Le nombre de migrants arrivant sur les îles Canaries a atteint un niveau sans précédent en 2024, témoignant d’une intensification des flux migratoires par la route Atlantique. Selon les données officielles du ministère espagnol de l’Intérieur, entre le 1er janvier et le 15 décembre, 43 737 migrants ont rejoint l’archipel, soit une augmentation de 18,6 % par rapport à 2023. Cette année-là avait déjà marqué un record avec 36 888 arrivées.
Des chiffres qui traduisent une situation alarmante
Entre janvier et novembre 2024, 41 425 personnes, dont 5 699 migrants « mineurs » non accompagnés, ont été recensées, selon l’European Council on Refugees and Exiles (ECRE), une alliance de 128 ONG. Les principaux pays d’origine des migrants restent le Mali, le Sénégal et le Maroc, bien que les autorités espagnoles aient également observé une augmentation des arrivées en provenance d’Asie.
L’Agence européenne Frontex attribue cette hausse à des réseaux criminels actifs en Mauritanie, répondant à une demande accrue des migrants subsahariens bloqués par des accords de sécurité conclus entre l’Union européenne et des pays tiers comme la Turquie et le Maroc. Alberto Ares, chercheur en migration, souligne que ces blocages sur d’autres routes migratoires, notamment en Méditerranée, ont contribué à rediriger les flux vers les Canaries.
L’immigration, un défi espagnol et européen
Malgré les dangers de cette route maritime, connue comme la plus meurtrière d’Europe, les départs se poursuivent. Le 3 décembre, 121 migrants, dont sept femmes et huit enfants, ont été secourus par les autorités espagnoles près d’El Hierro, après un périple de quatre jours depuis la Mauritanie. Dans le même temps, la police mauritanienne, soutenue par des fonds européens, a intercepté 125 clandestins d’origine pakistanaise tentant également de rejoindre l’archipel des Canaries.
Les Canaries concentrent désormais 72,6 % des arrivées de migrants en Espagne, soit 60 216 migrants recensés à l’échelle nationale en 2024, une hausse de 14,5 % par rapport à 2023.
En parallèle de cette pression migratoire, l’Espagne a annoncé une réforme majeure pour octroyer des permis de séjour et de travail à environ 300 000 sans papiers chaque année pendant trois ans. Le ministre de l’Inclusion, Elma Saiz, a justifié cette mesure par la nécessité de combler le besoin de main-d’œuvre étrangère pour préserver le système de sécurité sociale, affecté par le vieillissement de la population et la baisse de la natalité. Une mesure conforme au plan « Espagne 2050 »…
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