Lorsque les investigations de la police nord-irlandaise sur une série de meurtres n’avancent pas, la détective et commissaire de police Stella Gibson est envoyée à Belfast pour suivre l’affaire de plus près. En parallèle de l’enquête, le meurtrier, un père de famille qui semble irréprochable du nom de Paul Spector, continue ses crimes au nez et à la barbe des forces de l’ordre…
The Fall, série britannique, créée par Allan Cubitt et diffusée pour la première fois en 2013, s’est rapidement imposée comme l’une des fictions policières les plus captivantes de ces dernières années. The Fall se distingue avant tout par la finesse de son scénario et la profondeur psychologique de ses personnages. D’un côté, Stella Gibson, interprétée avec brio par Gillian Anderson, est une enquêtrice venue de Londres pour reprendre un dossier qui piétine. De l’autre, Paul Spector, campé par Jamie Dornan, est un père de famille attentionné, mari aimant et conseiller psychologique apparemment irréprochable. Pourtant, à la nuit tombée, ce personnage aux deux visages laisse libre cours à ses pulsions meurtrières.
L’intrigue de The Fall plonge le spectateur au cœur d’une ville de Belfast qui, déjà rongée par les règlements de comptes entre dealers ou paramilitaires, n’avait pas besoin d’un tueur en série en plus. La ville, souvent filmée à la lumière froide du petit matin ou dans la pénombre crépusculaire, devient un personnage à part entière, une toile de fond sur laquelle se joue un duel intellectuel et moral intense. La série ne se contente pas de suivre le schéma classique du polar, où les enquêteurs courent après un criminel insaisissable. Au contraire, dès les premiers épisodes, nous savons qui est le tueur. Le véritable enjeu n’est donc pas de découvrir son identité, mais de comprendre ses motivations, d’observer sa méticuleuse préparation, et surtout d’assister à la traque minutieuse orchestrée par Gibson.
Ce qui rend The Fall particulièrement remarquable, c’est la manière dont elle traite ses protagonistes. Le personnage de Stella Gibson est une femme forte, indépendante, froide, qui ne fait aucune concession dans un milieu largement dominé par les hommes. Charismatique et déterminée, elle ne s’en laisse pas conter. Face à elle, Paul Spector est un prédateur patient, rusé, qui évolue au sein de sa propre famille comme un caméléon, se fondant dans une banalité apparente, tout en perpétrant des actes d’une cruauté sans nom.
La série joue sur une tension psychologique permanente. Au lieu de scènes d’action frénétiques, elle privilégie le lent dévoilement des rouages intérieurs des personnages. Chaque détail, chaque élément de l’enquête, chaque silence en dit long. Le spectateur est invité à pénétrer dans l’intimité des protagonistes, à ressentir la complexité de leurs émotions et de leurs failles. Ce sont ces nuances qui font de The Fall une œuvre singulière dans le paysage des séries policières.
Au fil de ses trois saisons, la relation entre Gibson et Spector évolue, oscillant entre fascination, haine et compréhension mutuelle. Cette dualité, soutenue par un jeu d’acteurs impeccable et une réalisation soignée, maintient l’intérêt intact. The Fall n’est pas une simple chasse à l’homme : c’est une immersion totale dans la psyché du criminel et de la policière, une réflexion sur la morale, la justice et la nature humaine. Pour tout amateur de polars raffinés, cette série est un incontournable.
La série est disponible en DVD, en VOD, ou sur Netflix.
Illustration : DR
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