Le 22 mars 2025, la commune de Plouezoc’h sera le théâtre d’une mobilisation bretonne. Plusieurs associations, menées par le collectif Koun Breizh – Bertaign Tenant – Mémoire de Bretagne, appellent à manifester pour exiger la remise en état de l’adressage dans le respect intégral de la toponymie en langue bretonne, reconnue par l’UNESCO comme patrimoine immatériel de l’humanité.
Une toponymie malmenée : un refus incompréhensible de la municipalité
Les tensions ont débuté suite à la décision de la municipalité de Plouezoc’h d’ignorer les toponymes historiques bretons lors de la mise en œuvre de nouvelles normes d’adressage, en contradiction avec les attentes des associations bretonnes. Malgré un courrier adressé à la mairie en octobre 2024, resté sans réponse, les élus locaux avaient déjà reconnu des « erreurs » lors d’une rencontre avec KLT – Ti ar Vro Montroulez, avant d’opposer un refus catégorique de corriger la situation.
Cette inertie suscite l’indignation des défenseurs de la langue bretonne qui dénoncent une « massacre » de noms chargés d’histoire et de sens, à l’image de toponymes tels que Roc’h an Dour ou Lansalut, ce dernier rappelant un épisode historique où les paysans bretons vinrent au secours de la duchesse Anne. Ces lieux, véritables témoins du passé, incarnent une identité bretonne menacée.
Un patrimoine reconnu mais méprisé
L’UNESCO a récemment confirmé que la toponymie en langue bretonne appartient au patrimoine immatériel de l’humanité, imposant aux pouvoirs publics une obligation de préservation et de respect. Pourtant, les opposants dénoncent une forme de mépris persistant envers la culture et la langue bretonnes, déjà longtemps marginalisées par le passé.
Les militants exigent ainsi une réparation intégrale des atteintes portées à ce patrimoine. Ils rappellent que les nouvelles exigences introduites par la loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration, simplification) ne s’opposent en rien à la préservation de la toponymie régionale.
Une mobilisation qui en appelle d’autres
Cette manifestation à Plouezoc’h, qualifiée de « première d’une longue série », vise à marquer un tournant. Les associations du collectif affirment qu’elles iront « partout où la langue bretonne aura été blessée, éradiquée » pour demander justice.
De plus, elles exhortent la Région Bretagne à saisir l’État pour :
- Inscrire officiellement la toponymie bretonne au patrimoine immatériel mondial ;
- Publier un bilan précis des atteintes commises depuis l’application de la loi 3DS, afin d’ouvrir un débat contradictoire sur la question.
Une identité à préserver pour les générations futures
L’association Koun Breizh œuvre pour la sensibilisation des Bretons, jeunes et anciens, à l’importance de leur histoire commune et de leur patrimoine. À travers cette mobilisation, les défenseurs de la langue bretonne rappellent que les noms de lieux ne sont pas de simples adresses : ils sont les témoins vivants de siècles d’histoire, de culture et d’identité.
En manifestant le 22 mars 2025 à Plouezoc’h, les participants entendent rappeler haut et fort que la langue bretonne et ses toponymes ne sont pas de simples reliques du passé mais des éléments fondamentaux du patrimoine vivant breton, à protéger contre l’ignorance ou la négligence.
Illustration : DR
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