Dans un contexte mondial où la liberté d’expression semble être de plus en plus restreinte, le Danemark fait un pas courageux en avant pour protéger les droits de ses fonctionnaires. Alors que d’autres pays, comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni, multiplient les mesures répressives à l’encontre de ceux qui osent critiquer les autorités ou leurs collègues, le Danemark entend affirmer sa position en faveur de la liberté d’expression, même dans le secteur public.
Une loi pour protéger les droits des fonctionnaires
Le 19 décembre 2024, le ministre danois de la Justice, Peter Hummelgaard, a présenté une nouvelle législation visant à renforcer la liberté d’expression des travailleurs du secteur public. Le texte a pour objectif de garantir que les employés publics puissent exprimer leurs opinions sans craindre des conséquences négatives sur leur carrière. En effet, une étude menée auprès de 3 600 fonctionnaires dans les secteurs social et éducatif a révélé que 25 % des répondants avaient pris l’habitude de s’autocensurer par crainte de représailles.
Cette nouvelle loi vise à envoyer un signal fort en soutenant le droit des employés publics à participer au débat public, une composante essentielle de la démocratie. Selon le ministre Hummelgaard, cette loi permettra aux fonctionnaires de contribuer au débat public en toute liberté, sans craindre des sanctions professionnelles. Le texte précise que les fonctionnaires peuvent exprimer leurs opinions personnelles tant qu’ils respectent certaines limites, telles que l’interdiction de divulguer des informations liées aux enquêtes criminelles ou aux intérêts économiques du secteur public.
Les limites de la loi et les critiques des syndicats
Bien que les syndicats aient salué cette initiative, ils estiment que la loi ne va pas assez loin. Sara Vergo, présidente de l’un des plus grands syndicats du Danemark, Djøf, a déclaré que la loi aurait dû inclure des mesures plus strictes pour protéger les employés. Elle a suggéré, par exemple, que ce soit à l’employeur de prouver qu’un licenciement n’était pas lié à une prise de position publique, et non à l’employé de démontrer le contraire. Une telle disposition, selon elle, renforcerait considérablement la protection de la liberté d’expression des fonctionnaires.
Une étude portant sur 3 600 fonctionnaires des secteurs de l’action sociale et de l’éducation a révélé qu’un fonctionnaire sur quatre s’était abstenu d’exprimer ses opinions par crainte de représailles, rapporte Berlingske.
D’autres critiques portent sur l’absence de mécanismes clairs pour garantir une compensation en cas de répression ou de sanctions liées à des déclarations publiques. Les syndicats estiment que cette loi devrait offrir une meilleure protection juridique, en particulier pour les employés du secteur public qui prennent des risques pour exprimer leurs opinions.
Un modèle à suivre pour les démocraties ouvertes
Le Danemark se positionne donc comme un modèle en matière de liberté d’expression dans le secteur public, en contraste avec d’autres pays où les répressions se multiplient. L’enjeu est de taille : permettre aux fonctionnaires d’exprimer librement leurs opinions sans craindre des conséquences négatives sur leur carrière est une condition sine qua non pour nourrir un débat public riche et pluraliste, essentiel à la vitalité démocratique.
Le texte législatif doit entrer en vigueur le 1er juillet 2025, offrant ainsi aux fonctionnaires danois des garanties supplémentaires en matière de liberté d’expression. Une initiative louable qui pourrait inspirer d’autres nations à protéger davantage la liberté d’expression dans le cadre de leurs institutions publiques, afin de préserver l’intégrité du débat démocratique.
Loin des dérives autoritaires observées dans certains pays européens comme la France ou le Royaume-Uni, le Danemark démontre qu’il est possible de concilier la protection des droits des travailleurs et la nécessité de préserver l’intégrité des institutions publiques. Ce projet de loi marque un tournant dans la protection des droits des employés publics et un engagement pour la liberté d’expression, un droit fondamental dans toute démocratie qui se respecte.
Alors que la loi prend forme, il reste à espérer que d’autres pays prendront exemple sur cette initiative, en favorisant un environnement où les fonctionnaires peuvent s’exprimer librement, sans crainte d’intimidation ou de répercussions professionnelles.
Photo : DR
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