’évidemment ces croyances impliquent le respect réciproque de celui qui n’y croit pas. Je n’ai évidemment aucune sympathie pour ces fous de Dieu qui se croient autorisés de punir par la mort ceux qu’ils appellent des Kouffars (des infidèles). Même si nous sommes individuellement non croyants je suis amené à commenter un autre point de vue, la réflexion qu’on se ferait avec nos repères de civilisation judéo-chrétienne. Ne serions nous pas blessés dans notre dignité si des médias d’une puissance étrangère présentaient au nom de la liberté d’expression nos personnages emblématiques de la la chrétienté (La vierge Marie, le Christ, Marie Madeleine, etc …) dans des situations scabreuses voire pornographiques ?
Où commence cette liberté, où s’arrête t-elle ?
Certaines interventions mériteraient une réflexion approfondie mais au sortir des fêtes mon grand âge m’incite à rejoindre mon lit douillet…A chaque jour suffit sa peine!
Lisez ces trois livres , vous comprendrez que nous avons tous été manipulés :
a) » Le Coran révélé par la Théorie des Codes « , de Jean-Jacques WALTER, 28 €, 11 juillet 2014, Éditions de Paris, ISBN 978-2-85162-288-4
b) » Le grand secret de l’islam » (2ème édition du 30 août 2020), d’Odon LAFONTAINE, 15 €, ISBN 978-1-51701-131-4
c) La laïcité, mère porteuse de l’islam , de Michel Viot , 20 € , 17 mai 2017 ISBN 979-1097174002.