Si les sinistres « résistants » qui s’en prirent au Dr Alice Le Guillou appartenaient à l’ « élite vicieuse » de la Bretagne (centrale), il est un peu hasardeux de reprendre la maxime qui court les landes de Saint-Marcel et d’ailleurs… Je ne mets pas en cause le remarquable travail d’Yves Mervin sur les « côtés sombres » de ladite-Résistance… Tout est vrai en Bretagne. Je voudrais seulement rappeler à nos lecteurs qu’il y eut aussi un recrutement des demi-sels et autres valeureux porte-flingues du « milieu » (on devrait dire « milieux », au pluriel) dès 1940, dans la France occupée. Yves Mervin ne m’en voudra pas…
En témoignent, ces jours-ci, la parution d’un ouvrage très documenté : « La Carlingue » de David Alliot (Editions Tallandier) qui raconte comment, de 1940 à 1944, une bande de malfrats, dirigée par Henri Lafont et Pierre Bonny – un petit escroc allié à un flic ripou – s’est mise au service de l’occupant allemand en semant la terreur et le chaos dans la capitale française ainsi qu’en Corrèze et Dordogne. Protégée par les nazis, cette organisation criminelle est entrée dans l’histoire sous le nom de « Gestapo française de la rue Lauriston » (au 93, pour être plus précis).1)
De loin la plus puissante, la plus crainte et la plus haïe des Gestapos « françaises », la Carlingue était également une des mieux organisées. Vol, pillage, assassinats, trafics, escroqueries en tous genres, rien n’échappait à la rapacité de ces bandits qui pouvaient voler, tuer ou torturer à visage découvert, sans crainte d’être inquiétés par la police. Supplétifs des forces d’occupation, les hommes de cette Gestapo participaient également aux actions de contre-parachutage ainsi qu’à l’infiltration de réseaux de résistance, comme celui de « Défense de la France » ( Philippe Viannay et Robert Salmon).
Cette unité de forbans s’était fait une spécialité : s’enrichir par la menace… L’inspecteur Bonny était le plus performant, nous dit David Alliot, dans Historia : « Lors des interrogatoires, il pratique une gradation dans les moyens utilisés. Cela commence par la discussion. S’il n’obtient pas ce qu’il veut, Bonny poursuit par des actes de violence, qui peuvent aller jusqu’au supplice de la baignoire. En comparaison, dans les autres Gestapos, les actes de violence précèdent les questions. »
Une unité de supplétifs, de « musulmans », presque tous originaires d’Afrique du Nord
Mais loin de se limiter à Paris, Henri Lafont (Photo) leva une petite milice qui, au printemps 1944, tenta de ravager le centre de la France — sous prétexte d’aider les Allemands à lutter contre les « terroristes » du maquis. Au début de l’année 1944, les Allemands autorisent la création d’une unité de supplétifs, de « musulmans », presque tous originaires d’Afrique du Nord, recrutés dans les bas-fond de Pigalle et de Barbès. Cette milice doit « servir » en Dordogne et dans le Limousin pour venir en aide à l’armée allemande.
La Gestapo de la rue Lauriston s’est dotée de sa propre (petite) armée. La Brigade sera commandée par Mohamed el-Maadi et évidemment par Henri Lafont. En janvier-février 1944, la Brigade nord-africaine comprend 300 membres, dont 180 Nord-Africains, essentiellement algériens, plus une centaine de militants du Rassemblement national populaire (RNP) qui les encadrent… Les chefs des cinq sections sont Paul Maillebuau, Charles Cazauba, Alexandre Villaplane, Paul Clavié et Lucien Prévost, tous promus sous-lieutenants SS. La troupe est renforcée par une vingtaine de sous-officiers « français » … dont on ne donnera pas les noms par égard pour leurs descendants.
Mais, dès les premiers combats, notamment en Corrèze, les membres de la brigade ne font pas le poids devant les maquisards. La Brigade nord-africaine se venge de ses revers sur la population, notamment à Tulle, où elle a réquisitionné un hôtel sur le quai rive gauche de la Corrèze devant lequel, aujourd’hui, barbotent des canards. Ces gens arrêtent des malheureux sans motif valable, les torturent. À tel point que les Allemands, eux-mêmes peu tendres, s’interposent — c’était avant le passage de la « Das Reich ».
MORASSE
1) Lafont et Bonny seront capturés à l’issue d’une cavale de dix jours. Ils seront jugés puis fusillés en décembre 1944.
Photo : Wikimedia
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2 réponses à “Tous les bandits ne furent pas résistants…”
NON ! après la guerre aux mafieux collaborateurs, on les à placés dans les ministères pour faire régner la justice comme « bons Français » on en voit encore les effets aujourd’hui avec la justice !!
Quelle affreuse époque qui pourrait bien revenir avec toutes les imprudences politiques actuelles..!!!